Avec Helen Mirren en Golda Meir, le film de Guy Nattiv raconte comment les dirigeants israéliens furent sidérés par une attaque de pays arabes, il y a tout juste cinquante ans, en octobre 1973. A voir sur Canal+.
Début septembre, au Festival de Deauville, était présenté en avant-première « Golda », un film du cinéaste israélien Guy Nattiv. Sans sortie prévue dans les salles françaises, ce long-métrage était alors programmé en automne par Canal+ (première diffusion ce mercredi 11 octobre à 21H). Après l’attaque d’Israël par le Hamas, ce récit prend un écho particulier en racontant comment Israël était, il y a tout juste cinquante ans, un pays attaqué, traumatisé et vulnérable.
Réalisation assez classique et scénario un peu lourd, le film est surtout notable pour la performance de Helen Mirren ; l’actrice britannique, qui fut notamment Elizabeth II dans « The Queen », y incarne la Première ministre israélienne Golda Meir. « Golda » ouvre avec l’audience de la « grand-mère d’Israël », tailleur et sac à main, par une commission d’enquête en 1974. Objectif : éclaircir ce qui s’est passé dans la nuit du 6 octobre 1973, le pays célébrant Yom Kippour, et comprendre comment, déjà, les autorités israéliennes se sont fait surprendre par l’attaque combinée de la Syrie et de l’Egypte, sur la péninsule du Sinaï et le plateau du Golan, ce qui sera ensuite dénommé la guerre du Kippour.
« Je suis une politicienne, pas un soldat »
Bien informé, un espion avait pourtant alerté : un message codé annonçait une guerre imminente ! Silence radio des perfectionnés systèmes d’écoute, on apprendra plus tard qu’ils étaient éteints. Un million de militaires syriens, égyptiens et jordaniens sont massés aux frontières, au nord comme au sud, et pénètrent de nuit sur le territoire israélien. Le pays est attaqué, encerclé, paniqué, sa supposée invincibilité mise à mal et sa sécurité menacée par cette attaque surprise. Les dirigeants sont dépassés, désaccords entre l’état-major militaire et les services secrets, atermoiements, ratés, un ministre de la Défense (Moshe Dayan) pas à la hauteur, des milliers de chars syriens roulent dans le Golan avant même la mobilisation générale.
« Je suis une politicienne, pas un soldat », assure Golda Meir, vieille dame malade, fragile, souffrante, trop grande fumeuse, entourée exclusivement d’hommes, en-dehors de sa dévouée assistante Lou Kaddar (jouée par la comédienne française Camille Cottin). Alors que les pays arabes sont armés par l’Union Soviétique, la Première ministre israélienne recherche le soutien des Etats-Unis, et téléphone à Henry Kissinger : « Nous avons encore des ennuis avec nos voisins », lui dit-elle, prédisant que cette fois cela durera plus d’une semaine, en référence à la guerre des Six Jours en 1967. Plus tard, c’est à son domicile qu’elle reçoit en tête à tête le secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères, qui se fera l’artisan d’un cessez-le-feu puis d’un traité de paix avec l’Egypte d’Anouar el-Sadate en 1977.
Tout comme géopolitique et cinéma s’entrechoquent, « Golda » est une combinaison de fiction, de reconstitutions et d’images d’archives. Sa morale reste cruellement d’actualité : « Toute carrière politique se termine par un échec ».
Patrick TARDIT
« Golda », un film de Guy Nattiv, avec Helen Mirren et Camille Cottin, disponible sur Canal+, première diffusion ce mercredi 11 octobre à 21H.