Mélo sentimental, avec la séduisante Keira Knightley, le film de James Kent se déroule dans les ruines du Hambourg d’après-guerre.
Ils sont innombrables les films sur la Seconde Guerre Mondiale, bien moins nombreux déjà sont ceux qui se situent dans l’après-guerre, et encore moins ceux qui se déroulent alors chez le vaincu, en Allemagne. C’est le cas de « Cœurs ennemis », film de James Kent (sortie le 1er mai), adaptation de « Dans la maison de l’autre », livre de Rhidian Brook, qui s’était inspiré de l’histoire de son grand-père, un officier anglais.
Keira Knightley y incarne Rachel, épouse d’un colonel britannique (joué par Jason Clarke), qu’elle rejoint à Hambourg en 1945, dans l’immédiat après-guerre. Elle arrive dans une ville en ruines, détruite par les bombardements, où la population tente de survivre comme elle peut, subissant à son tour une occupation et l’humiliation de la défaite. Dans le train qui la mène en Allemagne, elle entend les conseils donnés aux étrangers, notamment celui de « ne pas fraterniser » avec ce peuple belliqueux.
Une ville et des âmes dévastées
Rachel et son mari s’installent dans une grande et belle demeure, réquisitionnée à leur intention, le propriétaire et sa fille allant loger au grenier. D’abord très froide et considérant celui-ci comme un ennemi, probablement un ancien nazi selon elle, Rachel cohabite difficilement avec cet architecte allemand, un intellectuel, homme cultivé incarné par Alexander Skarsgard. Se sentant délaissée par son mari très, trop, occupé par la sécurité de la ville et sa reconstruction, Rachel va finalement se laisser apprivoiser par son hôte attentionné.
Troublés, attirés l’un par l’autre, l’Anglaise et l’Allemand partagent une douleur terrible, lui a perdu son épouse dans un bombardement et elle son fils unique pendant le Blitz ; de sentiments mêlés, méfiance, compassion, haine, chagrin, deuil, c’est la passion qui les rassemble. Triangle amoureux, « Cœurs ennemis » est certes un mélodrame classique, mais son décor l’est moins, une ville en pleine désolation, dévastée comme le sont les âmes des survivants, un champ de ruines d’où émerge le charme de Keira Knightley, une histoire où il est question de reconstruction, d’une cité comme des êtres.
Patrick TARDIT
« Cœurs ennemis », Film de James Kent, avec Keira Knightley, Jason Clarke, et Alexander Skarsgard (sortie le 1er mai).