France
Partager
S'abonner
Ajoutez IDJ à vos Favoris Google News

« Une année difficile » avant la fin du monde

« C’est un film qui veut essayer de prendre une photo de la société », assurent Nakache et Toledano, qui évoquent « la gravité et la violence de l’époque », l’éco-anxiété et le surendettement, dans cette comédie sociale « à l’italienne ».

Plus pour monter des combines que par conviction, un duo de paumés (joués par Pio Marmaï et Jonathan Cohen) rejoint un groupe de militants, écolos et activistes, qui organisent des opérations anticonsuméristes.

Après avoir passé quelques années sur le divan du psy pour les deux saisons de la série « En thérapie » (Arte), Olivier Nakache et Eric Toledano avaient besoin de retrouver le cinéma et la comédie. Les cinéastes de « Intouchables », « Le sens de la fête », « Hors normes », « Samba », « Tellement proches »… reviennent donc avec « Une année difficile » (sortie le 18 octobre), une farce contemporaine dont le générique rassemble de bons vœux de présidents français (Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande…) qui nous promettent encore « des années difficiles » !

Le duo a conçu ce film comme « une comédie à l’italienne » : « Ces films avaient la force de prendre en flagrant délit leur époque », constatent Nakache et Toledano, « Une année difficile est un film qui veut essayer de prendre une photo de la société, il y a un monde assez peu réjouissant devant nous. Là, il y a une vision humoristique, en réaction après la pandémie où le monde était mis sur pause », disaient-ils lors de l’avant-première aux Baladins à Lannion, lors de leur grande tournée des salles françaises. « C’est très d’actualité, il y a une thématique très actuelle », ajoutait Jonathan Cohen, qui partage l’affiche avec Pio Marmaï et Noémie Merlant.

Décroissance et désencombrement

Habitués à saisir « l’air du temps », Nakache et Toledano opposent deux visions, ceux qui sont obnubilés par la fin du mois et ceux qui s’inquiètent de la prochaine fin du monde.

« Ce film est une série de péripéties », prévenaient Nakache et Toledano, celles vécues par deux personnages, Albert et Bruno (Marmaï et Cohen), entraînés dans une succession de galères. Bagagiste à l’aéroport de Roissy, où il « habite », Albert survit grâce à de petites arnaques, la débrouille. Dans son pavillon vide, dont il va être expulsé, quitté par femme et enfant, Bruno est au bord du suicide. « Ratés sympathiques », tous deux sont dans la mouise, criblés de dette, étranglés par de multiples crédits.

Plus pour monter d’autres combines que par conviction, le duo de paumés rejoint un groupe de militants, écolos et activistes, qui organisent des opérations anticonsuméristes (manifs, happenings, récup solidaire, redistribution…). Faut dire qu’il y a dans ce groupe une séduisante militante dont le pseudo est Cactus (jouée par la délicieuse Noémie Merlant), qui applique ses théories de décroissance et désencombrement à son propre appartement, vide lui aussi mais par choix.

L’angoisse du monde moderne

Le film est enrichi d’une excellente bande originale, dont Jimi Hendrix, The Doors… et « La valse à mille temps » de Jacques Brel, qui fait d’abord entrer dans la danse des acheteurs compulsifs et des activistes qui tentent d’empêcher l’ouverture de magasins un jour de black friday. Cette valse revient nous faire tourner la tête à la fin du film, dans une ville aux rues désertes, sans voitures ni piétons, magasins fermés, comme un souvenir de confinement.

Habitués à saisir « l’air du temps », Nakache et Toledano opposent deux visions, ceux qui sont obnubilés par la fin du mois et ceux qui s’inquiètent de la prochaine fin du monde. Estimant que « la gravité et la violence de l’époque doit s’équilibrer par un rire partagé », c’est dans une comédie sociale, plus comédie que sociale, qu’ils évoquent l’angoisse du monde moderne, l’éco-anxiété, la société de surconsommation, le surendettement, le réchauffement climatique… Mais malgré les conseils avisés d’un bénévole (très drôle Mathieu Amalric), ces sujets prêtent finalement plus à pleurer qu’à rire, et il y a fort à parier que, ce 31 décembre, Emmanuel Macron nous promettra encore un autre « année difficile » dans le « monde d’après ».

Patrick TARDIT

« Une année difficile », un film de Olivier Nakache et Eric Toledano, avec Pio Marmaï, Jonathan Cohen, Noémie Merlant (sortie le 18 octobre).

Comme dans tous leurs films, Olivier Nakache et Eric Toledano injectent une bonne dose d’humanité.
France