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« Panoramas de guerre », visions d’enfer

Un intéressant documentaire évoque des fresques inspirées de la guerre de 1870. A voir lundi soir 1er octobre sur France 3 Grand Est.

Evoquant une grande bataille qui s'est déroulée au début de la guerre de 1870, le Panorama de Rezonville a été réalisé par le peintre français Alphonse de Neuville
Evoquant une grande bataille qui s’est déroulée au début de la guerre de 1870, le Panorama de Rezonville a été réalisé par le peintre français Alphonse de Neuville

L’Est de la France est à tout jamais un territoire marqué par les guerres, et la peinture patriotique et militaire en témoigne. Diffusé lundi 1er octobre (après Soir/3) sur France 3 Grand Est, un intéressant documentaire évoque des « Panoramas de guerre », ces oeuvres artistiques et spectaculaires chargées de la bonne éducation des peuples. En l’occurrence, les peuples français et allemand, après la guerre de 1870.

Réalisé par Rüdiger Mörsdorf, et co-produit par la société lorraine Ere Production, ce film évoque en particulier deux panoramas, celui de Rezonville et celui de Sedan, des fresques circulaires sur plus de 120 mètres de long et 20 mètres de haut. Et des visions d’enfer, car ce sont bien sûr des scènes de batailles, de guerre et de mort, qu’ils représentent.

Peint par l’artiste français Alphonse de Neuville, le Panorama de Rezonville raconte la grande bataille qui s’est déroulée dans ce coin de Moselle, une reconstitution au plus près de l’affreuse réalité. Depuis, ce panorama a été découpé, dispersé, Adrien Moser en recherche inlassablement des morceaux disparus, et certains fragments sont exposés au Musée de la Guerre 1870 et de l’Annexion, à Gravelotte (Moselle), lieu d’une autre grande bataille.

Une attraction populaire exposée dans des rotondes

Le Panorama de Sedan a quant à lui été détruit ; réalisé par Anton von Werner, qui deviendra un peintre « officiel » de l’empire allemand, il a été vu par plus d’un million de visiteurs à Berlin où il était exposé, Alexander Platz. De chaque côté du Rhin, ces œuvres étaient certes une façon de « rendre le passé visible », et ont surtout participé à forger la mémoire de la guerre de 1870, de l’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine, et à préparer les esprits à la guerre d’après, afin, côté français, d’aller récupérer ces territoires.

Avant d’être détrônés par la photographie puis par le cinéma, les panoramas étaient une véritable attraction populaire, souvent exposés dans des rotondes construites spécialement à cet usage. Le documentaire rappelle que la plupart ont été perdus ou détruits, mais qu’il en existe encore un, intact et toujours en place, à Lucerne en Suisse ; réalisé par le peintre Edouard Castres, le Panorama Bourbaki représente la déroute de l’armée française réfugiée en Suisse, à la fin de la guerre en 1871.

Les deux suivantes ont tellement imprimé leur histoire et leurs horreurs que la première guerre « moderne » fut un peu oubliée. Après la bataille de Sedan, racontée dans le fameux panorama allemand, l’histoire s’est pourtant accélérée : capture de Napoléon III, proclamation de la IIIème République, proclamation de l’Empire allemand au Château de Versailles, la Commune de Paris…

D’ailleurs, il reste encore quelques jours (jusqu’au 14 octobre) pour aller voir une superbe exposition au Petit Palais, à Paris, « Les Impressionnistes à Londres ». Car c’est en Angleterre que se sont exilés un temps Pissaro, Monet, Sisley, et bien d’autres artistes français… pour fuir la guerre de 1870.

Patrick TARDIT

« Panoramas de guerre », documentaire diffusé lundi 1er octobre après Soir/3 sur France 3 Grand Est.

Certains fragments du Panorama de Rezonville sont conservés et exposés au Musée de la Guerre de 1870 et de l'Annexion, à Gravelotte (Moselle).
Certains fragments du Panorama de Rezonville sont conservés et exposés au Musée de la Guerre de 1870 et de l’Annexion, à Gravelotte (Moselle).
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