Dans une interview au Point, l’ancien ministre de l’Intérieur « regrette » l’accueil de migrants à Toulon et révèle son désaccord avec le président de la République sur la question migratoire, à l’origine de sa démission en 2018.
Dans cette interview décapante de l’ancien maire socialiste de Lyon et ancien ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb fait quelques révélations fracassantes. Il réaffirme son opposition à l’accueil du bateau de SOS Méditerranée qui a débarqué vendredi à Toulon 234 migrants et rappelle qu’en 2018 il s’était opposé à la création d’un « hot spot » c’est-à-dire un lieu d’accueil de migrants clandestins à Toulon. Cette divergence de vues avec le président de la République sur la question migratoire a été la cause de sa démission de la place Beauvau.
Un djihadiste en situation irrégulière
« Je veux alerter sur les enjeux fondamentaux qui sont à l’œuvre dans l’affaire de l’Ocean Viking » déclare d’emblée l’ancien ministre de l’Intérieur. « Il y a quatre ans, les problèmes migratoires étaient déjà extrêmement importants. La Commission européenne avait lancé l’idée de centres contrôlés pour accueillir les migrants. Peu après, les chefs d’État, réunis spécialement pour traiter les problèmes migratoires, reprennent ce projet, Emmanuel Macron s’y montrant l’un des plus favorables. »
Gérard Collomb ajoute qu’au moment où il décide de quitter le gouvernement, il doit présider une cérémonie à la mémoire de deux jeunes filles, gare Saint-Charles à Marseille, assassinées en 2017 par un djihadiste. « L’auteur, un Tunisien en situation irrégulière, aurait dû être placé la veille en centre de rétention administrative à Lyon pour être expulsé. Il ne l’a pas été, et il a pris le lendemain le train pour Marseille où il commettra ce crime. Je pense alors : Je ne veux plus que cela se reproduise. »
« Marine Le Pen aurait pu être élue »
Pourquoi l’ancien ministre n’a-t-il pas révélé plutôt le véritable motif de sa démission ? Réponse : « Si j’avais dit cela à l’époque, j’aurais gravement nui à Emmanuel Macron. Si je m’étais exprimé avant la présidentielle, mon intervention aurait pu inverser le résultat de cette élection et Marine Le Pen être élue. »
Et s’il parle aujourd’hui, c’est que l’accueil de l’Ocean Viking change la donne et « crée un appel d’air » pour tous les candidats à l’immigration. Ce dont il ne veut pas. Car, dit-il « On voit aujourd’hui que dans nos grandes agglomérations, ils finissent sous des tentes, sous des ponts, dans des camps de fortune. À Lyon, le problème devient si aigu qu’après avoir dit Bienvenue [aux migrants], les élus écologistes se retrouvent débordés. »
Ces propos, en opposition frontale avec la politique de son successeur Gérald Darmanin, ont fait réagir la classe politique
Marine Le Pen a notamment souligné « la trahison » de Gérard Collomb qui s’est tu. « Il faut désormais écouter la volonté des Français et en finir avec cette immigration anarchique et massive qui crée le chaos dans notre pays. »
L’Ocean Viking n’a pas fini de faire des vagues politiques.
Dans @LePoint, Gérard Collomb affirme qu'il a démissionné de Beauvau car il s'opposait à Emmanuel Macron sur la création d'un centre d'accueil pour migrants à Toulon. C'est la mort des deux jeunes filles tuées à la gare de Marseille par un clandestin tunisien qui l'aurait décidé.
— Paul Sugy (@PaulSugy) November 13, 2022
Le témoignage de @gerardcollomb confirme la vision immigrationniste qu’Emmanuel Macron n’a en réalité jamais cessé d’avoir. Il faut désormais écouter la volonté des Français et en finir avec cette immigration anarchique et massive qui crée le chaos dans notre pays.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) November 13, 2022
Il avoue qu’il savait et qu’il s’est tu en trompant les Français afin d’éviter mon élection. Sachez qu’ils sont nombreux à vous trahir ! pic.twitter.com/vqHyfWhXtW
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) November 13, 2022