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Johnny Depp : « Je suis un acteur punk-rock »

« La télévision, c’était le diable pour moi », confie la star, qui était l’invité du Festival de Deauville, où se pâmaient les jeunes demoiselles.

« J’ai fait des films, des choix, ces films existent et sont pour toujours une part de ma vie », confiait Johnny Depp, lors d’une rencontre avec le public de Deauville.

Johnny Depp n’aime pas le mot « fan », pourtant c’était bien un comportement de fans qu’ont eu ses admirateurs- et-trices au Festival du Cinéma Américain de Deauville, où la star était invitée. Au programme : une « Conversation » ouverte au public et une séance officielle pour y présenter « City of lies », film de Brad Furman. Deux rendez-vous assurés avec une heure de retard et un service de protection correspondant à son statut. Mais son public lui pardonne tout, surtout lorsque le Provençal d’adoption (peut-être pour l’éloigner de ses ennuis judiciaires avec son ex-épouse Amber Heard) évoque son attachement à la France, pays de Vanessa Paradis et de leurs deux enfants, la comédienne Lily-Rose et Jack John.

S’il était difficile de l’approcher de trop près, les jeunes filles étaient nombreuses à avoir les yeux grands ouverts, n’en revenant pas de voir « en vrai » Johnny Depp lors de la « Conversation » organisée avec lui ; cela valait bien quelques cris poussés dès son arrivée. Parmi elles, une sorte de clone, jeune homme au look Johnny Depp, chapeau, petit gilet, tatouages… Une copie forcément moins bien que l’original fidèle à son style rétro-chic-bohème, grande casquette l’après-midi et chapeau le soir, jean troué, bagues, foulard…

« Tim Burton a été le premier à me comprendre »

Une heure donc avec l’acteur pour évoquer sa « carrière », encore un mot qu’il n’aime pas. « Je n’ai toujours pas vraiment décidé d’être un acteur », assure Johnny Depp, dont la première passion est la musique, qui l’aide toujours à composer ses personnages : « La musique provoque des émotions immédiates », dit-il, « Quand j’ai vu que je devenais acteur, je suis allé à une école d’acting, le Loft Studio à Los Angeles, j’ai lu tous les ouvrages classiques sur le jeu d’acteur ». Sa filmographie le prouve désormais : « Je suis supposé être un acteur maintenant, je suis un acteur punk-rock ».

De ses débuts dans la série « 21 Jump Street », qui lui valait de faire la couverture des magazines d’ado, d’être surnommé « le nouveau James Dean », il ne garde finalement pas un si mauvais souvenir : « La télévision, c’était le diable pour moi. Tout était formaté, mais c’était la meilleure école, la meilleure manière d’apprendre à faire ce métier tous les jours, tous les mois, tous les ans ». Jusqu’à vouloir s’en échapper : « J’ai tout fait pour en être viré ». Il suffira d’un oubli de la chaîne à reconduire son contrat pour qu’il se sente « comme Nelson Mandela », libéré, délivré.

Deux films le propulsent alors au cinéma, « Cry Baby » de John Waters et « Edward aux mains d’argent » de Tim Burton. « Le scénario m’a fait pleurer comme un enfant, j’étais bouleversé par sa pureté, son innocence », raconte l’acteur, qui ne pensait alors pas obtenir le rôle : le studio préférait Tom Cruise, et même Michael Jackson voulait incarner cet être timide aux mains ciselées. Grâce soit alors rendue à l’insistance de Tim Burton avec qui l’entente fut « immédiate, instinctive ». « Il a été le premier à me comprendre », confie Johnny Depp, « Avec Tim, notre amitié grandit avec chaque film ». Et ils sont nombreux : « Ed Wood », « Sleepy Hollow », « Charlie et la Chocolaterie », « Sweeney Todd », « Alice au pays des merveilles »…

« C’est le public qui est mon patron »

L’acteur a refusé la facilité et bien des blockbusters : « Ce n’était pas du courage, mais de l’ignorance et de l’irrévérence ».

Chez Disney aussi on fut déconcerté par l’apparence et les attitudes de Jack Sparrow, le « Pirate des Caraïbes » ; il a fallu des projections tests pour qu’il ne soit pas coupé au montage. « Encore une fois, c’est le public qui m’a sauvé », ajoute Depp, « Merci à vous », dit-il en français. Les demoiselles sourient et applaudissent. L’acteur a notamment joué dans « Dead man » de Jim Jarmusch, « Arizona Dream » de Kusturica, « Public Enemies » de Michael Mann, « Donnie Brasco » avec Al Pacino, a incarné le journaliste « gonzo » Hunter Thompson dans « Las Vegas Parano » ou l’Indien Tonto dans « Lone Ranger »…

« J’ai fait des films, des choix, ces films existent et sont pour toujours une part de ma vie (…) J’ai tourné aussi bien des films avec des studios que des films indépendants (…) Les studios sont mes employeurs, mais c’est le public qui est mon patron », assure l’acteur, qui a refusé la facilité et bien des blockbusters : « Ce n’était pas du courage, mais de l’ignorance et de l’irrévérence ».

« Il y a une cohérence, une relation à travers chacun de mes personnages, ce sont tous des outsiders, j’aime bien qu’il y ait quelque chose de cassé dans chacun d’entre eux », assure Depp, réputé pour ses qualités de transformiste, et ses modifications physiques pour mieux les incarner. C’est encore le cas avec « City of lies », présenté à Deauville (disponible en dvd), dans lequel il interprète Russell Poole, un policier qui a enquêté pendant vingt ans sur les meurtres des rappeurs The Notorious BIG et 2Pac. Un Depp vieilli, grossi, moustachu, en flic « cassé » lui aussi, obsédé par cette affaire tout comme le journaliste joué par Forest Whitaker. Une Amérique qui est celle des meurtres racistes et de la corruption de policiers à Los Angeles, cité des mensonges et cité de Hollywood.

Patrick TARDIT

Festival du Cinéma Américain de Deauville, jusqu’au 12 septembre, infos et programmation : www.festival-deauville.com

Vieilli, grossi, moustachu, Johnny Depp incarne un flic « cassé » dans « City of lies », un film de Brad Furman.

 

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