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Les États généraux de l’information : pour quoi faire ?

Pendant neuf mois, consommateurs et producteurs de l’info journalistique vont plancher sur l’industrie française de la presse. Or, les géants du numérique ont pris depuis longtemps, à leur insu, le contrôle planétaire des news.

l'information numérique gérée par des algorithmes
l’information numérique gérée par des algorithmes

Les médias sociaux numériques ont peu à peu remplacé les feuilles de choux locales pour informer les citoyens. Avec Twitter, Facebook, YouTube, Instagram, TikTok et autres LinkedIn, l’information journalistique se mélange allègrement à la communication, à la publicité, à la propagande et… au mensonge. Dans ce magma informe, chaque utilisateur y trouve ce qu’il y cherche.
En quelques années, l’information journalistique (celle qui est vérifiée et recoupée, classée et hiérarchisée) a fait place à cette masse monstrueuse d’infos gérée par de puissants algorithmes qui décident ce qui peut être publié ou non.
Comment s’y retrouver ? Comment trier le vrai du faux ? Toute la question est là : qui décide de la vérité ? Si je dis : ‘’Dieu existe’’, est-ce une fake news ? Et qui peut vérifier ? Quel fact-checking peut donner la réponse ? Personne, évidemment, puisqu’il s’agit d’une affaire de croyance. Croire, ce n’est pas savoir.

Médias, États : même combat !

La crise sanitaire est exemplaire de l’entreprise de désinformation gigantesque menée depuis trois ans par les grands médias qui, à de rares exceptions près, affirment péremptoirement que les vaccins destinés à combattre la Covid-19 sont sûrs. Ce faisant, ils confortent la politique sanitaire des États qui imposent la vaccination sous contrainte. Médias, États : même combat !
Mais pourquoi tous les médias du monde disent-ils la même chose au même moment sur les mêmes sujets ? Pourquoi affirment-ils que les vaccins sont sûrs et qu’il faut se faire injecter deux, puis trois, puis quatre doses, peut-être plus ? Pourquoi les autorités de tous les pays suivent-elles la même logique aveugle ? Pourquoi n’y a-t-il pas de controverse scientifique possible à la télé ou dans les journaux sur ces sujets pour permettre le débat et équilibrer l’information ?
C’est simple : parce que les grands médias du monde sont aux mains de quelques groupes industriels et financiers très puissants relayés par des lobbies grassement rémunérés.
Or, ces grands organismes de presse et ces entreprises numériques d’envergure mondiale ont décidé de se regrouper pour former un immense cartel visant à contrôler l’information. Ils se sont rassemblés en 2019 au sein de la Trusted News Initiative (TNI) « pour protéger le public et les utilisateurs contre ce qu’ils estiment relever de la désinformation, en particulier dans les périodes ‘’à risque’’ comme les élections. » Mais aussi comme la gestion de la crise sanitaire ou la guerre en Ukraine.

Information et désinformation

Pour que les choses soient claires, la TNI a publié un communiqué dont le titre est limpide : « La TNI s’attaque à la désinformation dangereuse sur les vaccins. » En précisant : « Les partenaires de la TNI s’alerteront mutuellement en cas de désinformation présentant une menace vitale imminente, afin que les contenus visés puissent être examinés rapidement par les responsables des plateformes, tandis que les éditeurs veilleront à ne pas répercuter à leur insu de dangereux mensonges. »
Autrement dit, tous les partenaires se concertent pour traquer et éliminer la fausse information « antivaccins » de leurs plateformes respectives.
Les partenaires ? Ce sont les grandes agences de presse qui alimentent toutes les rédactions du monde : l’Agence France Presse (AFP), Associated Presser (AP), Reuters, mais aussi la BBC, CBC/Radio-Canada, l’Union européenne de radiodiffusion (UER), Facebook, Financial Times, First Draft, Google/YouTube, The Hindu, Microsoft, Reuters, Reuters Institute for the Study of Journalism, Twitter et The Washington Post.
Le cas de Reuters est particulièrement intéressant. Rachetée en 2007 par le groupe canadien Thomson Financial, l’agence internationale de presse, devenue Thomson Reuters Corps fut présidée de 2012 à 2020 par James C. Smith. Ce dernier dirige actuellement la Fondation Thomson Reuters, organisation caritative basée à Londres.
Or, James C. Smith est aussi, depuis le 26 juin 2014 membre du conseil d’administration de Pfizer Inc . Et l’un des premiers investisseurs du labo. Précisons que M. Smith est aussi membre du Conseil d’affaires international du Forum économique mondial et de nombreux conseils consultatifs internationaux.

Censure et fact-checking

Le plus grave, ce n’est pas que Reuters continue de promouvoir les produits pharmaceutiques de Pfizer, c’est qu’il entend, comme ses autres partenaires du TNI, réduire au silence tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux.
Comment ? En faisant du fact-checking , ce qui, en soi, n’a rien de répréhensible. Mais surtout en pratiquant la censure à grande échelle.
Là encore, les géants du numérique se sont associés pour lutter contre la désinformation (supposée) sur leurs sites.
Et pour lutter contre la désinformation, rien de tel que de censurer l’information qui déplaît en la supprimant, purement et simplement, sans en informer l’auteur. Et lorsque les infos paraissent trop radicales, le titulaire du compte est banni, viré, éliminé. « Votre publication ne respectait pas les standards de notre communauté » !

Cette prise de contrôle de l’information planétaire par les géants du numérique pour servir des intérêts financiers a de quoi inquiéter. Car elle interdit la réflexion, elle anesthésie la pensée, elle paralyse la controverse, elle empêche l’échange entre professionnels sur des questions qui touchent à ce que nous avons de plus cher : la santé.
Nous estimons, au contraire, que seul le débat scientifique permet à la science de sortir de l’obscurantisme. La science n’est pas figée. Elle évolue sans cesse. Nous savons depuis Thomas Samuel Kuhn, philosophe des sciences, que le progrès scientifique n’est pas un processus cumulatif, mais qu’il procède au contraire en changements de paradigmes. Autrement dit, la pensée scientifique se réorganise autour d’axiomes nouveaux.

Un rôle de contre-pouvoir

Il est vrai que le rôle de la presse pose question. Durant toute la crise sanitaire, l’industrie mondiale de l’information a joué le rôle de rouleau compresseur. Plutôt que de prendre un peu de recul, de donner la parole aux scientifiques et aux médecins ayant des avis divergents afin d’éclairer le public, de faciliter la saine controverse scientifique, les médias ont apporté un soutien sans faille aux autorités politiques et sanitaires et aux grands labos pharmaceutiques. La presse ne joue plus son rôle de contre-pouvoir. Les lecteurs-auditeurs-spectateurs l’ont bien compris qui rejettent massivement la presse et ses journalistes.
Les producteurs de l’information journalistique en ont-ils seulement conscience ?

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