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Sarkozy, c’est fini !

En politique, on ne repasse jamais les plats. Pour avoir ignoré cet adage bien connu, l’ancien président de la République essuie un échec humiliant.

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Nicolas Sarkozy met fin à sa carrière politique (DR)

En n’obtenant que 20,6% des suffrages, au premier tour de la primaire à droite, derrière Alain Juppé (28,6%) mais surtout très loin de son ancien Premier ministre, François Fillon (44,1%), Nicolas Sarkozy est rejeté par sa famille politique. Son score médiocre au premier tour de la primaire à droite sonne comme un cruel désaveu de la part de ceux qui l’avaient porté à la magistrature suprême en 2007. Il met un point final à une très longue carrière.
Sarkozy a quitté la scène politique, dimanche soir, lorsqu’il s’est adressé à ses électeurs. « Il est donc temps maintenant pour moi d’aborder une vie avec plus de passions privées et moins de passions publiques. Bonne chance à la France, bonne chance à vous mes chers compatriotes, soyez certains que Français je suis, Français je reste et que tout ce qui de près ou de loin touche à la France me touchera toujours personnellement. »
Il ajoute : « Je n’ai aucune amertume, je n’ai aucune tristesse et je souhaite le meilleur pour mon pays, pour vous mes chers compatriotes…. La droite a donné une bonne image, j’ai été heureux de participer à ce combat, au revoir à tous. »

Tous contre Sarkozy

« Au revoir à tous ». A l’évidence, l’ancien président a décidé de quitter le terrain politique. Et certainement le parti qu’il préside, Les Républicains. Il n’a aucun mandat électif. Il pourra siéger au Conseil constitutionnel dont il est membre de droit en tant qu’ancien président de la République. Mais il est peu probable qu’il le fasse.
On n’a pas fini, évidemment, de chercher les causes de cet échec électoral.
Pourquoi n’a-t-il pas su convaincre ? Trop « clivant », trop « cassant ». Nombre de ses anciens partisans lui ont préféré le calme et la détermination tranquille d’un François Fillon. « Je t’ai vu de près et, justement, maintenant je suis candidate contre toi » lui a lancé son ancienne ministre Nathalie Kosciusko-Morizet. « Je n’ai pas voté Fillon, lâche un militant de droite en sortant, dimanche, de l’isoloir. J’ai voté contre Sarkozy. » Ils étaient nombreux à s’exprimer ainsi.
Les polémiques à répétition durant la campagne, les « affaires » qui ne le lâchent plus ont provoqué un mouvement d’hostilité dans son propre camp. « Tout sauf Sarkozy » semble avoir été le mot d’ordre d’une majorité d’électeurs de droite. On se souvient de « nos ancêtres sont les Gaulois » ou de « la double ration de frites » pour les enfants qui ne mangent pas de porc ont pu choquer.

« Qui imagine le général de Gaulle… »

Mais ce sont surtout les affaires judiciaires dans lesquelles Nicolas Sarkozy est empêtré qui ont suscité sans doute le plus fort rejet. Le financement libyen de sa campagne électorale de 2007 est revenu opportunément dans l’actualité lorsqu’un intermédiaire véreux, Ziad Takieddine, a révélé à la presse qu’il avait lui-même porté des valises d’argent liquide à Nicolas Sarkozy. « C’est indigne » a rétorqué l’ancien président à David Pujadas qui l’interrogeait sur cette affaire lors du dernier débat télévisé. Indigne surtout de ne pas répondre à cette question gênante.
Il y a aussi cette affaire Bygmalion, une vaste triche de fausses factures relatives à la campagne présidentielle de 2012 pour laquelle Sarkozy est renvoyé devant le tribunal correctionnel.
Pourtant, le coup le plus rude lui a été porté non pas par la justice, mais par l’un des candidats au tout début de la campagne : « Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen, s’est offusqué François Fillon ? Il ne sert à rien de parler d’autorité quand on n’est pas soi-même irréprochable. »
François Fillon ajoute perfidement : « Avoir une haute idée de la politique signifie que ceux qui briguent la confiance des Français doivent en être dignes. Ceux qui ne respectent pas les lois de la République ne devraient pas pouvoir se présenter devant les électeurs. »
Ainsi cloué au pilori par son ancien Premier ministre, Nicolas Sarkozy avait du plomb dans l’aile. Ses dérapages sur les Gaulois et les frites ont fait le reste.

Marcel GAY

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