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Coronavirus : La France a fermé plus de 4000 lits en 2018

Alors que Covid-19 s’installait durablement en Chine à la fin de l’année 2019, les personnels soignants français se mobilisaient pour sauver l’hôpital public. Trois médecins portent plainte contre le Premier ministre et l’ex-ministre de la Santé.

Collectif inter-hôpitaux (twitter)
Collectif inter-hôpitaux (twitter)

Nous avons tous en mémoire la forte mobilisation des soignants français en 2019. Nous l’écrivions ici-même sous le titre : « 14 novembre, mobilisation pour sauver l’hôpital public. Les collectifs Inter-Hôpitaux, Inter-Urgences, les usagers, et de nombreux collectifs de terrain, appellent les soignants et les patients à venir défendre l’Hôpital Public lors d’une marche le 14 novembre 2019. »
Ils faisaient le constat que « les économies successives demandées aux hôpitaux publics depuis 10 ans ont conduit à des difficultés majeures d’accès aux soins, une dégradation de leur qualité et de leur sécurité, et à un épuisement des personnels hospitaliers. Le manque d’effectifs et d’équipements ne nous permettent plus d’assurer nos missions dans des conditions acceptables. Les patients et personnels fuient l’hôpital. »

3036 établissements

En octobre 2019, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) présentait le paysage hospitalier français : « 1 356 hôpitaux publics, 681 établissements privés à but non lucratif et 999 cliniques privées. Au total, le nombre de sites géographiques répertoriés continue de diminuer (…) Les capacités d’accueil de ces 3 036 établissements de santé se partagent entre hospitalisation complète (396 000 lits) ou à temps partiel (77 000 places). Reflet du développement de l’hospitalisation partielle à l’œuvre depuis plusieurs années, le nombre de lits continue de reculer en 2018 (-1,0 %), tandis que le nombre de places reste dynamique (+2,4 %). »
De fait, l’hôpital public a perdu 5,3% de ses lits en six ans soit 17.500 lits. En 2017 et 2018 ce sont encore 4.172 lits en hospitalisation complète qui ont été supprimés.

Une plainte contre les politiques

On comprend mieux la colère des personnels soignants et des patients entassés dans les couloirs faute de lits pour les accueillir.
Le 14 janvier 2020, plus de 1.000 chefs de service ont démissionné de leurs fonctions administratives « pour sauver l’hôpital public » comme ils l’ont écrit dans une lettre à la ministre de la Santé de l’époque Agnès Buzyn.
Quelques semaines et une redoutable épidémie de coronavirus plus tard, on constate la catastrophe qui s’annonce à grands pas. Les hôpitaux saturés, le personnel soignant épuisé, les malades ne sont plus accueillis normalement. Manque de lits, manque de masques de protection, manque d’appareils respiratoire, manque de tout.
Sauf le courage des infirmiers, des médecins, des personnels de santé que l’on applaudit tous les soirs à 20 heures depuis sa fenêtre.
C’est dans ce contexte anxiogène que trois plaignants, représentant un collectif de soignants baptisé C19 accusent le Premier ministre, Édouard Philippe et l’ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn, de n’avoir pas pris les mesures adaptées en temps voulu pour endiguer l’épidémie de coronavirus.
Les trois plaignants, Philippe Naccache, Emmanuel Sarrazin et Ludovic Toro, tous trois médecins, ont saisi la Cour de Justice de la République (CJR) au nom du collectif C19. Ils estiment qu’Edouard Philippe et Agnès Buzyn « avaient conscience du péril et disposaient des moyens d’action, qu’ils ont toutefois choisi de ne pas exercer ».
Les propos d’Agnès Buzyn au lendemain de sa défaite aux municipales de Paris vont peser lourd puisqu’elle déclarait, le 16 mars 2020 : « J’avais averti que les élections ne pourraient pas se tenir »… « Je pense que j’ai vu la première ce qui se passait en Chine… J’ai alerté le directeur général de la Santé ». Elle dira aussi qu’elle a informé le Premier ministre.
Quelle responsabilité !

 

 

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