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Comprendre le syndrome du côlon irritable

Il n’existe pas de traitement spécifique du syndrome de l’intestin irritable, affirme le dictionnaire médical Vidal, seulement une prise en charge diététique du patient. Or, dans un extrait du livre « Covid-19 et effets indésirables du vaccin » chez Trédaniel**, Jean-Marc Sabatier décrit une autre approche de cette pathologie. 

Jean-Marc Sabatier
Jean-Marc Sabatier, docteur en biologie cellulaire et micro-biologie, directeur de recherche au CNRS

Par Jean-Marc Sabatier

Le microbiote intestinal (aussi appelé le deuxième cerveau) correspond à l’ensemble des microbes du système digestif humain. Il fait partie des microbiotes de l’organisme humain, avec les microbiotes pulmonaire, buccal, nasopharyngé, vaginal et cutané.
Le microbiote intestinal comporte environ 10 000 milliards à 100 000 milliards de micro-organismes, dont des bactéries, des virus, des champignons, des parasites (protozoaires), et des archées.
Parmi les microbes, les archées sont comparables aux bactéries, car il s’agit de cellules dépourvues de noyau et d’organite. Il existe des archées méthanogènes dans le tractus intestinal humain, où elles participent à la digestion des aliments.

Responsable des divers microbiotes

Le système rénine-angiotensine (SRA) est un grand système physiologique (enzymatique et hormonal) ubiquitaire, qui assure les fonctions autonomes, rénale, pulmonaire et cardio-vasculaire du corps humain. Il est aussi responsable de l’immunité innée et des divers microbiotes, dont le microbiote intestinal. Ainsi, il a été démontré que le dérèglement du SRA (via la suractivation de son récepteur délétère AT1R) est à l’origine des dysbioses de l’organisme. Les dysbioses intestinales correspondent potentiellement à la pullulation des bactéries du côlon dans l’intestin grêle (SIBO ou « Small Intestinal Bacterial Overgrowth »), la pullulation fongique de champignons dans l’intestin grêle (SIFO ou « Small Intestinal Fungal Overgrowth », la pullulation de bactéries dans le côlon (LIFO ou « Large Intestinal Bacterial Overgrowth »), et/ou la prolifération des archées méthanogènes dans l’intestin (IMO ou « Intestinal Methanogen Overgrowth »).

Des réactions inflammatoires

https://www.myupchar.com/en, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons
https://www.myupchar.com/en, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons

Ces dysbioses (qui modifient le nombre et la composition des micro-organismes intestinaux) perturbent l’équilibre (homéostasie) de l’organisme. Ceci peut se traduire par l’apparition de réactions inflammatoires intestinales plus ou moins chroniques, ainsi que de certaines pathologies ou symptômes caractéristiques, dont l’anémie, une constipation ou diarrhée, des ballonnements, des gaz et/ou des douleurs abdominales (à cause notamment d’une malabsorption alimentaire, de carences nutritionnelles, et d’une augmentation de la perméabilité de la paroi intestinale favorisant l’inflammation chronique).

La fermentation des glucides

Les archées intestinales (dont Methanobrevibacter archaea) sont fréquentes chez les personnes consommant fortement des glucides. Ces archées utilisent des composés issus de la fermentation bactérienne — notamment l’hydrogène provenant de la fermentation des glucides – dans l’intestin pour produire du méthane CH4 (et du dioxyde de carbone CO2) lors de la méthanogénèse. Selon certaines études, il existe une forte corrélation entre le syndrome du côlon irritable (ou colopathie fonctionnelle qui touche environ 5% des Français) associé à la constipation et le niveau de méthane produit. En outre, la prolifération des archées méthanogènes de l’intestin peut être associée à des symptômes tels que les douleurs abdominales, les ballonnements et une diminution du péristaltisme ou motilité intestinale. Contrairement aux personnes souffrant du SIBO, les personnes souffrant de IMO (« Intestinal Methanogen Overgrowth ») et donc sujettes à la prolifération des archées méthanogènes (telle que Methanobrevibacter smithii) dans l’intestin sont moins susceptibles d’être carencées en cobalamine (vitamine B12). Ainsi, un traitement combiné à la Rifaximine (antibiotique à large spectre de la classe des rifamycines qui inhibe la synthèse d’ARN bactérien) et la Néomycine (antibiotique de la classe des aminosides) serait potentiellement d’intérêt pour combattre le syndrome de l’intestin irritable.
Si vous souffrez de cette pathologie, parlez-en à votre médecin.

*Jean-Marc Sabatier est docteur en biologie cellulaire et microbiologie. Il est directeur de recherche au CNRS. Il s’exprime ici en son nom personnel.

** « Covid long et effets indésirables du vaccin – Mécanismes biologiques et traitements prometteurs » aux éditions Trédaniel

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