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La vérité économique face au marketing politique : l’économie française en danger

Dans un contexte où le marketing politique domine le discours économique officiel, les chiffres révèlent une réalité bien différente pour la France : inflation persistante, attractivité en baisse et finances publiques dégradées. « Attention aux arnaques » prévient l’économiste Marc Touati.

Marc Touati
Marc Touati

La phrase de George Orwell « À une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire » résonne aujourd’hui plus que jamais dans le paysage économique français. Derrière les annonces triomphales du gouvernement se cache une réalité économique préoccupante que les chiffres officiels ne peuvent plus dissimuler.

Choose France : le mirage des investissements étrangers

Le sommet Choose France à Versailles a été l’occasion pour le gouvernement d’annoncer fièrement 37 milliards d’euros d’investissements étrangers. Une goutte d’eau face aux 2944 milliards d’euros de PIB français et aux 355 milliards d’investissements des entreprises, en baisse de 2% depuis fin 2023.

Plus inquiétant encore, les grandes entreprises françaises délocalisent massivement leurs investissements : Sanofi (20 milliards) et CMA-CGM (20 milliards) aux États-Unis, sans compter les milliards investis à l’étranger par LVMH, TotalEnergies, Saint-Gobain et Stellantis.

Les chiffres de la Banque de France sont sans appel : le stock d’investissements français à l’étranger atteint 1483 milliards d’euros, bien supérieur aux 919 milliards d’investissements étrangers en France. Et l’écart se creuse, avec un record de 67,2 milliards d’euros d’investissements français à l’étranger en 2023.

Le baromètre EY, souvent mis en avant par le gouvernement, révèle que si la France reste première en nombre de projets d’investissement en Europe, ce chiffre est en baisse de 14% sur un an (contre -5% pour la moyenne européenne). Plus grave, les emplois créés par ces investissements ont chuté de 27%, limitant leur impact sur le chômage.

L’inflation continue de ronger le pouvoir d’achat

Contrairement aux promesses de stabilisation des prix, l’inflation repart à la hausse avec +0,9% sur les trois derniers mois. Depuis janvier 2021, l’augmentation des prix est alarmante dans plusieurs secteurs :

  • Énergie : +37,2%
  • Services de transport : +26%
  • Alimentation : +23,3%

Dans le détail, certains produits ont connu des hausses spectaculaires :

  • Forfaits touristiques : +93%
  • Huile d’olive : +73,2%
  • Sucre : +57,8%
  • Carburants : +55,7%
  • Électricité et gaz : +48,7%
  • Transport aérien : +46,7%

L’indice CRB des matières premières repart également à la hausse (+16% depuis début 2024), annonçant une persistance de l’inflation, alors que la croissance française reste faible. Ce cocktail dangereux de « stagflation » menace directement le pouvoir d’achat des Français.

Les finances publiques en péril

La Cour des comptes a révélé un scandale inquiétant : 6,3 milliards d’euros de versements indus dans les comptes de la Caisse d’Allocations familiales, soit 6,1% du total des prestations versées. Plus grave encore, ces « erreurs » s’accompagneraient de fraudes estimées à 4,25 milliards d’euros sur le RSA, la prime d’activité et les aides au logement.

Pour la deuxième année consécutive, la Cour des comptes refuse de valider les comptes de la branche famille de la Sécurité sociale, sans que des mesures correctives soient prises.

Parallèlement, les prévisions de croissance pour 2025 sont constamment revues à la baisse, passant des 1% annoncés à seulement 0,6% selon la Commission européenne et le FMI. Cette faible croissance entraînera mécaniquement une hausse du chômage (prévision de 8,2%) et un déficit public qui pourrait atteindre 6% du PIB.

Quelles solutions pour l’avenir ?

Face à cette situation, l’augmentation de la TVA sociale proposée par certains ne ferait qu’aggraver la pression fiscale déjà record en France et comprimerait davantage le pouvoir d’achat. Les vraies solutions passent par :

  • La stabilité politique, sociale et sociétale
  • Des réformes pour relancer une croissance soutenue
  • Une meilleure adéquation entre formations et besoins du marché du travail
  • Une réduction de la pression fiscale et des dépenses publiques inefficaces

La seule note positive vient de la zone euro, qui a enregistré un excédent commercial record de 36,8 milliards d’euros en mars 2025. Mais cette bonne nouvelle, principalement due à des exportations vers les États-Unis avant l’instauration de droits de douane, risque d’être temporaire. La France, quant à elle, continue de souffrir d’un déficit commercial structurel.

Dans ce contexte économique fragile, les Français doivent rester vigilants, autant face aux arnaques financières qui se multiplient que face au discours économique officiel qui masque une réalité bien plus préoccupante.

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