Qu’ils soient étudiants, en emploi ou au chômage sur un marché du travail dégradé, ceux-ci font partie des premières victimes de la crise économique liée à l’épidémie de Covid-19.
En 2017, un peu plus de 450 000 jeunes de 18 à 24 ans habitent le Grand Est, soit un dixième des adultes de la région. L’épidémie de Covid 19 et la crise économique qu’elle engendre devrait accroître la précarité de cette génération, d’autant qu’elle n’est pas éligible, sauf exceptions, au bénéfice du revenu de solidarité active (RSA).
Un jeune sur deux est étudiant, un sur cinq non inséré dans les études ou l’emploi
Un jeune sur deux de 18 à 24 ans est inscrit dans un établissement d’enseignement supérieur, soit plus de 225 000 personnes en 2017 dans le Grand Est. Dans les mois ou les années à venir, ces étudiants chercheront un emploi, dans un contexte économique peu favorable. En 2017, 21 % d’entre eux travaillaient déjà, que ce soit en apprentissage (55 %) ou pour financer leurs études.
Ceux non inscrits dans un établissement d’enseignement ont quitté temporairement ou définitivement le système éducatif : en 2017, plus de 87 000 jeunes, soit 19 % des 18-24 ans, n’étaient ni en emploi, ni en études, tandis que 138 000 travaillaient. Dans près de quatre cas sur dix, ces jeunes actifs disposaient alors d’un contrat à durée déterminée (CDD), d’un contrat aidé ou d’une mission d’intérim.
Au total, près de 95 000 jeunes de la région sont salariés en contrat précaire, et pourraient de ce fait voir leur emploi particulièrement menacé : 60 % sont sortis du système scolaire tandis que 30 % sont apprentis ou en stage rémunéré, et 10 % cumulent travail et études.
Hors des pôles, davantage de jeunes en emploi précaire ou non insérés
Les jeunes sont particulièrement présents dans les pôles, où ils représentent 14 % de la population adulte, et même encore davantage dans les grands pôles étudiants. Ainsi, les moins de 25 ans représentent 22 % des adultes résidant dans le pôle de Nancy, 18 % dans celui de Reims et 17 % dans celui de Strasbourg.
Les jeunes qui résident dans les pôles sont majoritairement étudiants : 57 % sont inscrits dans un établissement d’enseignement. Cette proportion est particulièrement forte à Strasbourg, Nancy, Reims et Metz. Dans les couronnes et surtout hors des aires d’attraction des villes, les jeunes sont bien moins souvent étudiants et davantage en emploi précaire ou non insérés (ni en études ni en emploi).
Ces réalités varient toutefois fortement d’un territoire à l’autre du Grand Est. Dans certains pôles comme ceux de Charleville-Mézières, Sarreguemines, Saint-Dié-des-Vosges, Saint-Dizier, Forbach ou Sedan, la part des jeunes non insérés dans l’emploi ou dans un parcours d’études approchait ou dépassait le seuil de 30 % en 2017. Elle est élevée aussi à Mulhouse (26 % en 2017), où se concentrent de nombreux jeunes sortis précocement du système scolaire. La proportion de jeunes non insérés est ainsi légèrement plus élevée dans les pôles du Grand Est que dans l’ensemble des pôles métropolitains (+ 3 points).
Les jeunes déjà très touchés par les conséquences économiques de la crise
Les jeunes actifs de moins de 25 ans occupent plus souvent des professions qui étaient à l’arrêt lors du premier confinement de la population, ou qui présentaient des possibilités limitées de télétravailler. A l’échelle régionale comme nationale, 60 % des jeunes occupent de tels métiers contre 51 % de l’ensemble des actifs en emploi de la région.
À l’inverse, leurs métiers sont moins souvent totalement ou partiellement télétravaillables (19 % contre 33 %). Lorsqu’ils travaillent, les jeunes exercent davantage dans des secteurs d’activité très affectés par la crise, comme la restauration, l’hébergement, les activités culturelles et sportives, ou encore les commerces fermés au début du deuxième confinement. Dans le Grand Est, ces secteurs employaient 16 % des jeunes en emploi contre 9 % de l’ensemble des actifs occupés. Les jeunes actifs pourraient ainsi être particulièrement vulnérables face à la crise, d’autant qu’ils disposent plus fréquemment de contrats précaires (21 % contre 12 %).
Entre le 4ᵉ trimestre 2019 et le 4ᵉ trimestre 2020, malgré les difficultés potentielles à faire des actes positifs de recherche d’emploi, le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans n’ayant pas du tout travaillé sur le mois ou ayant seulement travaillé à temps incomplet (catégories A, B et C) s’est accru de 6 % dans le Grand Est. Tout en étant légèrement supérieure à celle de leurs aînés, cette hausse demeure un peu moindre que celle de l’ensemble des moins de 25 ans résidant en métropole (- 1 point). En l’espace d’un an, le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans a très fortement augmenté dans le Bas-Rhin et la Meuse (respectivement + 10 et + 9 points), alors que celui-ci est resté stable dans les Ardennes et a même légèrement décru dans les Vosges (- 2 points).
Ces difficultés que rencontrent les jeunes sur le marché du travail pourraient compromettre leur autonomie résidentielle, a fortiori s’ils ne sont pas (ou plus) soutenus financièrement par leur famille. En 2017, 39 % des jeunes de moins de 25 ans de la région avaient quitté le domicile des parents et étaient locataires de leur logement. Un peu moins de la moitié d’entre eux était en emploi. La proportion de jeunes locataires de leur propre logement atteignait 53 % dans les pôles et même respectivement 65 et 70 % dans ceux de Reims et de Nancy.
Thomas Ducharne, Sophie Villaume (Insee)