Dans une déclaration d’une dizaine de minutes, l’ancien ministre de l’Economie a expliqué pourquoi il avait démissionné : il entend mener un projet visant à « transformer la France » et cela « dès l’année prochaine ». Sans le dire ouvertement, il annonce sa candidature à la présidentielle, en dehors des partis et provoque un joli tohu-bohu politique.
Quel pétard ! En quelques heures Manuel Macron a bouleversé le champ politique à gauche et… peut-être à droite. En début d’après-midi, il démissionne de son poste de ministre de l’Economie. En fin d’après-midi il annonce qu’il proposera un projet destiné à « transformer la France…dès l’année prochaine ». Autrement dit il va se présenter à la présidentielle à la tête de son mouvement En Marche ! Comment douter ? Rappelons-nous ce qu’il disait, le 6 avril, lors de la création de son parti : « Ce mouvement nous le porterons ensemble jusqu’en 2017 et jusqu’à la victoire ».
» Une nouvelle étape »
Il n’a pas changé d’idée. Dans sa déclaration de Bercy, cet après-midi, Manuel Macron a indiqué qu’il avait démissionné pour être « libre et responsable » car, dit-il, « je souhaite entamer une nouvelle étape de mon combat politique. » Or, de son point de vue, « le seul moment où les débats nécessaires pour décider ces transformations peuvent utilement avoir lieu sont les campagnes présidentielles. »
Il va donc s’engager dans le combat de la campagne présidentielle. Sans passer par la phase des primaires à gauche. Dès le mois de septembre, il fera « un diagnostic » pour la France. Puis, fin septembre, il « proposera des actions en profondeur ». Donc proposer un programme.
Ni droite, ni gauche
On imagine le chambardement que cette annonce ne manquera pas de provoquer. Cette démission est avant tout un coup dur porté à François Hollande. Comme président, d’abord, dont les résultats politiques sont contestés. Comme candidat éventuel, ensuite, puisqu’il lui grille la politesse dans la course à l’Elysée.
On assiste aussi à une totale redistribution des cartes à gauche. Les candidats déclarés à la primaire sont mis devant le fait accompli. A quoi bon participer à une compétition si tous les prétendants à la magistrature suprême n’acceptent pas la même règle du jeu ?
Enfin, compte tenu de son positionnement politique, ni de gauche ni de droite, de l’ancien ministre de l’Economie va chercher à rassembler le plus largement possible.
A l’évidence, Manuel Macron sème une belle pagaille dans la classe politique à huit mois seulement de la présidentielle.
M.G.