La liste présentée ce lundi 9 septembre 2019 par Xavier Bouvet et ses amis pour conquérir la Mairie de Metz s’organise autour d’une certaine idée de la gauche. Elle privilégie le jeu collectif aux querelles d’égos, le bien commun aux intérêts partisans. Ce sera difficile, mais pas impossible.
Il dénote un peu dans le paysage politique messin. Xavier Bouvet, 35 ans, leader du mouvement citoyen Esplanade devenu chef de file de la liste Unis pour Metz est un nouveau venu en politique. Ce qui présente quelques avantages. Le premier, c’est de n’avoir pas de casserole derrière lui. Le second, c’est de pouvoir se démarquer des combines d’appareils puisqu’il n’appartient à aucun parti. Le troisième, et ce n’est pas le moindre, c’est de pouvoir affirmer qu’il propose une autre façon de gérer la Cité : non pas pour flatter son égo et booster sa propre carrière, mais pour le bien de tous.
Le jeu collectif, c’est plutôt rare en politique. C’est pourtant l’une des particularités de cette liste, délibérément ancrée à gauche. « Nous voulons offrir le visage d’un rassemblement harmonieux et pacifique, explique Xavier Bouvet. Le fait que nous soyons ensemble représente un atout important dans un paysage politique éclaté qui pousse à la balkanisation. »
L’histoire du mouvement
Cette singularité tient à l’histoire du mouvement. L’année dernière, en 2018, quelques personnes issues de milieux messins très différents, plutôt jeunes, 30-40 ans, plutôt branchées, ne voulaient pas rester spectatrices des municipales de 2020 à Metz où le maire socialiste, Dominique Gros, a décidé, après deux mandats, de ne pas se représenter.
« Nous voulions faire quelque chose pour la ville, nous voulions faire bouger les lignes, se souvient Xavier Bouvet. Il était de notre responsabilité de nous engager. »
Début 2019, ce rassemblement de citoyens décide de s’appeler Esplanade. « Parce qu’à Metz tout converge vers la place de la République et vers l’Esplanade. » Il porte « un projet neuf, authentiquement à gauche » qui bientôt sera rejoint par Europe Écologie Les Verts (EELV), les Radicaux de gauche et Génération.s. Ensemble, ils décident de partir à la conquête de la mairie et de la Métropole sous la bannière de l’association baptisée Unis et deviendra ensuite Unis pour Metz.
Tout un programme
Mais il fallait bien une personne pour incarner le mouvement. Ce sera Xavier Bouvet, alors directeur de l’agence Inspire Metz, ancien collaborateur de Dominique Gros.
Le 18 juin 2019, le groupe Unis annonce la couleur, chez La Marie, une brasserie branchée de la ville. Il y a beaucoup de monde. Des têtes connues, d’autres un peu moins. On parle engagement politique, professionnel, familial. La presse relaie. Le mouvement suscite beaucoup d’intérêt et d’interrogations. Le PC rejoindra plus tard l’aventure. Le PS reste éloigné.
Xavier Bouvet et ses amis profitent de l’été pour construire un vrai programme électoral décliné autour de thèmes forts sur six années (voir ci-contre).
De réunion en réunion, le public vient, de plus en plus nombreux, de plus en plus curieux. « Il y a eu une sorte d’ébullition politique dans les quartiers, en plein été, constate François Pradayrol, journaliste et membre de l’équipe Unis. Cela nous a encore plus motivés. »
Faut-il croire aux sondages ?
C’est dans ce contexte qu’un sondage publié en juillet 2019 vient éclairer la campagne. Commandé par La République en Marche à l’Ifop, il donne Nathalie Griesbeck, encartée MoDem (ex-députée européenne), en tête au premier tour avec 22% des suffrages. Alors que le député LREM Richard Lioger (ex-premier adjoint de Dominique Gros) ne totaliserait que 16%. En seconde position, avec 20% des intentions de vote : le mouvement Esplanade (il ne s’appelait pas encore Unis pour Metz et Xavier Bouvet ne s’était pas encore déclaré candidat). Derrière : François Grosdidier pour Les Républicains, avec 15% des voix. Tous les autres faisant moins de 10%.
Mais l’enseignement principal de ce sondage c’est que la liste emmenée par Xavier Bouvet arriverait en tête au premier tour si c’est Richard Lioger qui obtenait l’investiture LREM et non Nathalie Griesbeck. C’est dire le chemin parcouru depuis l’Esplanade !
Cette recomposition du paysage politique messin, si elle est conforme aux prédictions du sondage, laisse augurer de jolis règlements de comptes, à droite comme à gauche. On comptera plus tard les morts et les blessés sur le champ de bataille.
La campagne des municipales s’annonce passionnante.
Marcel GAY
Qui est Xavier Bouvet ?
Xavier Bouvet est né à Metz il y a 35 ans de parents militaires. Après une jeunesse passée dans sa ville de naissance, il est scolarisé à l’école militaire d’Autun. Après le bac, il fait une prépa littéraire à Lyon (Khâgne et Hypokhâgne) spécialité histoire. Il passe un an à Leipzig (Allemagne), s’inscrit ensuite à Sciences Po Paris en 2006, travaille sous la direction de Marc Lazar, historien et sociologue, spécialiste du parti communiste français et de la vie politique italienne.
Après son Master 2, Xavier Bouvet adhère au parti socialiste, en 2010 qu’il quitte en 2013. Sa vie professionnelle, il la commence dans la communication, à l’agence W d’abord puis dans une start-up parisienne.
En 2012, il publie un article dans la revue délitsdopinion.com consacré à la sociologie électorale de Metz. Dominique Gros le remarque et lui propose un job au sein de son cabinet. Peu avant les municipales, en 2013.
« J’ai retrouvé une ville que j’avais connue dans ma jeunesse. C’est comme si je revenais à la maison. C’est ma ville, la ville ou j’ai grandi.
Je me suis fortement impliqué dans deux dossiers : le passage du statut de Métropole, en 2016-2017. Et j’ai orchestré la fusion entre l’Office de tourisme de Metz et l’Agence de développement économique de la Métropole (MMD). C’est devenu Inspire Metz le 1er septembre 2017 dont j’étais le directeur jusqu’au 30 août 2019. J’ai démissionné pour me consacrer à la campagne des municipales.
Les enjeux : écologiques et économiques
La liste Unis pour Metz a décidé de faire de la transformation écologique et environnementale de Metz et de la Métropole le noyau dur de son action.
« Il s’agit de repenser la ville pour l’adapter à la crise violente et inévitable qui nous attend dans les trente prochaines années, explique Xavier Bouvet. Dans 20 ou dans 30 ans nos enfants vivront dans une ville différente, où il fera beaucoup plus chaud, où la culture ne sera plus la même, où les déplacements seront plus contraints. D’où la nécessité de repenser dès aujourd’hui l’urbanisme de Metz pour l’adapter à l’enjeu écologique et à l’urgence climatique qui induit des enjeux de performances économique et sociale ».
Comment ? « Cela passera par une action massive, dans les six années qui viennent, sur les transports en commun ; par une économie sociale et solidaire puissante, en favorisant les circuits courts ; en adaptant dès aujourd’hui la restauration scolaire…
Il faut préparer dès maintenant la génération future à ces bouleversements, rendre la ville attractive, puissante, vivable. Car nous sommes en retard sur ces questions. »
Les jeunes, les séniors
Autre registre sur lequel Xavier Bouvet entend agir efficacement : le registre familial [il sera papa dans deux mois] de la petite enfance aux séniors. Avec un objectif ambitieux : « D’ici 2026 avec 100% des crèches et écoles maternelles bilingues ou biculturelles, quelle que soit la deuxième langue, anglais, allemand, luxembourgeois ou autre… Pour retenir les familles dans la commune de Metz ou dans la Métropole il faut une offre d’enseignement de qualité qui soit un enjeu d’attractivité. »
Unis pour Metz souhaite aussi développer la vie associative et l’impliquer dans les décisions du conseil municipal. Et prépare une kyrielle de projets pour les six ans qui viennent. « Nous voulons poursuivre et amplifier le travail mené ces 12 dernières années par la municipalité de la gauche plurielle de Dominique Gros » ajoute Xavier Bouvet.
M.G.