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« En boucle » d’un autre jour sans fin

C’est la panique à l’hôtel dans ce film du cinéaste japonais Junta Yamaguchi, où clients et employés sont emportés dans une joyeuse et jubilatoire course contre le temps.

Toutes les deux minutes, une jeune fille amoureuse se retrouve au bord de la rivière, à 13 H 58 très exactement.

Sur le principe de « Un jour sans fin », des employés de bureau étaient coincés dans une même semaine à répétition sur leur lieu de travail dans « Comme un lundi », film de Ryo Takebayashi. Autre cinéaste japonais, Junta Yamaguchi fait dérailler le temps toutes les deux minutes dans « En boucle » (sortie le 23 juillet), film imaginé par le scénariste Makoto Ueda, spécialiste des comédies de science-fiction avec la troupe de théâtre Europe Kikaku.

Le décor est cette fois l’Auberge Fujiya, un établissement thermal de charme dans les montagnes ; une rivière traverse le village tranquille, un endroit si paisible qu’on apprécierait que le temps s’y arrête. Et c’est justement ce qui semble se produire, comme une impression de déjà vu : les mêmes scènes se répètent bizarrement, un client est aux bains, deux autres profitent d’un festin, une serveuse réchauffe du saké, la directrice stresse, un jeune cuisinier fait la sieste, une mystérieuse jeune femme en manteau blanc apparait dans la rue… Et toutes les deux minutes, une jeune fille amoureuse se retrouve au bord de la rivière, à 13 H 58 très exactement.

Un moment suspendu et répétitif

Dans la rue, apparait une mystérieuse jeune femme en manteau blanc.

Et c’est reparti pour un tour, tout recommence perpétuellement, cet éternel retour en arrière déclenche la panique à l’hôtel, où le personnel affolé est quand même aux petits soins pour la clientèle. Les anciens prisonniers du quotidien se retrouvent prisonniers d’une boucle temporelle avec retour systématique à la case départ. La neige recommence à tomber, puis fond et retombe à nouveau, même la météo est perturbée par cette distorsion du temps.

Dans ce moment suspendu et répétitif, le futur n’existe plus, mais cela en arrange plusieurs que le temps tourne dans une ronde sans fin, à commencer par un écrivain en panne d’inspiration. Après en avoir expérimenté le principe dans son précédent film, « Beyond the infinite two minutes », Junta Yamaguchi a tourné chaque boucle de deux minutes en une seule prise, un exercice de style qui donne son rythme au film. Si au départ, la course contre le temps des personnages est inquiétante, elle se fait ensuite joyeuse puis jubilatoire pour le spectateur. Par son humour, « En boucle » est ainsi une distrayante réflexion sur le temps.

Patrick TARDIT

« En boucle », un film de Junta Yamaguchi (sortie le 23 juillet).

Le personnel affolé est quand même aux petits soins pour la clientèle de l’hôtel, tous sont coincés dans une boucle temporelle.
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