Le groupe Fnac Darty aurait accepté, ces dernières années, de recevoir des paiements en liquide pouvant aller jusqu’à des dizaines de milliers d’euros par jour. Une pratique totalement illégale.
La loi française le stipule clairement : depuis 2015 le paiement en espèces d’un bien ou d’un service est limité à 1000 euros. Un montant qui peut grimper jusqu’à 15 000 euros dans le cas de personnes n’ayant pas leur résidence fiscale en France et seulement pour des achats dans le cadre privé.
Selon Médiapart qui révèle l’affaire, la justice a ouvert une information judiciaire pour « blanchiment d’infractions commises en bande organisée » et « associations de malfaiteurs ».
« J’ai été formé pour cela »
Le juge va désormais chercher à savoir si cette pratique plus que douteuse est le fait de quelques individus ou s’il s’agit d’un système généralisé à tout le groupe.
Pour l’ex-salarié que nous avons rencontré, le paiement en liquide pour des sommes bien supérieurs à 1000 euros était monnaie courante. Presqu’une habitude.
L’homme, âgé d’une trentaine d’années a souhaité garder l’anonymat. Nous l’appellerons « Jean-Marie ». Pour lui ces versements d’espèces contre marchandises étaient quasi-quotidiens. « Des sommes qui pouvaient atteindre, dans le magasin de la banlieue parisienne où je travaillais, de 15 000 à 20 000 euros par jour injectés dans la comptabilité. »
Procédure de licenciement
Et Jean-Marie de nous expliquer la manœuvre. « L’argent arrivait de l’extérieur la plupart du temps en petites coupures de 10,20 ou 50 euros. Par une astuce difficilement repérable, ces sommes étaient classées comme acompte et noyées dans la comptabilité. Ensuite on pouvait répartir cet argent et créer de fausses ventes. Avec la possibilité pour les apporteurs de billets d’utiliser ces acomptes, le jour même ou même quelques semaines plus tard. »
« Jean-Marie » avoue que sa hiérarchie directe, en l’occurrence la « Responsable Pôle service » était au courant de cette pratique. « C’est même elle qui m’a formé à cela. Le jour où je lui ai laissé entendre que je ne souhaitais plus agir de la sorte, mes ennuis ont commencé. Je ne savais pas qu’elle était dans la combine ».
Une procédure de licenciement a été lancée contre cet ex-salarié pour des motifs estime-t-il fallacieux, qui l’ont conduit à saisir les prudhommes.
Affaire à suivre…