Kad Merad et Malik Bentalha font équipe pour retrouver un nounours, dans cette comédie réalisée par les scénaristes des « Tuche ».
Un doudou, c’est pas rien qu’une « peluche qui sent mauvais ». S’il est perdu, tous les parents le savent, ce peut être un drame familial. De cette micro- catastrophe, Julien Hervé et Philippe Mechelen, anciens auteurs des « Guignols » et co-scénaristes des « Tuche », en ont fait tout un film, « Le doudou » (sortie le 20 juin).
Kad Merad y joue ainsi un père prêt à tout pour retrouver le nounours de sa fille, égaré à l’aéroport, jusqu’à proposer une récompense par voie d’affichette. Jeune employé à Roissy, du genre fauché et un peu filou, Sofiane, interprété par Malik Bentalha, y voit une occasion de se faire un peu d’argent.
« On a vécu la même histoire avec Philippe, on est papa tous les deux, j’ai perdu le doudou de ma fille dans un avion, Philippe a perdu le doudou de son fils dans la rue, c’est parti de cette expérience-là, comme c’est arrivé à pas mal de gens, on s’est dit que ça pouvait devenir un sujet intéressant », précisait Julien Hervé, lors d’une conférence de presse au Royal-Monceau, à Paris. « C’est un père qui est dans une mission très importante et un gamin, un peu irresponsable au début du film, qui va grandir en une journée. On voulait faire une comédie, mais au-delà de ça on voulait parler de la famille, de transmission ; ça pique un peu par moments, mais il y a toujours de l’humanité, de la bienveillance, il n’y a jamais de méchanceté gratuite », ajoutait Philippe Mechelen.
Une suite de mésaventures et de rencontres
Avec ce scénario assez simple, la recherche du « Doudou » perdu, ils ont conçu une comédie populaire, Prix spécial du Jury au Festival de l’Alpe d’Huez. Kad Merad et Malik Benthala forment un duo de personnages aussi différents qu’unis, pour le pire ; car ils vont être embarqués dans une suite de mésaventures et de rencontres : un maître-chien bizarre (David Salles), le pensionnaire d’une maison de retraite (Guy Marchand), une grand-mère pas très Résistante (Isabelle Sadoyan), une étudiante à la Sorbonne (Enya Baroux, fille d’Olivier Baroux, qui fait lui aussi une apparition), un châtelain, un faux humanitaire vrai escroc (Elie Semoun dans un nouveau rôle de « petite ordure »)… Hués dans un amphi, chassés à cour, rhabillés à l’Anglaise, enfermés dans un container… la journée sera longue.
C’est pour sa « tête de papa » et ses yeux « plein d’humanité », que les réalisateurs ont choisi Kad Merad. « Effectivement, je suis extrêmement ému par la relation père et fils, on a tous une relation un peu particulière avec son père, quand on est un garçon ; et surtout quand on a un père qui n’avait pas tellement le temps de faire de la psychologie », confie l’acteur, qui jouait récemment un drôle de paternel dans le film de Xabi Molia, « Comme des rois ». « C’est curieux mais ça me poursuit, dans mes propres films que j’ai pu écrire comme Marseille, ça parle aussi d’un père, de la mémoire, de la transmission. Cette idée de paternité, c’est quelque chose qui me fascine », dit Kad Merad.
« Malik me rappelle moi à mes débuts »
Pour incarner son compère chercheur de « Doudou », l’acteur avait suggéré le nom de Malik Bentalha. « J’avais envie de ce genre d’acteur avec moi, je savais que ça allait être quelqu’un qui savait saisir sa chance, allait respecter, avoir envie, qui a encore l’enthousiasme des débutants, malgré sa grande expérience de la scène. Immédiatement il a une présence sympathique et drôle, il n’a pas besoin d’en faire trop, même si de temps en temps on est obligé de lui dire calme-toi. C’est agréable de rencontrer quelqu’un avec lequel on peut être proche très vite et partager plein de choses agréables en-dehors du travail », dit-il. « Malik est vif, juste, il est vraiment très efficace sur un tournage, il aime bien faire des vannes tout le temps, parce qu’il a peur de ne pas faire rire, ça me rappelle moi à mes débuts », assure Kad Merad, qui endure presque paisiblement les blagues sur son absence de cheveux.
« J’admire le travail de Kad »
« Kad m’a transmis de l’expérience, la manière d’aborder un personnage, d’être le plus naturel possible », dit de son côté Malik Bentalha. « Le plus difficile, c’est les scènes d’émotion, l’humour c’est quelque chose que je fais depuis longtemps, et passer de l’un à l’autre c’est très compliqué, c’est pour ça que j’admire le travail de Kad parce qu’il arrive à passer de la comédie à une série comme Baron noir. Lorsqu’on est dans la case comédie en France, c’est difficile de bouger d’un genre à un autre, et Kad fait partie des acteurs qui arrivent à le faire avec brio », dit Malik. « C’est vrai », ajoute Merad, faussement modeste.
Issu du one-man-show et de la bande à Jamel, Malik Bentalha enchaîne un nouveau premier rôle après le tout récent « Taxi 5 », tourné avec Franck Gastambide. « C’est un rêve d’enfant, lorsqu’on veut monter sur une scène on peut le faire, il y a des scènes ouvertes à Paris, vous pouvez vous y produire, mais le cinéma, il y a un côté inaccessible, plus complexe, ça se fait avec le temps », dit-il. « Moi, c’est mon charisme qui a fait la différence », plaisante le jeune comédien. « Je viens d’une famille plus que modeste, mon père était soudeur et ma mère femme de ménage, on a la chance de faire ce métier, on est des privilégiés, et il ne faut jamais l’oublier », ajoute Malik Bentalha.
« Les Guignols, ça doit déranger »
« Le doudou » est le premier film que réalisent Julien Hervé et Philippe Mechelen, qui planchent ensemble sur le scénario du prochain Astérix. En tant qu’anciens auteurs des Guignols, la suppression de l’émission par la direction de Canal+ ne les a pas réjouis. « C’est une décision qui nous a rendus très tristes, c’est une émission emblématique qui allait passer les trente ans à l’antenne, ce n’est quand même pas rien », dit Julien Hervé.
« A titre personnel, ça fait trois ans qu’on est partis, il y a quand même eu une réelle cassure à ce moment-là. Les Guignols dans leur adn, ça doit piquer, ça doit déranger, si quelqu’un arrive et dit : je veux que cette émission continue mais qu’elle arrête de déranger, ce n’est plus les Guignols, en tout cas ce n’est plus ce qu’on a connu », constate Julien Hervé, « Parfois, notre patron nous disait qu’il s’était fait engueuler par tel ou tel homme politique, mais on ne nous a jamais empêché de dire tout ce qu’on avait envie de dire, on s’autocensurait beaucoup, parce que c’est nécessaire et qu’il ne faut pas dire n’importe quoi. On a tiré sur tout ce qui bouge pendant vingt-cinq ans avec une grande liberté ». « Quand on faisait un mauvais JT, on n’était pas contents, mais on se disait qu’on ferait mieux demain », ajoute Philippe Mechelen.
« Pendant trois ans malheureusement, ils ont déprécié la marque, plus personne ne regarde, ils ne sont pas fous les gens, ils sont partis. Ce qu’ils ont réussi à faire, c’est malheureux, c’est annoncer la fin des Guignols et les gens disent qu’ils font bien d’arrêter », regrettent les anciens auteurs.
Patrick TARDIT
« Le doudou », un film de Julien Hervé et Philippe Mechelen, avec Kad Merad et Malik Benthala (sortie le 20 juin).
Lire aussi l’interview de Xabi Molia, réalisateur de « Comme des rois ».