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Quand la démocratie s’achète

La démocratie? C'est par là-bas... (CC0 Creative Commons)
La démocratie? C’est par là-bas… (CC0 Creative Commons)

Point-de-vue- Dans sa lettre hebdomadaire, Gérard Charollois explique pourquoi la démocratie est un leurre. Il rejoint dans son analyse la devise des riches : « Je ne crains pas le suffrage universel : les gens voteront comme on leur dira ».

Par Gérard Charollois

Pour obtenir le ralliement du médiatique Nicolas Hulot, le monarque électif du jour, lui offrit l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Les promoteurs et les élus locaux peuvent maintenant détruire partout ailleurs la nature en toute quiétude. Le ministère de l’écologie ne pourra pas entraver les appétits des « premiers de cordées ».
Nous apprenons que 17 députés déposent une proposition de loi d’abolition de la chasse à courre. Nous découvrirons demain que d’autres députés ou les mêmes déposent une proposition de loi d’abolition de la torture tauromachique et les amis des animaux s’imagineront que la civilisation est en marche et que demain la violence brutale, la cruauté ordinaire, le mépris des êtres reculent en ce pays.
Or, depuis cinquante ans et sous toutes les législatures, des parlementaires déposent des propositions de lois contre les lobbies de la mort, propositions qui resteront sagement dans les archives de l’assemblée nationale sans jamais avoir été examinées.

Le lobby de la chasse

Les successifs monarques électifs, seuls véritables maîtres de la politique, préfèrent ne pas mécontenter les lobbies et manifestent un hermétisme inquiétant à la compassion, une ignorance des aspirations des citoyens dont 80% souhaiteraient ces abolitions.
L’opinion personnelle de Nicolas Hulot n’y changera rien. Il n’est pas le monarque et a reçu le lot qui lui a été promis.
On ne va tout de même pas, pour complaire à un ministre, se fâcher avec les rois du béton et avec les agro cynégétiques !
Et voilà pourquoi le lobby chasse vient d’obtenir l’autorisation d’équiper les gros fusils de silencieux pour faciliter l’approche des animaux et des randonneurs occasionnellement.
Voilà pourquoi les associations de protection des milieux naturels se sentent abandonnées par le ministère face aux promoteurs de routes et infrastructures diverses.
Tout, dans ce monde « économiquement libéral », repose sur le rapport de forces.
Les présidents et chefs d’Etats sont eux-mêmes les obligés de ceux auxquels ils doivent leur élection via le financement de leurs campagnes électorales et de leurs promotions dans les médias.

Les oligarques gagnent. Les peuples perdent

Observons qu’en 2017, deux chefs d’Etat que la forme oppose, dont les styles sont fondamentalement différents, celui des USA d’une part, de France d’autre part, firent sur le fond exactement la même politique, à savoir, un allègement de la fiscalité pesant sur les oligarques et un accroissement de la charge publique sur les peuples. Ici, cela s’est traduit par la suppression de l’ISF mobilière et l’augmentation de la CSG accompagnée d’un blocage des salaires et des pensions et une légère mais constante inflation.
Or, il ne s’agit pas d’un accident ponctuel et localisé mais d’une politique permanente mise en place par les véritables maîtres du système.
La démocratie s’anéantit sans que les peuples ne s’en aperçoivent, illusionnés par le mirage de choix qui sont pipés.
Certes, en apparence, des hommes, des idées, des programmes s’affrontent mais l’issue de cet affrontement est aussi déterminé à l’avance que l’issue d’une corrida.
Les oligarques gagnent. Les peuples perdent.
Mais, me dira-t-on, les Français pouvaient sortir du système en élisant un leader extérieur au cercle du dogme.
La probabilité se révèle infime eu égard au contrôle des cerveaux disponibles et en toute hypothèse, les maîtres du système ne redoutent personne. S’il advenait qu’un peuple s’émancipe de la secte, celle-ci saurait soumettre les dissidents à la manière dont elle le fit à l’égard de la Grèce récemment et de la France dès 1983.

L’exemple du Brexit

Ce que craint le plus la secte « libérale » ne tient pas à l’accession au pouvoir d’un affreux gauchiste partageux ou d’un nationaliste farouche, mais dans le fait que les citoyens du monde comprennent que la démocratie n’est plus qu’un leurre.
Exemple : les britanniques ont adopté par référendum la sortie du pays de l’Union Européenne. Personnellement, je n’aurais pas voté cette sortie.
Pas grave, elle n’aura pas lieu. Les maîtres du système feindront de se conformer à ce résultat référendaire, donneront le change, permettront aux nationalistes anglais de jouer avec leurs petits drapeaux et leurs nostalgies de l’empire, mais sur le fond, le tangible, le sérieux, les négociations aboutiront à la sauvegarde de tout ce qui importe pour les forces d’argent.
Il n’y a plus d’alternative et l’économie mène le monde à sa perte matérielle et morale.
Les adeptes du « libéralisme économique » jouent de la peur de Mussolini ou de Staline pour abuser les peuples, mais leur vrai inquiétude tient au fait que les peuples pourraient comprendre un jour qu’aux vieux fascismes bottés, casqués et flamboyants du siècle passé, fascisme noir ou rouge, se substitue un totalitarisme mou, consumériste et qu’à ceux qui violaient les consciences se substituent maintenant ceux qui les prostituent.
Alors, nous sommes en marche pour l’abîme.

Gérard Charollois
Convention Vie et Nature
Une force pour le vivant

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