Une note de conjoncture de l’Insee montre que la réouverture de certains commerces a permis un rebond de la consommation des ménages fin novembre 2020. L’emploi salarié est marqué par une hausse en trompe l’oeil. Le PIB est en recul de 9%.
2020 se termine et restera une année d’une extrême singularité sur le plan de la conjoncture économique. Dix mois après le début du premier confinement, la situation sanitaire demeure le principal déterminant de l’activité. Le deuxième déconfinement qui s’engage est ainsi plus graduel que le premier, compte tenu des incertitudes persistantes sur le développement à court terme de l’épidémie. Néanmoins, comme prévu, l’analyse des montants agrégés de transactions par carte bancaire CB montre que la réouverture fin novembre des commerces « non essentiels » a permis un rebond de la consommation des ménages.
Baisse du PIB
L’emploi pâtirait également de ce deuxième confinement : après le rebond vigoureux observé au troisième trimestre (+ 400 000 créations nettes entre fin juin et fin septembre), l’emploi salarié reculerait à nouveau au quatrième trimestre 2020 (– 300 000 prévu). La population active se contracterait également, comme pendant le premier confinement, sous l’effet des difficultés à rechercher un emploi dans ces circonstances. Une nouvelle baisse en trompe-l’œil du taux de chômage serait alors observée (8 % prévu en fin d’année, après 9 % au troisième trimestre) ; en contrepartie, le halo autour du chômage augmenterait fortement.
En 2020, le PIB français a nettement plus baissé que le pouvoir d’achat des ménages
En moyenne annuelle, l’ordre de grandeur du recul du PIB en 2020 est confirmé à – 9 %. Il est intéressant de se pencher sur la décomposition de cette baisse, selon les trois approches du PIB en comptabilité nationale (production, demande, revenu).
Comparaisons internationales
Les comparaisons internationales restent difficiles à plusieurs titres. Il apparaît ainsi que relativement à d’autres pays dont notamment l’Allemagne, la chute d’activité en France a été, à la mi-mars, plus soudaine et de plus grande ampleur. Mais le rebond qui a suivi a, symétriquement, été plus net en France. En particulier, la consommation des ménages y a très vite retrouvé, au début de l’été, un niveau proche de son niveau d’avant-crise. En novembre, l’intensité de l’épidémie a conduit à un reconfinement en France, de manière plus précoce qu’en Allemagne où un durcissement significatif des restrictions a été annoncé pour la mi-décembre.
2021, le temps des remèdes ?
Avec 2021 devrait arriver le temps des remèdes plus pérennes. L’espoir est en particulier que la vaccination permette de juguler l’épidémie et de lever les restrictions qui pèsent sur la vie économique et sociale. Les économies européennes devraient, en parallèle, bénéficier – au-delà des soutiens d’urgence – des différents plans de relance préparés ces derniers mois.
À court terme néanmoins, la situation sanitaire continuera de faire l’objet d’une vigilance accrue et il est possible que pendant quelques mois encore la reprise ondoie au gré des mesures de restrictions. Par ailleurs d’autres aléas, dont notamment les modalités du Brexit, sont susceptibles d’affecter les prévisions.
Nous faisons l’hypothèse d’une stabilisation progressive de la situation sanitaire, qui permettrait d’ici juin de retrouver une activité économique proche de celle observée pendant l’été dernier. Notre scénario s’appuie, entre autres, sur les anticipations exprimées par les entreprises dans l’enquête Acemo-Covid. Le PIB rebondirait ainsi de + 3 % au premier trimestre 2021, puis de + 2 % au deuxième. L’activité en juin 2021 ne serait ainsi plus « que » 3 % sous son niveau d’avant-crise. L’« acquis de croissance [2] » annuelle s’élèverait mi-2021 à 6 %. Ce chiffre est élevé mais il reflète surtout le point très bas que constitue 2020. En parallèle, l’inflation, quasi nulle fin 2020, se redresserait d’ici juin 2021.
La chronique au mois le mois de la reprise économique demeure néanmoins incertaine d’ici la mi-2021, le risque d’un nouvel emballement épidémique faisant peser une épée de Damoclès au-dessus des activités les plus susceptibles d’être bridées par les mesures d’endiguement, activités qui représentent tout de même environ 10 % du PIB français.