La Région Grand Est érige un monument mémoriel pédagogique à Schirmeck pour se souvenir et rendre hommage.
Le Président de la Région Grand Est, Jean Rottner et Alain Ferry, Président du Mémorial Alsace-Moselle, Chemins d’Europe, ont présenté, ce lundi 1er février 2021, un projet de monument mémoriel en hommage aux victimes alsaciennes et mosellanes de la Seconde Guerre mondiale. Cet édifice sera érigé sur l’emprise du Mémorial Alsace-Moselle de Schirmeck (67). Philippe Richert, ancien Ministre et Président de la Région Grand Est, Philippe Meyer, Député du Bas-Rhin, la Conseillère régionale du Grand Est, Maire de Dinsheim-sur-Bruche et Présidente de l’Agence Régionale de Tourisme Grand Est, Frédérique Néau-Dufour, Présidente du Comité scientifique et les Présidents d’associations mémorielles ont également participé à cette présentation.
« L’identité locale »
« Mon prédécesseur, Philippe Richert, a engagé une démarche mémorielle visant à faire connaître l’histoire des victimes de la Seconde Guerre mondiale dans notre région, a expliqué Jean Rottner. Depuis trois ans, cette idée mûrit sous le pilotage d’un Comité scientifique composé d’historiens français de premier plan qui n’a eu de cesse de questionner et de consulter. Ses réflexions ont abouti à l’élaboration d’un projet en trois parties : espace mémoriel, appui à la recherche scientifique, œuvre pédagogique. Je nourris l’espoir que ces travaux rendent possible la cohabitation des histoires spécifiques qui caractérisent notre passé régional. »
Frédérique Néau-Dufour ajoute : « En Alsace et en Moselle vivent aujourd’hui des gens dont les grands-parents ont connu des destins très différents au cours de la Seconde Guerre. Cette complexité appartient à l’identité locale. (…) C’est seulement à travers une meilleure connaissance des faits que l’on peut accéder à une certaine paix des mémoires. Libre à chacun, ensuite, de se souvenir, d’étudier, de se recueillir. »
Deux objectifs
La construction de cet édifice poursuit deux objectifs : honorer la mémoire des morts et disparus et permettre la compréhension de leurs destins individuels dans leur spécificité et, partant, les fondements de l’histoire locale et du régime nazi. « Il est nécessaire pour les descendants de pouvoir disposer d’un lieu, d’un espace matériel, où le souvenir des disparus puisse s’incarner », précise Jean-Laurent Vonau, historien du droit et de l’histoire d’Alsace et membre du comité scientifique.
Construit en étroite concertation avec les différentes associations de victimes et suivant les orientations d’un Comité scientifique composé d’experts, d’historiens, d’archivistes et de spécialistes de lieux mémoriels, le projet appuyé par le cabinet Syllab permettra d’élaborer les contours d’un espace original, à la fois pédagogique et interactif, dédié aux victimes. Pour Olivier Lalieu, historien au Mémorial de la Shoah : « Le but de ce projet est de motiver les jeunes à s’intéresser à l’histoire très compliquée de cette période, de les faire réfléchir, de créer un lien avec les descendants des familles et de remplir les vides de ceux qui n’ont pas eu de descendants. ».
Pendant près de trois ans, ces partenaires ont travaillé main dans la main pour valoriser la base de données des victimes constituée depuis dix ans par la Région en lien avec les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle. Afin de parachever ce travail, le Président de la Région Grand Est a rencontré en octobre 2020 les présidents des associations liées au projet pour recueillir leurs avis.
Par ailleurs, la Région souhaite créer des bourses de recherche en histoire avec les Universités du Grand Est pour enrichir la connaissance historique et la valoriser au sein du « monument mémoriel ».
Au travers de ce processus de construction et de réflexion, c’est à l’apaisement de tout un pan de l’histoire de l’Alsace et de la Moselle – par certains aspects encore très douloureuse – que la Région Grand Est entend contribuer.
Le projet
Ce projet consiste à créer un bâtiment de 290 m2 de plain-pied. L’espace intérieur sera scindé en deux parties équipées d’outils multimédias et interactifs. La première sera dédiée à l’hommage collectif dans un espace immersif avec des projections murales, la seconde à l’hommage individuel avec notamment des parcours spécifiques et des bornes interactives permettant la recherche de morts et disparus. Les victimes pourront être identifiées et recherchées par catégorie (monde juif ; incorporés de force ; résistants, déportés et internés). Situé en contre-bas du Mémorial, à proximité de l’étang, le monument disposera également d’un espace extérieur pour le recueillement et les commémorations.
Véritable œuvre pédagogique, ce projet se veut interactif, accessible de manière individuelle ou en petit groupe et à la portée de toutes les générations. Les supports seront disponibles en 3 langues : français, allemand et anglais. Il sera complété par un programme de recherche avec des bourses d’études auprès de chercheurs et d’universitaires.
Une mission de maîtrise d’œuvre architecturale et de conception en scénographie-muséographie sera lancée par la Région au premier semestre 2021. L’agence Syllab accompagnera le projet jusqu’à la désignation de l’architecte. Le chantier devrait débuter d’ici à fin 2021 pour une livraison fin 2022.