Conférences en ligne, documents sonores, podcasts, livres numériques, expositions virtuelles, œuvres d’art issus des fonds de la Bibliothèque… Pour se détendre, se cultiver ou travailler, des millions de ressources de la BnF sont accessibles gratuitement à distance.
Comme chaque semaine, la BnF met en avant des thèmes à explorer dans ses collections numériques. Alors qu’est décerné ce midi le 118e prix Goncourt, la Bibliothèque propose de se pencher sur l’histoire de cette récompense et quelques-uns de ses plus prestigieux – ou étonnants – lauréats.
Le Prix Goncourt, une bataille d’éditeurs
En 1919, Marcel Proust reçoit le prix Goncourt par six voix sur dix pour A l’ombre des jeunes filles en fleurs, paru chez Gallimard. Cette attribution fait scandale : au sortir de la guerre, l’opinion patriotique, dont la presse se fait largement le relais, plébiscite Les Croix de bois, roman ancré dans les tranchées où l’auteur, Roland Dorgelès (futur président de l’Académie Goncourt) a combattu comme engagé volontaire. Pour profiter néanmoins de ce succès et de la publicité du prix, Son éditeur, Albin Michel, va même jusqu’à faire paraître Les Croix de bois
avec la mention : » Prix Goncourt, 4 voix sur 10 « , comme en témoigne cette annonce dans Le Figaro du 18 décembre 1919 . Attaqué en justice par Gallimard, Albin Michel sera condamné à retirer la mention et à verser des dommages et intérêts.
Guy Mazeline, l’outsider du Goncourt 1932
Consacré par le Goncourt en 1932 pour son très académique roman Les loups, Guy Mazeline devient du jour au lendemain l’illustre inconnu qui empêche Louis-Ferdinand Céline – grand favori cette année-là avec Voyage au bout de la nuit – d’intégrer la prestigieuse liste des lauréats de l’Académie. Toute puissance de Gaston Gallimard, l’éditeur de Mazeline ? Rejet d’un style verbal jugé trop cru ? Les aventures de Ferdinand Bardamu doivent s’incliner devant la décadence balzacienne d’une famille d’industriels du Havre à la fin du XIXe siècle et se « contenter » du Prix Renaudot.
Furieux, le juré Lucien Descaves cessera dès lors de déjeuner avec les autres académiciens pendant 7 ans ; quant à Georges Bernanos, il écrira dans Le Figaro : « M. Céline a raté le prix Goncourt. Tant mieux pour M. Céline » ! Ce portrait du « Goncourt 32 » fait partie des 33 000 clichés réalisés par l’Agence Meurisse, conservés à la BnF et disponibles dans Gallica.
Entretien avec Patrick Modiano, le seul lauréat du prix Goncourt nobélisé
Patrick Modiano fait figure d’exception dans l’histoire du Goncourt : lorsqu’en 1978, l’Académie décerne le Goncourt à Rue des boutiques obscures, elle précise que le prix récompense Modiano pour « l’ensemble de son œuvre ». Alors âgé seulement de 33 ans, le futur Nobel de littérature a déjà figuré à plusieurs reprises sur les listes du prix littéraire le plus prestigieux de l’hexagone ; les immortels du quai Conti, quant à eux, l’ont consacré dès 1972 pour Les boulevards de ceinture. 35 ans plus tard, Modiano est l’invité du Cercle littéraire de la BnF, émission présentée par Laure Adler et Bruno Racine, alors que son roman L’herbe des nuits vient de paraître.
Une occasion, rare, d’écouter celui que les Nobel qualifièrent de « Marcel Proust de notre époque » !
Michel Bouquet lit La condition humaine
Dernier volet de la trilogie asiatique d’André Malraux, La condition humaine remporte le prix Goncourt en 1933 grâce à la double voix du président de l’Académie, J.-H. Rosny aîné.
Considéré comme l’un des meilleurs romans du XXe siècle, l’ouvrage retrace le parcours d’un groupe de révolutionnaires communistes préparant le soulèvement de Shanghai en 1927.
Grâce à BnF Collection sonore et ses 45 000 albums en ligne, on peut entendre la voix de l’incomparable Michel Bouquet lire un extrait de l’œuvre de Malraux, dans un enregistrement datant de 1954.
Mais aussi à la BnF
Pascal Quignard et le geste de l’abandon
La BnF propose d’écouter une conférence inédite de Pascal Quignard sur « le geste perdu de l’abandon ».
Cet événement, enregistré le 29 septembre dernier, fait écho à l’exposition présentée en galerie des donateurs et au don consenti par l’écrivain à la Bibliothèque en 2018. Une occasion – entre autres – de voir exposé le « traditionnel » chèque de 10 euros, reçu lors de l’attribution du prix Goncourt 2002 pour Les ombres errantes, ainsi que le message de félicitations adressé par Edmonde Charles-Roux – ancienne présidente de l’Académie et elle-même lauréate en 1966 – qui l’accompagnait.
Quand le Prix de la BnF récompense des lauréats du Goncourt…
Créé en 2009, le Prix de la BnF consacre « un auteur vivant de langue française pour l’ensemble de son œuvre, quelle que soit sa discipline et ayant publié dans les trois années précédentes ». Grâce à cette volonté de la Bibliothèque de soutenir la création et la recherche contemporaine française dans tous les domaines de l’écrit, 11 écrivains majeurs ont été récompensés, parmi lesquels 3 lauréats du prix Goncourt : Patrick Modiano, Michel Houellebecq et Jean Echenoz.
La BnF lance une souscription pour enrichir son fonds Marcel Proust (prix Goncourt 1919)
La BnF lance un appel au don pour que l’édition originale de Du côté de chez Swann – dans laquelle figure une lettre-dédicace de 8 pages de Marcel Proust à son amie Marie Scheikévitch – puisse rejoindre ses collections, qui comprennent déjà l’ensemble des manuscrits de l’auteur d’À la recherche du temps perdu. Il s’agit d’un témoignage capital sur la création proustienne et la genèse de l’ensemble de « La Recherche », puisque l’auteur y révèle notamment le cycle d’Albertine. L’intérêt patrimonial et littéraire de cette édition est inestimable.