Augmentation du Smic, prime de fin d’année, défiscalisation des heures supplémentaires, suppression de la CSG pour les petits retraités. Ces mesures seront-elles suffisantes pour calmer les Gilets jaunes ? Pas sûr.
Il avait la tête des mauvais jours. En 13 minutes chrono, le président de la République a tenté de désamorcer la crise qui, depuis 23 jours, paralyse le pays. C’est peu pour répondre aux nombreuses revendications des Gilets jaunes, ces millions de Français modestes trop longtemps oubliés de la classe politique.
C’est donc le visage sombre que Macron est apparu sur le petit écran. Il a d’abord parlé des violences inacceptables. Puis, il a parlé de la colère « profonde » de ceux qui connaissent la détresse des fins de mois, celle des retraités, des plus fragiles….
Urgence économique et sociale
« Je prends ma part de responsabilités » dit-il. « Je sais qu’il m’est arrivé de blesser certains d’entre vous… Mais ma légitimité je la tiens que de vous ». Aussi propose-t-il de sortir « ensemble » de cette crise, décrétant « aujourd’hui, un état d’urgence économique et social. »
Concrètement, le président de la République propose une augmentation du SMIC de 100 €/mois dès 2019. Ce sont 1,65 million de salariés qui sont concernés. Une prime de fin d’année non chargée non fiscalisée aux employeurs qui le peuvent. L’annulation de la hausse de la CSG pour les retraités qui gagnent moins de 2.000 €/mois. Et, enfin, la défiscalisation des heures supplémentaires dès 2019.
En revanche, pas question de rétablir l’ISF comme le demandaient les manifestants. Mais le président souhaite que soit mis fin « aux avantages indus et à l’évasion fiscale ».
« Un moment historique »
Après l’énumération de ces mesures économiques destinées à calmer la colère des Gilets jaunes, le président s’est voulu rassembleur. Il propose une réflexion profonde dans le pays. « Je veux que soit posée la question de l’Etat et du service public, dit-il. Un débat sans précédent » autour « des maires qui portent la République sur le terrain. » Car, ajoute Emmanuel Macron « nous sommes à un moment historique pour notre pays. » Il conclut : « Mon seul souci, c’est vous. Notre seule bataille, c’est pour la France. »
« Au bout d’une pique »
La fronde des Gilets jaunes a commencé à la mi-novembre 2018. Ils se sont d’abord révoltés contre l’augmentation du prix du gazole. Puis, le mouvement de colère a fait tache d’huile grâce à l’utilisation des réseaux sociaux. Puis il y a eu la casse que l’on sait à Paris et en province, le 1er décembre et encore le 8 décembre 2018. Les images de guérilla urbaine ont fait le tour du monde et écorné l’image de président à l’étranger.
Avec le temps, les manifestants ont eu de nouvelles exigences et réclamé plus de justice sociale, plus de démocratie, plus de respect de la part d’un président souvent hautain et méprisant. « Macron, démission » ou « Macron en prison » était devenu un leitmotiv. Emmanuel Macron n’avait pas d’autre choix, face à la pression de la rue, que de lâcher du lest s’il ne voulait pas finir « au bout d’une pique » comme le lui ont dit certains de ses visiteurs du soir.
A-t-il convaincu ? A-t-il su trouver les bons mots, les bonnes mesures pour mettre fin à cette révolte contre l’injustice ?
On pouvait en douter, hier soir, en entendant les Gilets jaunes restés sur les ronds-points. Nombreux étaient ceux qui voulaient maintenir la pression et jouer l’acte V de ce drame social, samedi 15 décembre 2018. A dix jours de Noël.