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« Chacun chez soi », confinement en famille

« J’adore parler des familles, il y a beaucoup d’enjeux », confie Michèle Laroque, qui a tourné une comédie gentillette avec parents et enfants contraints de cohabiter.

Deux couples de deux générations, parents et enfants, contraints de cohabiter sous le même toit, forcément ça va faire des étincelles.

« Chacun chez soi », film de Michèle Laroque, devait sortir le 22 avril 2020, alors que les Français étaient confinés chacun chez eux pour la première fois. Finalement, le second film réalisé par l’actrice (après « Brillantissime ») sort bien plus tard (le 2 juin 2021 !) après deux reconfinements, mais cette comédie très gentillette a pris un nouveau relief, puisqu’elle raconte une cohabitation en famille. Celui de deux couples de deux générations, celui des parents et celui de leur fille, revenue au bercail malgré elle avec son compagnon.

Michèle Laroque et Stéphane de Groodt jouent ainsi un « vieux » couple, qui a désormais tout pour être tranquille dans leur douillette maison de banlieue. Lui est désormais inactif après avoir vendu son entreprise, et a choisi une passion « à domicile et très envahissante » : les bonsaïs ! Leur tranquillité est mise à mal lorsque leur fille aînée (Alice de Lencequesaing) revient, temporairement, chez papa-maman, avec son amoureux (Olivier Rosemberg). La cohabitation est délicate, et on entre alors dans schéma à la « Tanguy », avec la mère qui emploie les grands moyens pour faire déguerpir sa progéniture.

Rencontre avec Michèle Laroque, lors de la présentation du film en avant-première à l’UGC Ludres.

Michèle Laroque : « Les adultes reviennent plus chez leurs parents »

Votre film prouve que, finalement, on n’est jamais tranquille avec les enfants…

Michèle Laroque : Oui, mon personnage, Catherine, est persuadée qu’elle va revivre une lune de miel, elle s’est occupée de tout un peu seule, les deux enfants sont partis, son mari a travaillé énormément, il a vendu sa boîte, ça y est, on va être tous les deux en amoureux, et pas du tout. Elle s’était fait une joie de retrouver son mari, dont elle est amoureuse, sans les enfants, et lui sans son boulot, et tout s’effondre. Mauvais timing, arrive notre fille aînée, qui n’a pas du tout envie de venir ; un enfant qui a envie d’être chez ses parents, et de ne pas trop les déranger, ça va, mais là j’ai une bombe comme fille aînée, qui a un caractère terrible, donc ce n’est pas évident. Tout cela est un peu compliqué, mais j’adore parler des familles, c’est tellement une clé dans la vie de tous, ce qui s’est passé dans notre famille au départ, dans notre enfance, ensuite dans la famille qu’on a formé, il y a beaucoup d’enjeux.

Comme c’est justement dit dans le film, dans toutes les familles c’est compliqué…
Oui, la fille le dit très bien et elle trouve ça normal, on s’aime, c’est ça qui compte. Ce que j’ai aimé raconter dans ce couple, c’est qu’il y a beaucoup d’amour entre eux et qu’il n’est jamais question de séparation, c’est une épreuve et mon personnage espère que ça ne va pas durer trop longtemps, mais elle ne pense absolument jamais à demander à son mari de partir ou à partir elle-même.

Ces jeunes adultes qui reviennent vivre chez leurs parents, cela vient d’une observation, d’un fait de société ou d’une part de vécu ?

Non, ce n’est pas du vécu, mais en revanche je crois que ça se passe beaucoup. C’est difficile en ce moment, et donc beaucoup d’enfants reviennent ou restent très tard chez leurs parents, parce qu’il y a une galère de boulot, d’argent, et ils n’ont pas les moyens d’être dans un appart. Je crois que les adultes reviennent plus qu’avant chez leurs parents, ça arrive plus souvent.

Michèle Laroque : « Là c’est une famille qui s’aime, qui se dispute souvent, mais qui s’aime, j’adore ça ».

La cohabitation entre deux générations, c’est forcément difficile ?

Mais ça dépend qui, parce qu’il y a des enfants géniaux qui sont vachement respectueux. Mais c’est vrai que parfois dans les familles, et j’adore raconter ça, il y a des places qui ne sont pas respectées, les enfants sont parfois les parents d’un des deux, ça arrive qu’il y ait des choses qui se soient déplacées, et c’est ce qui fait aussi le charme des comédies.

Il était prévu dès le départ pour vous de réaliser le film et d’y jouer ?

Oui, je ne suis pas à l’origine de ce scénario, Studio Canal m’a demandé de réaliser ce film, j’ai travaillé avec un autre scénariste en gardant l’idée originale, et dès le départ le rôle de Catherine était prévu. Et je ne le regrette pas, je me suis beaucoup amusée. J’ai aimé le faire parce que Angela, mon personnage dans « Brillantissime », était très décalé, perché, et là, Catherine c’est le contraire, elle a hyper les pieds sur terre, elle gère tout, j’aimais bien avoir un personnage un peu plus ancré.

« Les enjeux affectifs, c’est sans fin »

Et vous avez donc choisi Stéphane de Groodt en mari un peu à l’ouest…

Cela faisait longtemps que j’avais envie de faire un film avec Stéphane, on avait essayé mais il y avait des problèmes de disponibilité. Là ça lui a plu et j’ai adoré filmer ce côté-là de Stéphane, souvent on le connaît dans les mots, le mental, le jeu, il est formidable d’ailleurs, mais des choses plus raisonnées ; et là, il est très tendre, un peu barré, et en même temps très lucide.

Et Alice de Lencequesaing, pour jouer la fille qui revient à la maison…

J’ai été époustouflée par une scène qu’elle avait joué dans « Polisse », j’ai vraiment le sentiment que très peu d’actrices au monde sont capables de faire ce qu’elle a fait, ça m’avait marqué énormément et je n’ai jamais oublié. J’ai pensé à elle pour le rôle de la fille aînée, Alice est d’une vérité absolue et totale quand elle joue, c’est un animal, j’adore ça, tout est juste et vrai, et du coup on a l’impression qu’elle vit les choses, qu’elle les improvise, c’est hyper rare, j’ai adoré travailler avec elle. Il y a beaucoup de jeunes actrices formidables et très justes, mais elle est particulière, le film lui doit beaucoup, on est subjugué par la vérité, elle est formidable.

Et votre vraie fille Oriane, qui jouait déjà votre fille dans votre film « Brillantissime », rejoue à nouveau une de vos filles…
En fait, ce n’était pas du tout prévu, elle commence dans le métier, elle ne veut pas non plus faire que mes films. Et puis j’avais quand même envie, le personnage est tellement différent de celui qu’elle a joué dans « Brillantissime » que c’est intéressant, donc je lui ai fait lire et elle m’a dit OK. Je suis très contente de ce qu’elle a fait dans ce film.

Le couple est un sujet que vous avez souvent traité, notamment par la série de spectacles « Ils s’aiment » ?

J’adore ça, c’est des enjeux tellement forts, on joue tellement de trucs dans le couple. Déjà, il y a cette espèce de malentendu, un couple c’est fait pour être heureux, bien sûr aussi, mais c’est surtout fait pour régler plein de problèmes, ça ne se passe pas forcément super bien. Ce n’est pas la fin d’un travail, au contraire, c’est le début d’un travail, surtout s’il y a beaucoup d’amour. Les enjeux affectifs, c’est sans fin, je pourrai en parler encore pendant vingt films. Ce qui me plaisait là, c’était le fait que ce soit un couple qui s’aime après plus de vingt ans, qui traverse une période difficile mais qui n’imagine même pas une issue autre que de s’aimer à nouveau et être bien en couple, alors que souvent on raconte des histoires de divorce. Là c’est une famille qui s’aime, qui se dispute souvent, mais qui s’aime, j’adore ça.

Propos recueillis par Patrick TARDIT

« Chacun chez soi », un film de Michèle Laroque, avec Stéphane de Groodt et Alice de Lencquesaing (sortie le 2 juin 2021).

Alice de Lencquesaing et Olivier Rosemberg. « Alice est d’une vérité absolue et totale quand elle joue, c’est un animal », confie Michèle Laroque.
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