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Tapis rouge à l’écologie

Deux documentaires consacrés à l’environnement sortent cette semaine, dont la biographie filmée de la jeune rebelle climatique, Greta Thunberg.

Outre qu’il se déroulait pour la première fois au mois de juillet, le Festival de Cannes avait aussi modifié ses habitudes cette année en créant une sélection spéciale de films consacrés à l’environnement. Présentés sous le label, « Le cinéma pour le climat », figuraient notamment « Bigger than us » de Flore Vasseur (actuellement sur les écrans), et d’autres longs-métrages à venir prochainement, dont « Marcher sur l’eau » d’Aïssa Maïga (sortie le 10 novembre), « Animal » de Cyril Dion (sortie le 1er décembre), « La Panthère des Neiges » de Marie Amiguet (sortie le 15 décembre), et « La Croisade » de Louis Garrel (sortie le 22 décembre).

Pour preuve que le cinéma se préoccupe résolument d’écologie, on peut encore ajouter à cette sélection cannoise « Une fois que tu sais » d’Emmanuel Cappellin (actuellement sur les écrans), ainsi que « I am Greta » et « Poumon vert et tapis rouge » qui sortent ce mercredi 29 septembre. Ces trois documentaires ont d’ailleurs été sélectionnés par le Festival Cinémaplanète, organisé par l’Institut Européen d’Écologie de Metz (qui se déroulera du 16 au 21 novembre).

« I am Greta » : portrait d’une activiste pas si solitaire

Nathan Grossman a suivi pendant plus d’un an la jeune Greta Thunberg, depuis sa toute première grève climatique devant le Parlement suédois.

« Je m’appelle Greta Thunberg », ainsi commence les interventions de la plus médiatique activiste écologique du moment. La jeune fille est reçue dans le monde entier, à l’ONU à New York (après une traversée de l’Atlantique en voilier), au Parlement Européen de Strasbourg, au Forum de Davos, au Vatican par le pape, au Parlement de Londres, à l’Elysée par Emmanuel Macron, ou encore au Reichstag la semaine dernière. Devenue un exemple pour les jeunes générations, la jeune rebelle climatique est aussi critiquée, moquée, par certains, dont Trump et Poutine.

Nathan Grossman a commencé à filmer dès le début cette gamine de quinze ans, commençant seule sa grève scolaire chaque vendredi, en 2018, assise sur un trottoir de Stockholm, adossée au mur du Parlement suédois. Sans savoir bien sûr alors jusqu’où il la suivrait pendant plus d’un an. Dans « I am Greta », Nathan Grossman fait ainsi le portrait de cette demoiselle, autiste Asperger qui assure : « Je ne suis pas sociable ». Pourtant, elle enchaîne manifestations, conférences, rendez-vous avec des chefs d’État, interviews, photos… « Honte à vous ! », « Comment osez-vous ? », « On ne vous pardonnera jamais », ses apostrophes aux adultes et politiciens sont reprises dans les médias de par le monde.

Rejointe par des centaines, des milliers, des centaines de milliers d’autres, Greta Thunberg est devenue une célébrité internationale ; elle a vécu tout cela « comme un rêve, un film surréaliste ». Certes classique, ce documentaire permet d’entrer dans son intimité, dans sa famille, une famille comme les autres, de la voir tout simplement comme n’importe quelle adolescente, jouant avec son chien, dans sa chambre encombrée de peluches. De voir aussi l’inquiétude des parents face à l’ampleur du phénomène, et surtout l’hostilité que suscite parfois leur fille. Avec son air buté, la militante solitaire a déclenché un mouvement international et sa petite voix résonne désormais fortement.

« Poumon vert et tapis rouge » : parcours solitaire d’un cinéaste

Luc Marescot (à droite) veut tourner une fiction inspirée notamment par le botaniste Francis Hallé (à gauche).

Greta Thunberg raconte que c’est un film visionné à l’école qui est à l’origine de sa colère, un documentaire sur la crise climatique et ses dégâts, qui l’avait bouleversée. Avec ce pouvoir émotionnel de l’image, on rejoint le film de Luc Marescot, « Poumon vert et tapis rouge ». Ancien réalisateur de « Ushaïa », ce documentariste a également filmé des expéditions de Jean-Louis Etienne, Haroun Tazieff, Théodore Monod… co-réalisé « Frères des arbres », et coécrit « Amazonia ».

Conscient que les documentaires militants sont généralement vus par des spectateurs déjà convaincus, Luc Marescot sait combien le cinéma de fiction peut être puissant, susciter des émotions, des réactions. Et marquer durablement les esprits avec de grands films à succès, des stars, qui dénoncent des scandales écologiques (tels « Dark waters » récemment, ou « Erin Brockovich » avec Julia Roberts). Il imagine donc réaliser un thriller écologiste, « The Botanist », dont le personnage principal serait inspiré du botaniste Francis Hallé, pourquoi pas incarné par Leonardo DiCaprio ! Une sorte de super-héros écolo qui lutterait contre les méchants et la déforestation.

Marescot se met en scène dans « Poumon vert et tapis rouge », partant à la recherche de producteurs, de partenaires, pour tourner ce scénario écrit dans son bungalow, en bordure de la Forêt de Brocéliande. Il consulte, demande conseil, à Nicolas Hulot bien sûr, mais aussi Antoine de Maximy (« J’irai dormir chez vous »), Jacques Perrin, Claude Lelouch, Juliette Binoche, Edouard Baer, le romancier Caryl Ferey, un scénariste, un storyboarder, un directeur de la photo, un spécialiste des effets spéciaux … ou encore le dessinateur Zep, qui lui confirme que « Les gens sont plus touchés par une histoire que par la vérité ».

Avec son vrai-faux casting à l’affiche, le sujet principal de ce documentaire est comment fabriquer un film de cinéma sur fond d’écologie. L’opiniâtre Marescot génère de la sympathie autour de son projet, mais se heurte aussi à des multiples obstacles : « trop cher », trop compliqué, pas assez vendeur… Mais « Poumon vert et tapis rouge » est aussi un film qui magnifie la beauté de la forêt (image de qualité, musique d’Alan Simon…), et alerte sur les dangers de la déforestation. Ainsi que le dit un sage chef papou : « Quand les arbres auront disparu, les hommes disparaitront à leur tour ».

Patrick TARDIT

« I am Greta » de Nathan Grossman, « Poumon vert et tapis rouge » de Luc Marescot (sorties le 29 septembre).

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