Provence-Alpes-Côte d'Azur
Partager
S'abonner
Ajoutez IDJ à vos Favoris Google News

« La pie voleuse » et ses petits larcins

Robert Guédiguian a tourné un nouveau conte de l’Estaque, un film pour « combattre l’esprit du temps », une fable humaniste avec Ariane Ascaride en aide ménagère, qui pique un peu dans les portes-monnaies.

Aide ménagère à domicile, la dévouée Maria est aux petits soins des personnes âgées dont elle s’occupe, gardant pour elle un petit billet de temps en temps.

C’est à nouveau à Marseille, sur les bords de mer, dans le quartier de l’Estaque, que Robert Guédiguian a tourné son nouveau film, « La pie voleuse » (sortie le 29 janvier), avec sa troupe habituelle dont bien sûr Ariane Ascaride. L’actrice incarne Maria, une grand-mère qui travaille encore comme aide ménagère, « auxiliaire de vie » à domicile. La dévouée Maria est aux petits soins des personnes âgées dont elle s’occupe ; blouse de nylon sur ses chemisiers à fleurs, elle fait les courses, le ménage, les repas, repasse les chemises… C’est une « perle » estimée par ce monsieur en fauteuil roulant (joué par Jean-Pierre Darroussin), cette dame qui perd un peu la tête, ce vieux couple amoureux (dont le fidèle et regretté Jacques Boudet)…

Si « La pie voleuse » est le nom d’un magasin de musique, la « trop gentille » Maria est elle aussi une pie voleuse, picorant dans les portes-monnaies, les carnets de chèque, gardant pour elle un petit billet de temps en temps. Des petits arrangements pour améliorer son quotidien, ces quelques huitres qu’elle déguste en écoutant de la grande musique, ou bien la location d’un piano et ces cours particuliers pour son petit-fils (« le sourire de sa vie ») qui prépare un concours au Conservatoire. C’est vrai que les fins de mois sont difficiles avec son mari en préretraite (Gérard Meylan) qui perd aux cartes l’argent qu’il n’a pas.

De la misère au soleil

Jean-Pierre Darroussin joue un retraité en fauteuil roulant, chez qui Maria vient travailler.

« Je vais me débrouiller », répète Maria, qui pense que ça va toujours s’arranger ; elle n’a même pas vraiment mauvaise conscience, pensant rétablir « une certaine injustice sociale ». Trompée comme ces oiseaux attirés par ce qui brille. Inconsciente que ses petits larcins par nécessité constituent quand même de l’abus de faiblesse. Tout s’enraye lorsqu’un fils peu attentionné, qui veut vendre la maison de son père, s’aperçoit d’un détournement de chèques.

La jeune et jolie Marilou Aussilloux rejoint Grégoire Leprince-Ringuet, Robinson Stévenin, Lola Naymark, dans la troupe junior du cinéaste de « Marius et Jeannette », « A l’attaque ! », « Marie-Jo et ses deux amours », « La Villa », « Et la fête continue ! »… « La pie voleuse » est encore une de ces histoires simples que Robert Guédiguian écrit avec son complice coscénariste Serge Valletti, des histoires pour « combattre l’esprit du temps ».

C’est une fable humaniste sur l’âge, le chômage, le surendettement, les pièges du capitalisme, la précarité, l’assistance, sur cette misère moderne qui même au soleil reste de la misère. Des envolées de piano accompagnent le récit dont la morale tient dans un poème de Victor Hugo, « Les pauvres gens », que le personnage de Darroussin récite au commissariat.

Patrick TARDIT

« La pie voleuse », un film de Robert Guédiguian, avec Ariane Ascaride (sortie le 29 janvier).

Provence-Alpes-Côte d'Azur