C’est une gifle électorale que vient d’encaisser l’ancien Premier ministre, Manuel Valls, en arrivant deuxième (31, 2%) derrière Benoît Hamon (36,1%) lors du premier tour de la primaire de la gauche. Ce sera difficile pour lui dimanche prochain.
Décidément, les électeurs se rebiffent et ne votent pas comme les sondages ou les médias l’ont prédit. C’est vrai, ce dimanche encore, avec le score inattendu réalisé par Benoît Hamon qui incarne l’aile gauche du PS et qui, il y a quelques semaines encore, était donné à 8 ou 10% au début.
Il distance l’ancien Premier ministre de près de quatre points. Mais il est loin devant Arnaud Montebourg (17,7%), Vincent Peillon (6, 8%), François de Rugy (3,49%), Sylvie Pinel (2,1%), Jean-Luc Bennahmias (1,6%).
Le second tour, dimanche prochain, s’annonce donc très difficile pour Manuel Valls, en ballottage défavorable. D’abord parce qu’il porte le fardeau du bilan du quinquennat de François Hollande avec cette loi Travail El Khomri arrachée à coups de 49.3 par un Premier ministre détesté par les syndicats et l’aile gauche du parti socialiste. Mais aussi parce qu’Arnaud Montebourg, arrivé en troisième position, a immédiatement apporté son soutien à l’ancien ministre frondeur, comme lui.
« Rassemblement des gauches »
« Dimanche prochain, je voterai Benoît Hamon et vous invite à faire de même, dit-il. « Les électeurs ont d’abord sérieusement condamné le quinquennat. Ils ont voulu que la gauche retrouve le chemin de la gauche… L’impératif qui pèse désormais sur nos épaules collectives est le rassemblement des gauches. Sans le rassemblement, il n’y aura pas de solution au choix impossible entre le candidat libéral brutal et la famille Le Pen. »
Sourire aux lèvres, Benoît Hamon a expliqué qu’il fallait « changer de modèle de développement » et faire de la transition écologique « une priorité absolue ». Evoquant l’anniversaire de la mort de l’abbé Pierre, Benoît Hamon il a aussi souhaité « faire vivre la démocratie ». La question sociale et la question écologique sont les deux termes d’un nouveau futur. « J’entends être à la hauteur de cet engagement. »
On sait bien que Benoît Hamon a fait du revenu universel d’existence, l’un de ses principaux thèmes de campagne même si le candidat a un peu évolué sur son application.
52 contre 33%
Manuel Valls s’est exprimé en dernier. Un discours fleuve. Et violent. « Il ne s’agit pas de choisir un candidat, dit-il, il s’agit de choisir le futur président de la République… Je suis heureux de me retrouver face à Benoît Hamon… Je ne crois pas à la fin du travail. Je ne crois pas au revenu universel… C’est le choix entre la défaite assurée et la victoire possible. »
Le problème, désormais, est arithmétique. Avec les reports de voix, Benoît Hamon peut espérer un total de 52% des suffrages quand Manuel Valls n’a plus de réserve de voix et culmine à 33% des suffrages.
Au terme de ce premier tour qui n’a mobilisé que 1,7 million d’électeurs (contre 4,4 millions pour la primaire de la droite), où deux gauches irréconciliables sont nettement apparues, l’une marquée très à gauche incarnée par Benoît Hamon, l’autre libéral-démocrate incarnée par Manuel Valls, l’avenir du parti socialiste semble très compromis.
On le voit, le pari va être très difficile pour l’ancien Premier ministre. La campagne sera courte, donc violente. Rendez-vous dimanche prochain, 29 janvier.
Marcel GAY