La jeune et douce Elle Fanning incarne la créatrice de « Frankenstein », dans ce film littéraire et féministe.
Première femme réalisatrice d’Arabie Saoudite, Haifaa Al-Mansour avait réalisé le premier film tourné dans son pays, « Wadjda ». La cinéaste, qui a grandi « dans un environnement où les femmes n’ont pas les mêmes droits que dans la culture occidentale », s’intéresse cette fois à la création littéraire et à l’émancipation d’une femme avec « Mary Shelley » (sortie le 8 août), consacré à l’auteur de « Frankenstein ou le Prométhée moderne ».
La jeune et douce Elle Fanning incarne Mary Wollstonecraft Godwin, demoiselle qui écrit des poèmes et des histoires de revenants dans un cimetière de Londres, adossée à la tombe de sa mère, morte dix jours après lui avoir donné le jour. Cultivée, érudite, Mary a la littérature en héritage, fille d’un écrivain politique et d’une philosophe féministe qu’elle n’a pas connue, auteur de « Défense des droits de la femme ».
« Aimer lire, c’est tout avoir à sa portée », lui dit son père. Mary aime lire, aime écrire, et aime la liberté. Lors d’une soirée littéraire en Ecosse, elle rencontre Percy Shelley (joué par Douglas Booth), un séduisant poète, excentrique et rebelle. A seize ans, en 1814, elle quitte la librairie familiale et s’enfuit avec son poète. « Amours tumultueux et idées progressistes », le couple choisit d’aimer et vivre comme il désire, affrontant drames et scandales. Alors qu’ils sont invités dans la demeure de Lord Byron, au bord du Lac Léman en Suisse, un pari est lancé une nuit d’orage : écrire une histoire qui fait peur. Mary relève le défi et invente les personnages du docteur Frankenstein et de sa fameuse créature. Elle a 18 ans.
Avec tout le romantisme du XIXème siècle
Mais à cette époque, en 1816, une femme de lettres, ça n’existe pas dans le cadre étriqué de la société si conservatrice d’alors. Impossible de publier ce premier roman en son propre nom, avec un si « curieux sujet pour une jeune femme ». « Frankenstein ou le Prométhée moderne » est édité anonymement ; son mari Percy Shelley, qui en a signé la préface, laisse d’abord croire qu’il en est l’auteur, avant de révéler que son épouse en est la véritable créatrice.
« Mary Shelley » est un film très littéraire, empreint du romantisme du XIXème siècle, avec une mise en scène soignée et une lumière tout en clair-obscur. Le récit biographique est un peu longuet, le final étant assurément le plus intéressant, lorsqu’il est vraiment question de « Frankenstein », devenu un personnage marquant de la culture populaire ; le scénario est alors passionnant pour qui s’intéresse à la littérature et au cinéma, ce roman ayant inspiré tant de films d’horreur.
« Mélange de jeunesse et de force intérieure », Elle Fanning apporte son charme et sa fougue à cette héroïne, une femme déterminée qui veut échapper au carcan des contraintes sociales. Tout en renvoyant aux mouvements féministes contemporains, « Mary Shelley » est aussi un film sur la jeunesse, ses élans, et la perte de l’innocence.
Patrick TARDIT
« Mary Shelley », un film de Haifaa Al-Mansour, avec Elle Fanning (sortie le 8 août).