Le 50ème Festival du Cinéma Américain se déroule actuellement en Normandie, où le public a pu applaudir Michael Douglas en ouverture, découvrir le « Beetlejuice Beetlejuice » de Tim Burton, assister à l’hommage au cinéaste James Gray… et voir ou revoir « 50 films qui ont changé nos regards sur le monde ».
2024 est une année importante pour Deauville, qui célèbre le centenaire des fameuses planches longeant la plage, foulées par d’innombrables stars et célébrités, certaines donnant même leur nom à des cabines, et qui fête aussi le 50ème Festival du Cinéma Américain (qui se déroule jusqu’au 15 septembre), événement qui fut créé en son temps pour doper la fréquentation de la station balnéaire en fin de l’été.
Cela fait donc un demi-siècle que les bannières étoilées flottent dans le vent normand, que tout Hollywood vient flâner sur les bords de Manche. Une dizaine de passages rien que pour la famille Douglas : Kirk est venu cinq fois, et vingt-cinq ans après l’hommage rendu à l’interprète de « Spartacus », c’est au tour du fiston Michael de recevoir un Prix d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. La cité normande est une « cool place » pour l’acteur et pas seulement parce qu’une suite porte son nom au Royal : « J’ai rencontré Catherine pour la première fois, ici à Deauville », rappelle Michael Douglas. C’était en 1998, la comédienne Catherine Zeta-Jones venait présenter « Le Masque de Zorro », et la belle brune est devenue ensuite Mme Douglas.
Encore toute émue d’une scène de baise-main sur le tournage de la série « Franklin », c’est Ludivine Sagnier (membre du jury) qui s’est collée au discours d’hommage à la star : « Merci Michael pour tout ce que tu as apporté au cinéma et dans nos vies », disait la comédienne française.
La fille de Barack Obama
Après avoir applaudi Michael Douglas, bientôt octogénaire (le 25 septembre), c’est une jeune réalisatrice de 26 ans que le public a découvert lors de l’ouverture du festival : une certaine Malia Ann, en fait la fille aînée de Michelle et Barack Obama, venue recevoir le tout premier Prix nouvelle génération, remis à une « figure du cinéma de demain » pour son touchant court-métrage, « The Heart », où le cœur d’une vieille mère a cessé de battre un soir.
Le lendemain, la distinction numérique de l’INA était remise au président du jury, l’acteur français Benoît Magimel, qui pourra donc consacrer une centaine d’heures à visionner toutes ses apparitions dans les télés françaises. « J’ai l’impression que c’est pas moi », disait-il, après quelques extraits de ses nombreux films, dont bien sûr « La vie est un long fleuve tranquille » d’Etienne Chatiliez où il incarnait le petit Momo. « Il est là, il est présent », assure Magimel, « J’étais un peu complexé au début mais j’ai très vite compris qu’il n’y avait pas de règles ». « La vie est beaucoup plus difficile que le cinéma », constate Magimel, « On a envie de faire des films qui comptent, qui durent ». Parmi ceux-ci, certainement « Ni chaînes ni maîtres » premier film de Simon Moutaïrou (sortie le 18 septembre) présenté au festival, et dans lequel il joue un méchant, un esclavagiste qui dirige une plantation de canne à sucre à l’Ile Maurice au XVIIIème siècle.
« Je ne serai nulle part sans ce pays »
Autre hommage, celui décerné au cinéaste newyorkais James Gray (« The Yards », « La nuit nous appartient », « The Immigrant », « Ad Astra »…) qui a réaffirmé son amour pour le cinéma français et la France : « Je ne serai nulle part sans ce pays », disait-il, tout juste arrivé du Festival de Venise où il était juré, et où son premier film « Little Odessa » avait été froidement accueilli il y a trente ans, contrairement à Deauville où il avait été primé.
Le premier film projeté cette année était « Lee Miller » film d’Ellen Kuras (sortie le 9 octobre), avec Kate Winslet dans le rôle de l’ancienne muse et mannequin devenue photographe de guerre. Une séquence du film retrace ainsi la sanglante libération de Saint-Malo, en août 1944, où Lee Miller était la seule photo-reporter présente. La cité bretonne aux remparts lui rend également hommage avec une exposition d’une cinquantaine de ses clichés historiques (jusqu’au 3 novembre).
Pour ses 50 ans, le festival normand a eu la bonne idée de projeter « 50 films américains qui ont changé nos regards sur le monde », l’occasion de voir ou revoir sur grand écran de grands classiques, dont « West Side Story », « 2001, l’odyssée de l’espace », « Rio Bravo », « La vie est belle », « Casablanca », « Le Dictateur »…
Une Amérique peu glorieuse
Dans la catégorie des « Docs de l’Oncle Sam », deux réalisateurs français racontent une Amérique peu glorieuse à travers leur documentaire : Jean-Baptiste Thoret est allé à la rencontre de « The Neon People », ces milliers de sans-abris qui vivent dans des tunnels insalubres de Las Vegas ; et Sabrina Van Tassel recherche « Les Disparues », ces jeunes femmes amérindiennes vivant dans des réserves, « proies faciles » enlevées, violées, tuées, en toute impunité. « Les femmes amérindiennes sont les plus persécutées, les plus assassinées, j’ai eu envie de raconter cette injustice », confie la réalisatrice.
Parmi les avant-premières de Deauville, un des films très attendus en cette rentrée, « Beetlejuice Beetlejuice » de Tim Burton (en salles ce mercredi). Un joyeux cauchemar, Halloween avant l’heure, dans lequel Michael Keaton reprend son rôle de démon farceur, avec une réjouissante apparition de Monica Belluci : au début du fim, c’est à l’agrafeuse qu’elle reconstitue son corps en pièces détachées, avant d’aspirer Danny de Vito.
Patrick TARDIT
50ème Festival du Cinéma Américain à Deauville, jusqu’au 15 septembre 2024. www.festival-deauville.com