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Le sprint final de « L’équipier »

Kieron J.Walsh nous embarque dans le peloton du Tour de France 1998, avec un coureur en fin de carrière.

« L’équipier » reconstitue bien l’ambiance de la Grande Boucle, hors course et dans la course, et raconte de façon assez glauque les pratiques du cyclisme.

« Sans vélo, je ne suis personne », sait bien Dom Chabol (interprété par l’acteur belge Louis Talpe) qui est « L’équipier » (« The Racer »/sortie le 29 juin) du film de Kieron J.Walsh. Dom, 39 ans, est cycliste professionnel, un coureur expérimenté mais en fin de carrière, même pas retenu d’abord par le directeur sportif pour participer au Tour de France 1998, dont le départ est donné à Dublin, en Irlande. Finalement, il intègre au dernier moment le peloton de 164 coureurs, en ayant conscience que c’est pour lui « la course de la dernière chance ».

Car le dossard n°18 n’est qu’équipier, un « domestique », un porteur d’eau qui a le sens du sacrifice, dont le boulot est de ravitailler son leader, le protéger du vent, le faire gagner, calmer ses angoisses nocturnes, attaquer si besoin, préparer le finish pour le sprinter… mais ne surtout pas gagner, même si ce « loser professionnel » en rêve la nuit. Alors que débute la course, il apprend la mort de son père, mais pas question pour lui de quitter le Tour, d’abandonner avant le sprint final de sa longue carrière. Même si son état physique l’oblige à faire appel aux services d’une jeune médecin du Tour, blonde et jolie toubib (Tara Lee), qui va effectivement prendre soin de lui.

Les pratiques d’un dopage systématique

« L’équipier » se déroule pendant les premières étapes irlandaises du Tour, reconstitue bien l’ambiance de la Grande Boucle, hors course et dans la course, nous embarque dans le peloton, sur la selle des coureurs dont on partage les efforts et la douleur qui va avec. Cette fiction n’évoque pas directement le scandale Festina, qui allait exploser plus tard au cours de ce même Tour 1998, conduisant à l’exclusion de l’équipe de Richard Virenque ; mais Kieron J.Walsh raconte de façon assez glauque les pratiques du cyclisme d’alors, un dopage systématique. Clope au bec et bière à la main, un soigneur gourou (joué par Iain Glen, vu notamment dans « Game of Thrones ») a une armoire à pharmacie bien remplie.

Archi chargé d’EPO et autres substances, Dom Chabol doit se relever la nuit pour pédaler, et ramener les battements de son cœur à un rythme normal. Dans les chambres d’hôtel, il retrouve ses coéquipiers pour une auto-perfusion de leur propre sang ; et à l’annonce d’un contrôle de l’UCI, ils vont devoir boire beaucoup pour éliminer, dans une désespérée opération détox. Pour son premier tour, un jeune cycliste découvre les usages de sa propre équipe, l’idéaliste préférant rester clean que gagner dopé. Mais « L’équipier » a depuis longtemps dépassé cette question morale, il est prêt à tout pour retrouver ses jambes d’avant, son coup de pédale, même s’il faut vendre sa santé aux diables pour refaire encore un dernier Tour de piste.

Patrick TARDIT

« L’équipier », un film de Kieron J.Walsh avec Louis Talpe (sortie le 29 juin).

L’acteur belge Louis Talpe (à gauche) incarne un cycliste professionnel, un coureur expérimenté mais en fin de carrière, sur la ligne de départ de son dernier Tour de France.
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