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Balade grecque

Longtemps producteur de télé, Takis Candilis renoue avec ses origines grâce à « L’enfant qui mesurait le monde », petit mélo familial et touristique.

Après la mort de sa fille, le personnage joué par Bernard Campan découvre qu’il a un petit-fils dont il ignorait l’existence.

Réalisateur d’un film sélectionné à Cannes il y a plus de quarante ans, « Transit » (avec Richard Bohringer), Takis Candilis n’avait pas été satisfait du résultat. Il s’était alors orienté vers la production télé, devant ensuite directeur des programmes de TF1 puis de France Télévisions, chaînes pour lesquelles il a mené de nombreux projets de téléfilms et séries. Il lui aura fallu la lecture d’un roman de Metin Arditi, « L’enfant qui mesurait le monde », pour qu’il réalise à nouveau un long-métrage de cinéma (sortie le 26 juin).

« C’est un livre qui parlait de la réalité grecque et qui m’a beaucoup touché. J’ai un nom très grec mais, comme le héros du film, je suis né en France et je n’ai pas senti ma grécité. Il a fallu ce livre pour me réveiller à mes origines », confiait Takis Candilis aux Rencontres du Cinéma de Gérardmer, où « L’enfant qui mesurait le monde » était présenté en avant-première. Joué par Bernard Campan, le personnage principal est un homme d’affaires parisien, Alexandre Varda, qui apprend la mort de sa fille Sofia dans une île grecque où elle vivait, son corps retrouvé au pied d’une falaise.

Depuis une douzaine d’années, Sofia avait coupé tous les liens avec son père mais, bouleversé, celui-ci se rend aussitôt sur place, ne sachant rien de la vie de sa fille ni même de ce petit-fils dont il ignorait l’existence ; Yannis, un p’tit bonhomme de 9 ans 4 mois et 13 jours, qu’un trouble autistique incite à tout compter et recompter. Alors que le grand-père décide de s’occuper de lui et envisage de le ramener à Paris, le rapport est plutôt tendu avec le gamin. « N’est pas autiste celui qu’on pense, le personnage du grand-père l’est autant que son petit-fils », estime Takis Candilis.

« Un pays qu’on visite comme un musée »

La lumineuse Maria Apostolakea joue Maraki, qui prend soin du fils de son amie disparue.

Alexandre découvre aussi que sa fille était une pasionaria locale, qui résistait à des promoteurs lorgnant sur sa maison pour construire à la place un hôtel de luxe. Un projet qui divise la population de l’île, les réfractaires refusant qu’on dénature leur paradis. Lui-même éjecté de sa société, le nouveau papy se questionne sur sa propre vie, celle de son petit-fils, le sort du village… « Il y a la thématique de l’autisme, le problème de la crise financière dont la Grèce se remet difficilement, et ce combat éternel entre la modernité et les colonnes, c’est un pays qu’on visite comme un musée », dit Takis Candilis, « C’est un pays magnifique mais c’est un pays qui souffre ».

Si ce film était pour lui l’occasion de renouer avec sa propre histoire familiale, ses racines, le récit tient de la gentille balade grecque, un petit mélo familial et touristique. Mise à part la lumineuse Maria Apostolakea (qui joue Maraki amie de Sofia), interprétation, fabrication et scénario tiennent plutôt du téléfilm ; même l’habituellement sympathique Bernard Campan semble avoir du mal à incarner un personnage d’abord désagréable, qui va forcément s’humaniser au contact du petit Yannis.

Patrick TARDIT

« L’enfant qui mesurait le monde », un film de Takis Candilis, avec Bernard Campan (sortie le 26 juin).

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