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« Heureux comme Lazzaro », le bon

Pour cette fable sociale, la réalisatrice italienne Alice Rohrwacher a reçu le Prix du Scénario au Festival de Cannes.

Adriano Tardolo incarne le bienheureux Lazzaro qui voit le monde avec ses grands yeux écarquillés.
Adriano Tardolo incarne le bienheureux Lazzaro qui voit le monde avec ses grands yeux écarquillés.

« Les Merveilles », le précédent film de Alice Rohrwacher (sœur de l’actrice Alba Rohrwacher), avait reçu le Grand Prix du Festival de Cannes en 2014 ; « Heureux comme Lazzaro » (en salles depuis le 7 novembre) y a obtenu le Prix du Scénario cette année. Les deux films partagent une même poésie champêtre, et c’est dans un hameau de paysans, Inviolata, que la cinéaste italienne a situé ce nouveau récit, inspiré en partie d’une histoire réelle, d’une « grande duperie ».

Car depuis la destruction d’un pont, écroulé, le village est complétement isolé du monde et sous la coupe d’une marquise (incarnée par Nicoletta Braschi), qui a soumis la petite communauté à l’ignorance et une forme d’esclavage moderne. Exploité par les exploités, Lazzaro est un jeune homme « simple », « ensorcelé », un garçon à tout faire sans jamais rechigner, Lazzaro par ci Lazzaro par là, toujours prêt pour les corvées, celui à qui on pense en dernier, celui qu’on oublie dans le poulailler.

Du mystère et du mystique

Avec ses grands yeux écarquillés, ses cheveux bouclés, sa drôle d’allure, Adriano Tardiolo incarne cet être qui a quelque chose d’un ange à la « bonté exceptionnelle », simplement « heureux de voir les autres heureux ». Après une chute dont il n’aurait pas dû se relever, Lazzaro se retrouve seul dans le village, libéré entre-temps de l’asservissement. Parti à la découverte du monde, il retrouve quelques anciens habitants de son hameau, eux ont vieilli, pas Lazzaro, qui revient tel un fantôme, une réapparition.

Passé un moment d’hésitation pour le spectateur, un peu perdu dans le temps, on suit avec Lazzaro la vie des anciens paysans dans le nouveau monde, où ils ne sont que des exclus, des migrants, des parias, comme toute cette paysannerie partie « en ville » trouver un monde meilleur mais qui y restera misérable. Au-delà du mystère et du mystique, le film de Alice Rohrwacher est ainsi une fable sociale, avec la bonté « comme concept et règle de vie », « l’histoire d’une élévation à la sainteté ». Car heureux sont les simples d’esprit.

Patrick TARDIT

« Heureux comme Lazzaro », un film de Alice Rohrwacher (en salles depuis le 7 novembre).

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