Un effort de réduction du déficit de 30 à 31 milliards d’euros, mêlant coupes de dépenses et nouvelles recettes. Vingt-trois niches fiscales vont être supprimées.

Le gouvernement a dévoilé les contours de son budget pour 2026, visant à ramener le déficit structurel de 5,4 % à 4,7 % du PIB. Cet ambitieux plan de rigueur, d’un montant de 30 à 31 milliards d’euros, s’appuie sur un savant équilibre entre réductions de dépenses et augmentations de recettes, le tout dans un contexte politique d’une grande fragilité.
Un partage équilibré entre économies et recettes
Environ 17 milliards d’euros de coupes de dépenses seront compensés par 14 milliards en nouvelles recettes. Ces dernières proviendraient du gel des tranches d’imposition, de la suppression de niches fiscales, et de contributions exceptionnelles. Le gouvernement entend notamment rationaliser plusieurs dispositifs d’exonération et envisage l’instauration d’impôts sur les holdings patrimoniales.
Une rupture méthodologique marque également cette présentation : abandonnant l’approche jugée opaque du « scénario tendanciel », le gouvernement opte pour un calcul plus simple et transparent, comparant année après année les chiffres réels.
Le gel de la réforme des retraites : un prix politique élevé
Pour obtenir le soutien de la gauche et éviter une motion de censure, l’exécutif propose de geler l’augmentation de l’âge légal de départ à 64 ans jusqu’après l’élection présidentielle de 2027. Une concession politique qui ne sera pas gratuite : ce gel coûtera environ 400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027, des montants qui devront être compensés ailleurs.
Impact sur les ménages
Les classes moyennes et modestes devraient être particulièrement affectées par le gel du barème de l’impôt sur le revenu. Cette non-indexation sur l’inflation augmentera mécaniquement la fiscalité pesant sur ces foyers, générant entre 3 et 4 milliards d’euros de recettes supplémentaires, mais au prix d’une perte de pouvoir d’achat estimée à 0,3 % pour les classes moyennes.
Par ailleurs, les prestations sociales comme la prime d’activité et les APL seront mieux ciblées, plus sélectives, tandis que les aides aux énergies renouvelables diminueront pour les hauts revenus. Le gaz et l’électricité connaîtront des augmentations progressives, avec une hausse attendue des factures d’énergie de 4 % en moyenne en 2026.
Entreprises : une fiscalité verte qui pèse
Les grandes entreprises devront s’adapter à la suppression de plusieurs dispositifs dérogatoires, notamment l’arrêt du sur-amortissement pour les investissements « non verts ». Le secteur devrait contribuer à hauteur de 4 milliards d’euros aux efforts de redressement.
Les secteurs du transport, du BTP et de la logistique seront particulièrement exposés à la hausse progressive de la fiscalité verte — extension de la taxe carbone et taxation des flottes d’entreprise. En revanche, le programme France 2030 sera maintenu, avec 2,5 milliards d’euros de subventions ciblées pour les PME industrielles et les startups vertes.
Des risques multiples et des tensions palpables
Le gouvernement espère que cette trajectoire budgétaire plus crédible rassure les marchés financiers et les institutions européennes. Cependant, plusieurs points de tension demeurent.
Des experts, dont le Haut Conseil des finances publiques, considèrent les hypothèses de croissance et de recettes trop optimistes. Un ralentissement économique ou des chocs extérieurs pourraient rapidement compromettre les objectifs fixés. De plus, l’instabilité politique chronique — le gouvernement ne dispose pas d’une majorité assurée — rend le passage du budget fragile. L’abandon promis du recours au 49.3 pourrait faciliter le compromis parlementaire, mais ôte à l’exécutif son arme habituelle de dernier recours.
Enfin, les coupes dans les dépenses sensibles — prestations sociales, santé, énergie — devraient susciter de fortes oppositions, tandis que la question de la soutenabilité de la dette publique à long terme reste ouverte.
23 niches fiscales supprimées
D’après le projet de loi de finances 2026 présenté le 14 octobre 2025, le gouvernement prévoit de supprimer 23 niches fiscales jugées « obsolètes ou inefficaces » parmi les 474 existantes.
Pour les retraités : L’abattement de 10% sur les pensions de retraite serait supprimé et remplacé par un abattement forfaitaire de 2 000 euros pour un célibataire et 4 000 euros pour un couple.
Cette mesure vise à faire davantage contribuer les pensions les plus élevées.
Pour les familles : La réduction d’impôt pour frais de scolarité dans le secondaire et le supérieur serait supprimée
Pour la santé : L’exemption d’impôt sur les indemnités journalières pour affection longue durée (ALD) serait fiscalisée
Taxe sur les holdings et les hauts revenus, gel des pensions de retraite… Ce que contient le projet de budget 2026 présenté par le gouvernement
Pour les automobilistes : Le tarif particulier pour le carburant E85 serait progressivement réduit.
Taxe sur les holdings et les hauts revenus, gel des pensions de retraite… Ce que contient le projet de budget 2026 présenté par le gouvernement.
Le gouvernement vise également des exonérations très ciblées ou à faible impact, comme l’exonération de l’impôt sur le traitement attaché à la Légion d’honneur, à la médaille du travail ou au prix Nobel.
Ces suppressions de niches fiscales devraient générer environ 5 milliards d’euros d’économies.
Le texte doit maintenant être débattu au Parlement dans les prochaines semaines.