Île-de-France
Partager
S'abonner
Ajoutez IDJ à vos Favoris Google News

Terrasses parisiennes : ça se complique!

Les restaurateurs de la place Sainte-Catherine ne comprennent pas que le maire de Paris Centre leur interdise de s’installer leurs terrasses sur le domaine public alors que la Ville de Paris renouvelle les terrasses éphémères. Le point de vue du maire, Ariel Weil, ci-dessous.

Place du Marché Sainte-Catherine, Paris (Photo DR)
Place du Marché Sainte-Catherine, Paris (Photo DR)

Nous avons évoqué la méchante querelle que se livrent depuis quelques semaines commerçants et riverains de la place Sainte-Catherine à Paris (4ème) à propos des terrasses éphémères. On sait que les cafetiers et restaurateurs parisiens ont été autorisés par la Ville de Paris « d’étendre l’occupation du domaine public au-delà des autorisations, de manière provisoire et gratuite » sous certaines conditions, pour compenser les pertes d’exploitation liées au Covid. Ce qu’ont fait les commerçants de la place Sainte-Catherine. Mais plusieurs riverains, relayés par la puissante association Vivre le Marais, dénoncent « les terrasses sauvages » qui, disent-ils, seraient à l’origine de nuisances sonores.
Le lobbying a été tel, que le maire de Paris Centre, Ariel Weil, a enjoint aux sept restaurateurs qui entourent la place de retirer leurs terrasses situées sur le terre-plein central, au plus tard le 30 septembre 2020. Ce qu’ils ont fait, à contrecœur. Dès le 1er octobre au matin, la police est venue vérifier que les terrasses étaient bien enlevées.

45 emplois

Or, ce même 1er octobre, les commerçants de la place, comme tous les cafetiers-restaurateurs de Paris, ont reçu un mail signé par la Direction de l’Urbanisme de la Ville de Paris, prolongeant l’autorisation l’extension des terrasses éphémères jusqu’au 30 juin 2021 « afin de maintenir la diversité et la richesse du tissu économique ».
« On n’y comprend plus rien, explique Cyril Carsenac, gérant de La terrasse Sainte-Catherine. Nous avons démonté nos terrasses le 30 septembre pour ne pas prendre le risque d’une fermeture administrative. Nous souhaitons toujours une rencontre (qui nous est refusée) avec le maire et avec les riverains qui prétendent qu’il y a trop de bruit. Or, un détecteur de bruit installé par la Ville de Paris n’indique aucune nuisance sonore. »
Comme Cyril Carsenac, l’association des commerçants regrette cette mauvaise querelle. « Qu’on nous laisse travailler, souligne Cyril Carsenac. Nous représentons 45 emplois autour de la place Sainte-Catherine. Nous doublons notre chiffre d’affaires grâce aux terrasses éphémères. Elles nous ont sauvé la vie après le confinement. Nous souhaiterions les réinstaller au printemps. »
En attendant, cafetiers et restaurateurs redoutent un autre coup dur : la fermeture totale des établissements, comme à Aix-Marseille, pour deux semaines, ou plus….

Ariel Weil : « Il y a eu des abus »

Dans un entretien qu’il nous a accordé, le maire de Paris Centre explique qu’il doit veiller à l’équilibre entre les prérogatives des commerçants et les droits des riverains.

Ariel Weil, maire de Paris Cenre (photo mairie de Paris Centre)
Ariel Weil, maire de Paris Cenre (photo mairie de Paris Centre)

La querelle opposant les cafés-restaurants de la place du Marché Sainte-Catherine n’est pas récente. « Le contexte est très tendu depuis des années, souligne Ariel Weil. Après la période de confinement et l’autorisation très généreuse de la maire de Paris d’autoriser l’extension de terrasses provisoires sur le domaine public, il y a eu parfois des abus. Certes, une grande majorité de commerçants a joué le jeu. Mais une petite minorité d’entre eux, moins de 10% sans doute, a installé des sur-terrasses sur le terre-plein central qui doit servir de passage aux piétons. L’espace réservé aux pompiers est encombré. Je leur ai demandé de le libérer comme je leur ai demandé de libérer les entrées d’immeubles. Il a fallu encadrer les choses ici plus fortement qu’ailleurs. »
Ariel Weil rappelle que le dispositif des sur-terrasses, sous certaines conditions, voulu par la maire de Paris, Anne Hidalgo, « a sans doute permis de sauver la profession. Il fallait agir vite pour donner un coup de pouce aux cafetiers-restaurateurs, et tout le monde s’en félicite. Cette procédure est déclarative. Mais ce n’est pas pour autant que tout est permis. Personne n’a d’autorisation de la mairie. Personne n’a de droit ni titre sur ce terre-plein. »

« Marquer les limites « 

Le maire de Paris Centre insiste sur le fait qu’il doit « maintenir un équilibre, un juste milieu entre les souhaits des commerçants et les aspirations des riverains. « Il n’y a pas de lobbies, dit-il. Ce qui vaut pour la place Sainte-Catherine vaut pour l’ensemble de Paris. Les commerçants ont déjà leur terrasse à laquelle ils ont ajouté des sur-terrasses autorisées par la Ville de Paris, et certains voudraient ajouter encore de nouvelles sur-terrasses. Cela donne une mauvaise image de la profession, cela crée une concurrence déloyale avec ceux qui respectent leurs engagements. Ici, il y a eu des abus, nous avons marqué les limites ».

France Île-de-France