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« Stars at noon », la cavale de tous les dangers

Moiteur, rhum, et passion, tel est le cocktail de ce film de Claire Denis, Grand Prix au Festival de Cannes l’an passé.

 » Elle est sauvage, elle est comme une herbe folle  », dit la réalisatrice Claire Denis de son actrice Margaret Qualley.

En 2022, la cinéaste Claire Denis a réalisé un sacré doublé : Ours d’argent au Festival de Berlin en février pour « Avec amour et acharnement », et Grand Prix du Festival de Cannes en mai pour « Stars at noon » (sortie le 14 juin). « C’est un film de réalisatrice, il y a du cinéma tout le temps (…) Claire Denis est une légende pour les cinéphiles, elle a été assistante de Wim Wenders et Jim Jarmusch », disait quelques mois plus tard Thierry Frémaux, délégué général du festival cannois, sur la scène du Festival du Cinéma Américain de Deauville, où étaient présentés « Stars at noon » et l’autre Grand Prix cannois, « Close » de Lukas Dhont.

« Wenders m’a entraînée dans l’aventure de ‘’Paris Texas’’, il y avait tellement d’obstacles sur ce film que j’ai appris à les surmonter, ça a été une leçon d’obstination et de joie », ajoutait Claire Denis en Normandie. Obstacles et obstination encore pour « Stars at noon », finalement tourné au Panama alors qu’il se déroule au Nicaragua », pays fermé à cause de la pandémie de covid : « On l’a fait mieux que si on l’avait fait au Nicaragua », estime la cinéaste de « Trouble every day », « J’ai pas sommeil », « White Material »…

Obstacles et obstination toujours, pour cette adaptation d’un livre de l’écrivain américain Denis Johnson (« Des étoiles à midi »), un film en anglais au casting international, dirigé par la réalisatrice française. Denis Johnson s’inspirait de son histoire alors qu’il voulait devenir journaliste, lors la révolution sandiniste au Nicaragua en 1984. Claire Denis met en scène une jeune héroïne, incarnée par Margaret Qualley (fille d’Andie MacDowell), repérée chez Tarantino dans « Once upon a time… in Hollywood » : « Je suis tombée en extase devant cette jeune femme, elle est sauvage, elle est comme une herbe folle », dit-elle.

La détermination d’une femme à sauver sa peau

« Je voulais connaître les dimensions exactes de l’enfer », déclare son personnage, Trish, belle brune américaine, qui mesure donc l’enfer sur Terre au Nicaragua, où elle se retrouve bloquée. Passeport confisqué, argent volé, elle se présente comme journaliste américaine dans un pays en plein chaos ; monnayant ses charmes à l’occasion, elle arpente les bars des grands hôtels internationaux et cherche désespérément à quitter le pays. C’est donc devant un verre qu’elle rencontre un Anglais, Daniel (Joe Alwin), qu’elle croit homme d’affaires ou humanitaire, avec qui elle décide de faire équipe.

Mais leur cavale vers la frontière du Costa Rica est une fuite de tous les dangers ; poursuivi par la police et la CIA, Daniel n’est pas le meilleur bon de sortie. Piégés dans un pays en révolution, les héros sont également piégés par leur histoire amoureuse. L’intrigue est alambiquée mais c’est l’atmosphère qui intéresse Claire Denis, qui a concocté un cocktail de moiteur, rhum, et passion, dans ce film qu’elle a voulu « poétique et mélancolique ». Porté par la superbe et magnétique Margaret Qualley, « Stars at noon » est aussi le récit de la puissante détermination d’une femme à sauver sa peau. Quoiqu’il en coûte.

Patrick TARDIT

« Stars at noon », un film de Claire Denis avec Margaret Qualley et Joe Alwin (sortie le 14 juin).

Piégés dans un pays en révolution, Trish et Daniel (Joe Alwyn) sont également piégés par leur histoire amoureuse.
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