Sept mamans des Pays de la Loire s’élèvent contre le sort fait aux enfants et adolescent par notre société, notamment pendant la crise sanitaire. Elles lancent une pétition et alertent les pouvoirs publics.
« Je suis une maman mobilisée depuis plus de 2 ans pour comprendre pourquoi nos enfants ont été autant au centre des mesures sanitaires et pourquoi il n’y a aucune étude concernant leur impact. » Anaïs Ménard est l’une de ces mamans de la région nantaise qui mènent un vrai combat citoyen pour que la société, et spécialement les pouvoirs publics, fassent de la protection et du bien-être des enfants et des adolescents une priorité absolue.
Un mal nécessaire, vraiment ?
Rappelons-nous. Au plus fort de la crise sanitaire, les enfants et les adolescents ont dû porter un masque à l’école près de 50 heures par semaine, à l’intérieur des classes comme dans les cours de récréation, même par de fortes chaleurs, même pendant les activités sportives. Ils ont subi des kyrielles de tests, ont dû se conformer à des protocoles sanitaires drastiques, aux confinements répétés, à la distanciation sociale, au pass sanitaire. Sans parler de la vaccination. Tout cela était-il vraiment proportionné ? .
Or, constatent les mamans, ces mesures coercitives ont été imposées aux enfants par les autorités sanitaires et politiques, « sans aucune concertation ni considération des alertes des professionnels de terrain, de santé publique et des parents. Ces mesures ont d’abord été prises pour protéger les adultes ».
La protection des enfants, une priorité
Dans une pétition lancée sur le site du Sénat, elles constatent que « la pandémie est venue renforcer ou exacerber les faiblesses de notre système. La prise en compte de l’intérêt supérieur de l’enfant n’est clairement pas prioritaire dans les politiques publiques, comme l’illustrent aussi les réformes successives de l’Éducation Nationale (accroissant les inégalités), la trop timide avancée des mesures de conciliation vie familiale-vie professionnelle (dont le congé parental) régulièrement pointée par UNICEF, les modalités d’accueil dans le secteur de la petite enfance privilégiant le nombre à la qualité, la déliquescence de la protection de l’enfance et de l’accompagnement materno-infantile, etc. Elles réclament « une analyse d’impact a priori de toute mesure susceptible d’agir sur la santé et le bien-être des enfants et adolescents. »
Elles ajoutent : « Parce que la qualité d’une société se mesure à la manière dont elle traite ses enfants, nous, adultes, citoyens, parents, grands-parents, professionnels de l’enfance et élus de terrain, demandons que, quelles que soient les circonstances, y compris en temps de crise, la protection et la santé des enfants constituent enfin une priorité en France. »
Anaïs Ménard : « faire entendre la voix des plus jeunes et de leurs représentants »
Vous faites partie de ces mamans qui se battent pour que l’intérêt supérieur des enfants soit pris en compte dans toutes les politiques publiques. Vous lancez même une pétition sur le site du Sénat. Pourquoi cette démarche ?
Nous avons passé deux ans à questionner, du niveau le plus local de notre démocratie aux plus hautes instances, et ce, par tous les biais existants sans réel mouvement de fond, sans prise de conscience collective. Cette pétition est un autre de ces biais, si elle aboutit, elle obligera à l’ouverture d’une mission de contrôle.
Nous continuons à interpeller députés et sénateurs, élus locaux pour une ouverture de dialogue.
Vous considérez que l’intérêt des enfants et des adolescents n’est pas suffisamment pris en compte par les politiques publiques. Comment y remédier ?
En tant que parents confiants jusque-là dans le système existant, cette crise nous a obligé à revoir notre positionnement vis-à-vis des institutions et à investir autrement notre responsabilité parentale. Il nous semble évident qu’une approche de proximité et une implication autonome des parents est une des clés. Chacun a son rôle, mais ensemble, nous devons établir des ponts cohérents et profonds, plus des discours de surface, mais de la pédagogie, de la proximité.
Vous avez le soutien et la caution scientifique de François Alla, professeur de santé publique à l’université de Bordeaux et de Linda Cambon, membre du Collège du Haut Conseil de la santé publique. Voulez-vous désormais porter le combat en faveur des enfants sur le terrain politique ?
Nous avons cette chance immense que notre voix ait rencontrée celle de ces deux éminents chercheurs et nous les remercions encore de leur générosité et de leur engagement.
Ce combat est politique au sens premier du terme, mais aussi philosophique puisqu’il concerne la vie de la cité et son organisation. Nous explorons tous les rouages politiques, démocratiques existants pour parvenir à faire entendre la voix des plus jeunes et de leurs représentants.