Poétique, magique et dramatique, le film d’animation de José Miguel Ribeiro affiche les couleurs et les douleurs de l’Afrique.
C’est un pays dévasté, déchiré, en guerre, l’Angola, qui est raconté dans « Nayola » (sortie le 8 mars), un film d’animation de José Miguel Ribeiro, qui avait été sélectionné par le Festival d’Annecy. Adaptée d’une pièce de théâtre, l’histoire se déroule à travers les destins de trois générations de femmes. A commencer par Nayola, jeune mère qui parcourt le pays en 1995, à la recherche de son mari, parti faire la guerre et disparu au combat. Désespérée, parfois guidée par un chacal protecteur, Nayola traverse obstinément le chaos des combats et des ruines, la folie meurtrière.
C’est en 2011 qu’on découvre sa fille, Yara, qui a été élevée par sa grand-mère Lelena, grandissant avec le souvenir de parents évanouis dans la guerre. Yara est désormais une ado rebelle, chanteuse révoltée qui lâche sa colère dans du rap, et distribue clandestinement son album au titre revendicatif, « Pays nouveau ». Sans qu’elle le sache, Yara est aussi forte et combative que l’a été sa mère.
Avec des allers-retours dans le temps, deux périodes s’entrechoquent dans ce récit âpre, dur, violent et mystérieux. La silhouette de Nayola rôde dans quelques images réelles d’archives, mais la « dimension poétique et magique » du film est magnifiée par la qualité de l’animation, réalisée dans des studios portugais. « Nayola » affiche ainsi avec style les couleurs et les douleurs de l’Afrique, ses légendes, et recrache les horreurs de la guerre, dont « personne ne revient ».
Patrick TARDIT
« Nayola », un film d’animation de José Miguel Ribeiro (sortie le 8 mars).