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Absolument « Rien à perdre »

Son fils, sa bataille : Virginie Efira joue une mère broyée par « la machine administrative et judiciaire », dans ce film déchirant de Delphine Deloget.

Virginie Efira joue une mère aimante et dévouée à ses deux fistons qu’elle élève seule, Jean-Jacques (le grand, interprété par Félix Lefebvre) et Sofiane (le petit, incarné par Alexis Tonetti).

En explosant, une friteuse va aussi faire exploser une famille dans « Rien à perdre » (sortie le 22 novembre), premier long-métrage de fiction de Delphine Deloget, qui avait jusqu’alors tourné des documentaires. Pendant que sa mère (jouée par Virginie Efira) travaille tard le soir dans un bar de Brest, et que son grand frère est à sa répétition de trompette, un gamin est brûlé en voulant se faire des frites. Son hospitalisation déclenche un signalement aux services sociaux, qui débarquent plus tard dans l’appartement, en compagnie  de policiers.

Mère aimante et dévouée à ses deux fistons qu’elle élève seule, Jean-Jacques (le grand, interprété par Félix Lefebvre) et Sofiane (le petit, incarné par Alexis Tonetti), Sylvie ne comprend pas les « défaillances » qu’on lui reproche, et encore moins qu’on puisse lui retirer son petit « crapaud » chéri. Lorsqu’un juge décide de placer l’enfant dans un foyer pendant six mois, maman sort ses griffes. Son fils, sa bataille : paniquée par une procédure qui peut durer des années, Sylvie se démène, essaie de faire ce qu’il faut pour récupérer son môme.

Elle est soutenue par son grand fils (beau rôle pour Félix Lefebvre, remarqué dans « Eté 85 » de François Ozon), ses amis, ses deux frères, Hervé le marginal (Arieh Worthalter, qui incarne Pierre Goldman dans « Le Procès Goldman ») et Alain (Mathieu Demy, presque méconnaissable), celui qui a « réussi », avec lequel elle se réconcilie et qui la fait embaucher dans l’entreprise où il travaille. Un emploi avec des horaires « normaux », la participation à un groupe de discussion, un appartement rangé… elle fait de son mieux, se retient, se contient, écoutant son entourage qui l’incite à se calmer.

« Brutalité du réel et beauté du romanesque »

Une nouvelle fois, Virginie Efira met toute son intensité dans ce beau rôle de mère, dont l’amour absolu pour ses enfants fait qu’elle n’a absolument plus « Rien à perdre » (Photos David Koskas/Ad Vitam)

Mais révoltée par des décisions qu’elle estime injustes, elle devient dingue, débarque en furie chez le juge, file un coup d’boule à une travailleuse sociale, qui n’est pas forcément la méchante qu’on croit (l’actrice India Hair lui apporte douceur et humanité). Une nouvelle fois, Virginie Efira met toute son intensité dans ce rôle de mère découragée, de femme épuisée, broyée par « la machine administrative et judiciaire », prise dans un engrenage infernal, qui se débat dans des sables mouvants, et dont l’amour absolu pour ses enfants fait qu’elle n’a absolument plus « Rien à perdre » !

En collaboration avec Olivier Demangel et Camille Fontaine, la réalisatrice Delphine Deloget a conçu un scénario d’équilibre entre « la brutalité du réel et la beauté du romanesque ». Sélectionné par les Festivals de Cannes (Un Certain Regard) et de Deauville, « Rien à perdre » est un film déchirant, puissant, qui mêle les malheurs d’un drame social, des séquences du quotidien, et des scènes proches de la comédie, un récit d’urgence et de résistance.

Patrick TARDIT

« Rien à perdre », un film de Delphine Deloget, avec Virginie Efira (sortie le 22 novembre).

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