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Coup de théâtre à Bruxelles : Thierry Breton quitte la Commission européenne

Le commissaire français Thierry Breton a annoncé sur le réseau social X sa démission avec effet immédiat, à la veille de la présentation de la nouvelle Commission. Cette décision inattendue révèle des tensions au sein de l’institution et marque un tournant dans la politique européenne de la France. L’Élysée a proposé le ministre démissionnaire des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, pour le remplacer.

Thierry Breton, commissaire européen (capture franceinfo)
Thierry Breton, commissaire européen (capture franceinfo)

Un départ surprise et fracassant

Ce matin, Thierry Breton a créé la surprise en annonçant sa démission via une lettre adressée à Ursula von der Leyen, publiée sur le réseau social X. Après cinq années passées à la tête d’un portefeuille comprenant le marché intérieur, le numérique et la défense, le commissaire français quitte ses fonctions en lançant quelques piques à la présidente de la Commission.

Des relations tendues avec von der Leyen

Dans sa lettre de démission, Breton évoque des « raisons personnelles » et une « gouvernance douteuse » pour justifier son départ. Il fait également allusion à des désaccords avec la présidente, révélant ainsi au grand jour des tensions jusqu’alors dissimulées. Les observateurs à Bruxelles n’ignoraient pas que le courant ne passait pas entre les deux personnalités.

Un contexte politique en mutation

La décision de Breton s’inscrit dans un contexte politique mouvant, tant au niveau européen que français. Les récentes élections européennes et les changements de règlement au Parlement auraient rendu difficile sa confirmation à un poste de vice-président de la Commission. De plus, la nouvelle donne politique en France, avec la dissolution de l’Assemblée nationale, a probablement pesé dans la balance.

Stéphane Séjourné : le choix stratégique de Macron

L’Élysée a rapidement réagi en nommant Stéphane Séjourné, actuel ministre des Affaires étrangères, comme candidat au poste de commissaire européen. Ce choix reflète la volonté d’Emmanuel Macron de placer un fidèle à Bruxelles, potentiellement au-delà de 2027, tout en remaniant son gouvernement.
Cette démission surprise de Thierry Breton marque un tournant dans les relations franco-européennes et pourrait avoir des répercussions importantes sur la future Commission et ses orientations politiques.

Qui est vraiment Thierry Breton ?

Thierry Breton est une figure importante du monde des affaires et de la politique française et européenne.
Un expert en technologie et en gestion d’entreprise
Né en 1955, Thierry Breton est diplômé de l’École supérieure d’Électricité (Supélec) et de l’Institut des hautes études de défense nationale. Il a commencé sa carrière dans le secteur de l’informatique et des nouvelles technologies.

  • De 1997 à 2002, il a été PDG de Thomson Multimédia.
  • De 2002 à 2005, il a dirigé France Télécom (aujourd’hui Orange), redressant l’entreprise alors en difficulté.
  • De 2009 à 2019, il a été PDG du groupe Atos, une multinationale de services du numérique.Une expérience politique significative
  • De 2005 à 2007, il a été ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie sous la présidence de Jacques Chirac.
  • En 2019, il a été nommé commissaire européen au Marché intérieur, poste qu’il a occupé jusqu’à sa démission en 2024.

Son impact à la Commission européenne

En tant que commissaire européen, Breton a été à l’origine de plusieurs initiatives importantes :

  1. Il a joué un rôle clé dans la mise en place du Digital Services Act et du Digital Markets Act, visant à réguler les géants du numérique.
  2. Il a été impliqué dans la stratégie européenne pour l’intelligence artificielle.
  3. Il a contribué à la politique industrielle européenne et aux efforts pour renforcer l’autonomie stratégique de l’UE.

Un personnage parfois controversé

Breton est connu pour son franc-parler et son style de management direct, ce qui a parfois créé des tensions, notamment avec la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Son expérience dans le secteur privé a été à la fois un atout et une source de critique, certains l’accusant de conflits d’intérêts potentiels.
Sa démission soudaine de la Commission européenne marque la fin d’une période significative dans sa carrière et dans la politique européenne.

Un parcours tumultueux

Malgré une carrière impressionnante, Thierry Breton a connu plusieurs échecs et controverses qui ont terni son image.

Des déboires dans le secteur privé

L’affaire Rhodia
En 1986, Thierry Breton devient directeur du projet Futuroscope, mais il est licencié en 1990 suite à des désaccords sur la gestion du parc. Il rebondit chez Rhodia, mais son passage y est marqué par une controverse. En 1997, il est accusé d’avoir gonflé artificiellement les résultats de l’entreprise, ce qui conduit à son départ.
Les difficultés chez Bull
De 1993 à 1997, Breton dirige le groupe informatique Bull. Malgré ses efforts pour redresser l’entreprise, celle-ci continue à accumuler les pertes. Son bilan à la tête de Bull est mitigé, avec des critiques sur sa stratégie de diversification.

Le rapport de la Cour des comptes

Pendant son mandat de ministre de l’Économie (2005-2007), la Cour des comptes a critiqué sa gestion des finances publiques, pointant notamment une sous-estimation du déficit budgétaire.
L’affaire Clearstream
Breton a été impliqué dans l’affaire Clearstream, bien que de manière périphérique. Son nom figurait sur une liste de comptes bancaires supposément liés à des activités de blanchiment d’argent, mais ces accusations se sont révélées infondées.

Des tensions à la Commission européenne

Désaccords avec von der Leyen
Son mandat de commissaire européen a été marqué par des tensions avec la présidente Ursula von der Leyen, culminant avec sa démission en 2024. Ces frictions ont révélé des problèmes de gouvernance au sein de la Commission.
Critiques sur la gestion de la crise COVID-19
La gestion de la crise du COVID-19 par la Commission, notamment concernant l’approvisionnement en vaccins, a été critiquée. Bien que Breton ait joué un rôle actif dans la stratégie vaccinale, certains ont jugé la réponse européenne trop lente.
Conflits d’intérêts potentiels
Son passage du secteur privé (notamment chez Atos) à la Commission européenne a soulevé des questions sur de potentiels conflits d’intérêts, en particulier concernant les politiques numériques qu’il a supervisées.

 

 

 

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