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La France face à ses défis financiers : des mesures de fond ou des promesses vides ?

Alors que la France connaît une crise économique profonde, l’annonce d’une nouvelle conférence sur les finances publiques suscite le scepticisme face à l’ampleur des déficits et à l’absence de réformes structurelles, affirme l’économiste Marc Touati.

Marc Touati

L’économie française traverse une période particulièrement difficile, marquée par une dette grandissante, des déficits records et une croissance atone. Dans ce contexte, le gouvernement a organisé une conférence sur les finances publiques pour annoncer de nouvelles mesures, mais les propositions restent jugées insuffisantes face à l’ampleur des défis.

Un déficit public alarmant

La situation des finances publiques françaises est critique. L’agence de notation Moody’s s’est récemment abstenue de noter la France, un fait sans précédent qui témoigne de la gravité de la situation. Le gouvernement prévoit un retour à un déficit de 3% du PIB seulement en 2029, alors que les prévisions actuelles pour 2025 font état d’un déficit qui pourrait atteindre 6% du PIB, bien loin des 5,4% annoncés initialement.

La dépense publique, un problème structurel non résolu

Entre 1980 et 2024, la dépense publique a augmenté de 680%, quand le PIB n’a progressé que de 550%. Pour 2025, le budget prévoit encore une hausse des dépenses publiques de 43 milliards d’euros (+2,6%), contredisant le discours officiel sur la réduction des dépenses.

Parmi ces dépenses, ce sont les frais de fonctionnement qui connaissent la plus forte hausse (+22% depuis 2021), bien davantage que les prestations sociales (+11,5%). La France compte près de 6 millions d’agents de la fonction publique, un chiffre en hausse constante, et 700 organismes divers d’administration centrale pour un coût estimé à 140 milliards d’euros.

L’économie en difficulté

Les indicateurs économiques sont au rouge. Les défaillances d’entreprises atteignent des niveaux record, avec plus de 66 000 défaillances sur 12 mois, un chiffre 13,6% supérieur au pic de septembre 2009 si l’on exclut les micro-entreprises. Le déficit commercial se creuse à nouveau pour atteindre 82 milliards d’euros sur 12 mois, accompagné d’un déficit de la balance courante de 15,2 milliards.

Le contexte international tendu

Sur la scène internationale, les annonces de Donald Trump concernant de nouveaux droits de douane ont provoqué une forte volatilité des marchés financiers. Même si ces mesures ont été partiellement revues à la baisse, l’imposition de droits de douane de 10% reste une réalité qui pèsera sur l’économie mondiale, avec des prévisions de croissance mondiale révisées à 2,5% pour 2025, mais seulement entre 0,2% et 0,5% pour la zone euro.

Des réformes nécessaires mais absentes

Face à cette situation, des réformes structurelles profondes semblent indispensables. Il faudrait notamment réduire les dépenses de fonctionnement, limiter le millefeuille administratif et repenser l’allocation des ressources publiques. Mais la volonté politique fait défaut, car ce sont souvent ceux qui bénéficient de ces dépenses qui devraient les réduire.

Pour redresser l’économie française, il serait nécessaire d’adopter une approche plus radicale : baisser les impôts pour tous (entreprises et ménages), réduire les dépenses publiques d’au moins 50 milliards d’euros, lutter efficacement contre les fraudes fiscales et sociales, moderniser le marché du travail et favoriser l’innovation.

Sans ces mesures de fond, la France risque de continuer à s’enfoncer dans une stagflation durable, combinant stagnation économique et inflation élevée.

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