Tourné en grande partie à Metz, le film d’Elise Otzenberger est à la fois un drame familial et une fable fantastique. Avec Cécile de France dans le rôle d’une mère qui choisit de croire en son enfant.
Dans son premier film, Elise Otzenberger racontait avec douceur et fantaisie la délicate « Lune de miel » d’un couple sur les traces familiales en Pologne. C’est une autre famille qu’on retrouve dans son nouveau film, « Par amour » (actuellement en salles), soutenu par la Région Grand-Est et l’Eurométropole de Metz où il a été tourné en grande partie. Sans qu’elle soit nommée, c’est dans la ville lorraine qu’a emménagé récemment une famille parisienne, Antoine, Sarah, et leurs deux fils, Simon et Louis, dans un appartement en face de la cathédrale.
Interprétée par Cécile de France, Sarah supporte la charge mentale familiale, elle est habituellement « celle qui dit non ». Pour une fois, elle va dire oui et croire son fils aîné, lorsqu’il lui dit qu’il entend des extraterrestres quand il est dans l’eau ; et ce depuis une brève disparition lors d’une journée à la plage, d’où il a rapporté une drôle de bestiole sortie d’un coquillage. Simon, 9 ans, essaie d’entretenir ce contact à travers l’eau, d’où ses séjours prolongés dans la baignoire ou une échappée nocturne à la piscine. Un secret partagé seulement avec sa maman et son petit frère.
Sombrer dans la folie
Ignorant ce qui se déroule chez lui, le père (joué par Arthur Igual) s’inquiète logiquement des troubles du fiston, conduit en consultation chez un pédo-psy. Usés par le quotidien, les parents avaient déjà des rapports un peu tendus, ça ne s’arrange pas au retour d’Antoine après un déplacement professionnel : Sarah a délaissé l’appartement, n’a pas emmené les gosses à l’école de la semaine, des casseroles et bocaux emplis d’eau jonchent la chambre des garçons… Antoine se demande si elle n’a pas sombré dans la folie.
Les spectateurs aussi peuvent se le demander, mais au-delà des doutes, la maman entre dans le « jeu », le délire de son enfant dont elle prend soin, elle a choisi de lui faire confiance, « Par amour », jusqu’à plonger dans l’eau froide de la Moselle. Parvenant à installer un climat inquiétant avec une baignoire et des casseroles, le film d’Elise Otzenberger est à la fois un drame familial et une fable fantastique ; des rencontres du type aquatique, avec ce qu’il faut d’angoisse et d’étrange, d’imaginaire et de part d’enfance, mais aussi d’un inconditionnel amour maternel.
Patrick TARDIT
« Par amour », un film d’Elise Otzenberger, avec Cécile de France (actuellement en salles).