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« Les Musiciens » nous enchantent

« La musique a une capacité supérieure de faire vivre une émotion de manière collective », estime le réalisateur Grégory Magne. Dans son film, quatre virtuoses sont réunis pour jouer une partition inédite sur des Stradivarius. Une comédie humaine qui fera vibrer, même les non mélomanes.

Valérie Donzelli incarne une héritière soucieuse de réaliser le voeu de son père défunt, et Frédéric Pierrot un compositeur un peu bougon.

« Je n’ai pas une grande culture de la musique classique et j’ai un peu un complexe, mais on peut ressentir des émotions », confiait le réalisateur Grégory Magne, aux Rencontres du Cinéma de Gérardmer, où il était venu présenter en avant-première « Les Musiciens » (sortie le 7 mai). Et de l’émotion, il en a mis dans son film qui fera vibrer même les non mélomanes et les non spécialistes comme lui.

Valérie Donzelli y incarne Astrid Thompson, fille d’un riche industriel et collectionneur, qui tente de réaliser le vœu de son père défunt : constituer un quatuor de Stradivarius, avec quatre virtuoses pour interpréter une pièce musicale inédite, lors d’un concert unique. « Ces instruments sont un héritage en soi », précise le cinéaste, puisque chaque Stradivarius a une immense valeur, estimée en millions d’Euros.

Après avoir acquis chèrement les quatre instruments, Astrid embauche donc quatre prestigieux musiciens, George, Apolline, Lise, Peter ; un premier violon frimeur, une jeune altiste « vedette des réseaux sociaux », un second violon et une violoncelliste qui se déchirent depuis la séparation du couple. Le quatuor ainsi formé n’est pas vraiment à l’unisson, les répétitions sont difficiles, les interprètes ont du mal à s’entendre, à s’accorder.

« Techniquement, c’est un projet hyper-excitant »

Dans ce film qui « se regarde aussi avec les oreilles », les interprètes jouent vraiment de leurs instruments, violons et violoncelle.

Puisqu’ils sont un peu perdus avec la partition, Astrid fait aussi venir le compositeur, Charlie Beaumont (joué par Frédéric Pierrot) dans le château de cette académie de stars. Désormais ermite solitaire, un peu bougon, qui enregistre le chant des oiseaux, il n’aime plus ni ne comprend vraiment ce qu’il a écrit il y a vingt ans. Charlie va pourtant s’efforcer de remettre la formation au diapason, de la faire sonner et résonner comme « un vol d’étourneaux ».

« Il y a des quatuors qui se détestent, la majorité s’entendent très bien », assure Grégory Magne qui, après avoir exposé un conflit au sein d’un groupe, veut ensuite « faire ressentir le collectif ». Mission accomplie, puisque ses « Musiciens » nous enchantent, c’est une délicate comédie humaine qui fait venir les sourires : « La musique a une capacité supérieure de faire vivre une émotion de manière collective, l’émotion est décuplée », constate le cinéaste.

« Techniquement, c’est un projet hyper-excitant », ajoute-t-il, sachant la difficulté de « bien » filmer la musique et ceux qui la font. « Il fallait que les quatre instruments aient un air de famille, ce sont des instruments retravaillés en terme de vernis, de teinte », précise Grégory Magne, dont la caméra frôle les doigts sur les instruments, les cordes, le bois…  « Il fallait un compositeur de musique savante mais qui soit quand même une musique de film », ce sera donc Grégoire Hetzel, compositeur de très nombreuses musiques de films, « C’est quelqu’un de très demandé et de très brillant », ajoute le réalisateur, qui a utilisé « toutes les astuces du cinéma » pour que l’interprétation fasse « vraie ».

Un final dans une église meusienne

Dans ce film qui « se regarde aussi avec les oreilles », les interprètes jouent vraiment de leurs instruments : la comédienne Marie Vialle joue du violoncelle, Mathieu Spinosi est acteur et musicien, Emma Ravier est violoniste altiste mais débutante au cinéma, tout comme le concertiste Daniel Garlitsky. « Ils ont vraiment beaucoup bossé tous les quatre », assure Grégory Magne. Le quatuor trouve enfin l’harmonie un soir de coupure de courant, en jouant ensemble le traditionnel « My Girl », au coin du feu, dans une joie communicative.

Quant au fameux concert final, c’est dans une église désacralisée de la Meuse, à Mont-Devant-Sassey, qu’il a été enregistré. Une touchante apothéose sans fausse note, même s’il est dit dans ce film une phrase que bien des musiciens s’approprieront : « Pour que ça joue juste, il faut que chacun joue un peu faux ».

Patrick TARDIT

« Les Musiciens », un film de Grégory Magne, avec Valérie Donzelli et Frédéric Pierrot (sortie le 7 mai).

Quatre prestigieux musiciens, George, Apolline, Lise, Peter, sont réunis dans un château pour répéter ensemble.
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