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« War Pony », la vie en réserve

« L’impression de réalisme vient vraiment des acteurs », assure Gina Gammell qui a coréalisé avec Riley Keough une formidable chronique sociale, tournée dans le Dakota et primée à Cannes et Deauville.

Dans la réserve de Pine Ridge, tous les moyens sont bons pour s’en sortir, y compris revendre la drogue de son père, comme le fait Matho (au premier rang).

« Cette histoire vient d’une amitié », précisait Gina Gammell au Festival du Cinéma Américain de Deauville, avant la projection du film qu’elle a coréalisé avec Riley Keough, « War Pony » (sortie le 10 mai). L’amitié qu’avait lié Riley Keough, également comédienne (et petite-fille d’Elvis Presley), sur le tournage de « American Honey » réalisé par Andrea Arnold, avec deux figurants du film, Bill Reddy et Franklin Sioux Bob. Tous deux Amérindiens originaires d’une réserve du Dakota, Pine Ridge, où ils ont convié le duo de coréalisatrices. C’est là qu’a été tourné « War Pony », nourri d’histoires vécues, anecdotes et souvenirs racontés par Bill et Frank, devenus coscénaristes de ce film qui a reçu la Caméra d’Or au Festival de Cannes l’an dernier, puis les Prix du Jury et de la Révélation au Festival de Deauville.

« Tout ce qui est à l’écran est inspiré de faits réels, la fin est plus métaphorique », précise Gina Gammell, tous les comédiens ayant été recrutés parmi les habitants de la réserve, dans la tribu Lakota. « C’était une expérience très forte, comme cela n’arrive qu’une fois dans la vie », assure Gina Gammell, « Le film a l’air très naturel, très spontané, mais il n’y a pas eu du tout d’improvisation, tout a été écrit et il y a eu beaucoup de répétitions. C’est un film très construit, l’impression de réalisme vient vraiment des acteurs ».

Une certaine Amérique, peu reluisante

Et c’est donc avec réalisme que ce récit dépeint avec justesse une certaine Amérique, peu reluisante, un cauchemar américain, une vie sans avenir possible pour toute une population de déclassés, d’oubliés du progrès. Tels Matho, gamin de 12 ans et sa bande de copains, et Bill, jeune père fauché. Tous deux essaient de s’en sortir, tous les moyens de débrouille sont bons : Matho revend la drogue de son père qui le jette dehors, Bill croit faire une affaire en espérant revendre de futurs chiots, et accepte quand même un boulot « sérieux ».

« War Pony » est une formidable chronique sociale, qui ne cache rien de la pauvreté, de l’exclusion, de la délinquance… et est imprégné de la culture indienne, chants, danses, même si la jeune génération ne parle plus la langue de son peuple. Ainsi, un bison y apparait comme par magie : « Le bison appartient à la culture amérindienne, c’est un symbole. Le bison est un animal qui vous nourrit, qui vous tient chaud, il est très important », explique Gina Gammell, « Il y a un attachement viscéral des personnages à leur terre, le rapport aux animaux, à la terre, est très important ».

Patrick TARDIT

« War Pony », un film de Gina Gammell et Riley Keough (sortie le 10 mai).

C’est comme par magie qu’un bison apparait dans le film : « Le bison appartient à la culture amérindienne, c’est un symbole. Le bison est un animal qui vous nourrit, qui vous tient chaud, il est très important », explique Gina Gammell.
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