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« Nino », le malade pas imaginaire

Prix d’Ornano-Valenti au Festival de Deauville, le premier long-métrage de Pauline Loquès est « un film très intime fait avec beaucoup d’amour », porté par un acteur formidable, Théodore Pellerin.

Pauline Loquès a écrit son premier long-métrage après la mort d’un proche à l’âge de 37 ans, d’un cancer.

Toute à la joie de recevoir le Prix d’Ornano-Valenti 2025 au Festival de Deauville, prix décerné à un premier film français, la réalisatrice Pauline Loquès était quand même un peu stressée quatre jours avant la sortie de son premier long-métrage, « Nino » (en salles le 17 septembre). En Normandie, elle était accompagnée de celui qui incarne son Nino, le comédien canadien Théodore Pellerin, qu’elle présente comme « un des plus grands acteurs du monde ».

Vu aussi en fan harceleur et manipulateur dans « Lurker » d’Alex Russell, autre film présenté à Deauville, Théodore Pellerin joue un Nino « vulnérable et attachant » dans ce « film très intime fait avec beaucoup d’amour », assure Pauline Loquès. Un film qu’elle a écrit après la mort d’un proche à l’âge de 37 ans, d’un cancer, une disparition qui l’avait « terrassée ».

Venu simplement chercher des résultats médicaux à l‘hôpital, Nino va avoir du mal à comprendre qu’il est en fait un malade pas imaginaire. Un diagnostic annoncé de façon un peu abrupt par une médecin : un cancer de la gorge, jeune donc prioritaire, il doit commencer son traitement dans quelques jours, chimiothérapie et radiothérapie au programme. Sous le choc, le jeune homme un peu dégingandé ne réalise pas tout de suite ce qui lui arrive. Désemparé, il repart avec un petit pot dans la poche de son large manteau, un petit pot à remplir pour sauvegarder une éventuelle descendance.

Un récit doux et bienveillant

Nino, qui a perdu les clés de son appartement, va alors errer dans Paris le temps d’un week-end ; une déambulation qui lui permet de faire des rencontres, un curieux inconnu aux bains-douches (Mathieu Amalric), une ancienne copine de collège (Salomé Dewaels) qui lui fera la lecture d’Anaïs Nin dans une jolie scène, peut-être même sauve-t-il la vie de son concierge qu’il découvre inanimé. Pas bavard, le garçon a bien du mal à annoncer la mauvaise nouvelle à ses proches, n’arrive pas à le dire clairement à sa mère (Jeanne Balibar), et finit par lâcher « C’est un cancer » à son meilleur ami (William Lebghil) qui lui a organisé un anniversaire surprise.

« Mais non, c’est pas un cancer », tente de rassurer son pote, maladroit comme tout le monde dans telle situation, qui génère mots creux, banalités ou silences. La difficulté d’en parler, de nommer le mal, correspond à celle de la réalisatrice et de sa productrice à trouver un financement pour un film sur un jeune homme souffrant d’un cancer. Pourtant, « Nino » est un film d’une grande délicatesse, un récit tout de douceur et de bienveillance, qui jamais ne tombe dans le mélo ou le larmoyant. Un récit, il est vrai, porté par le formidable acteur qu’est Théodore Pellerin (Prix de la Révélation à la Semaine de la Critique, à Cannes) qui, tout en en faisant et en disant très peu, dégage une forme de grâce.

Patrick TARDIT

« Nino », un film de Pauline Loquès avec Théodore Pellerin (sortie le 17 septembre).

Pour ce rôle de « Nino », Théodore Pellerin a reçu le Prix de la Révélation à la Semaine de la Critique, à Cannes (Photo Blue Monday Productions)..
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