Si l’on en croit les sondages, les régions PACA et Centre-Val-de-Loire pourraient tomber dans l’escarcelle du Rassemblement National, le 27 juin 2021. Cinq régions seraient acquises aux Républicains, trois aux socialistes et deux aux Marcheurs.
Si les sondages disent vrai (mais faut-il les croire ?) nous assisterons à un véritable tremblement de terre politique au soir du deuxième tour des régionales, le 27 juin 2021. La forte poussée du parti lepéniste pourrait rebattre les cartes de la présidentielle, un an plus tard. En tout cas, nous aurons un aperçu réel des forces en présence. Les sondeurs pronostiquent déjà que deux régions pourraient être conquises par le Rassemblement national de Marine le Pen :
- La région Provence-Alpes-Côte d’Azur où Thierry Mariani (RN) l’emporterait très largement au second tour avec 38-39 % des suffrages devant Renaud Muselier (24-25%) l’actuel président de région.
- Et la région Centre-Val-de-Loire où Aleksandar Nicolik (RN) l’emporterait d’une courte tête (environ 30%) face au socialiste François Bonneau (environ 29%). Mais le Marcheur Marc Fesneau serait à 25% et Nicolas Forissier (LR) à 16%. Autant dire que rien n’est joué.
Si tel était le cas, si le Rassemblement national s’imposait dans deux régions au moins, il y a fort à parier que la donne pour la présidentielle serait singulièrement modifiée. La dynamique du RN dans les territoires accentuerait encore plus la décomposition des partis de droite comme de gauche, ou en tout cas ce qu’il en reste. Quant au parti présidentiel, La République en Marche, il n’a pas su, en quatre ans, s’enraciner dans la vie publique : il ne compte pratiquement aucun élu dans les grandes villes.
Situation compliquée en Bretagne
Partout ailleurs, le parti de Marine le Pen explose les compteurs sans pour autant pouvoir s’imposer. C’est le cas dans les Hauts-de-France où Sébastien Chenu (RN) engrangerait un tiers des suffrages (33%) derrière Xavier Bertrand (LR) 34-35%.
En Normandie, la région voisine, Nicolas Bay (RN) atteint 25-26% derrière Hervé Morin (plus ou moins 30%). Mais le Front de gauche est à 25% et le parti présidentiel LREM à 22%.
La situation est très compliquée en Bretagne. Si le RN Gilles Pennelle plafonne à 15%, Thierry Burlot (LREM) fait jeu égal avec Isabelle Le Callennec (LR) à 22-23% mais Loïg Chesnais-Girard, pour le parti communiste est à 20% tout comme Claire Desmares-Poirrier pour EELV. Si l’on tient compte des marges d’erreurs habituelles des sondages on voit bien qu’il est difficile d’établir un pronostic sérieux.
Les bastions de la gauche
En région Pays-de-Loire le lepéniste Hervé Juvin obtiendrait environ 16% des suffrages derrière François de Rugy (LREM) qui ferait jeu égal avec Christelle Morancais (LR) à 24-25 %.
En Nouvelle Aquitaine, Edwige Diaz (RN) devrait s’incliner (26-27%) face à l’indéboulonnable Alain Rousset (PS) 37-38 % mais Geneviève Darieussecq obtiendrait cependant plus de 20% des voix.
En Occitanie, Jean-Paul Garraud pour le RN n’aurait aucune chance (28-29%) face à la sortante Carole Delga (PS-PC-EELV) à plus de 43% des intentions de vote.
En Auvergne-Rhône-Alpes, André Kotarac (RN) arrive à environ 20% mais serait largement distancé par Laurent Wauquiez (LR) 34-35%. La socialiste Najat Vallaud-Belkacem obtiendrait 25% et le Marcheur Bruno Bonnell à 20%.
Valérie Pécresse sans risque en Ile-de-France
Score important du RN en Bourgogne-Franche-Comté où Julien Odoul (RN) obtiendrait 27-28 % des suffrages au soir du second tour mais ne pourrait pas s’imposer face à la sortante Marie-Guite Dufay (PS-PC) 30% suivie de Gilles Platrat (LR) à 25% et Stéphanie Modde (EELV) à 18%.
Quant à l’Ile-de-France, on voit mal comment elle pourrait échapper à la sortante Valérie Pécresse créditée de 32-33 % des suffrages suivie de Jordan Bardella (RN) à 19-20 %, Julien Bayou pour EELV à environ 13%, Laurent Saint-Martin (LREM) à 10-11% et Audrey Pulvar (PS) à 10%.
Les nationalistes divisés en Corse
Les élections territoriales de Corse se tiendront également les 20 et 27 juin 2021. Le Rassemblement National ne représente pas une force politique de grande importance sur l’Ile-de-Beauté. Une liste sera emmenée toutefois par François Filoni.
Ce sont évidemment les nationalistes qui dominent l’élection mais la famille est divisée. Gilles Siméoni tire la liste Femu a Corsica (FaC), Jean-Guy Talamoni a pris la tête de Corsica Libera (CL) et Jean-Christophe Angelini la liste Parti de la nation Corse (PNC), Paul-Félix Benedetti (Rinnovu, indépendantiste).
A droite, Laurent Marcangeli prend la tête d’une liste de rassemblement (bonapartiste), à gauche Jean-Charles Orsucci (Territoire de progrès, TDP) et Michel Stéphani pour le PCF.
Grand Est : le plongeon de Philippot
En région Grand Est, la droite dite républicaine, est explosée. Notamment Les Républicains divisés entre le président sortant, Jean Rottner et la chef de file des républicains en Meurthe-et-Moselle, Nadine Morano. Rottner est cependant donné vainqueur de cette compétition au soir du 2ème tour.
Pourtant, si les sondages disent vrai, le lepéniste Laurent Jacobelli devrait arriver en tête du premier tour avec un score proche des 30% devant Rottner à 24-25 % des suffrages. Brigitte Klinkert (LREM) 18-20%, Eliane Romani (EELV) 16%, Aurélie Filippetti (10%) et Florian Philippot en dessous de la barre des 5% et donc absent du second tour. Rappelons qu’il était arrivé en tête du premier tour en 2015 avec 16,50% des suffrages suivi de Richert (11,82% et de Masseret 7,37%)
Le 27 juin, Jean Rottner devrait être élu avec plus du tiers des suffrages exprimés (35%) suivi par le RN à 28-30%, puis l’union de la gauche 25% et, enfin, les Marcheurs 13%.
Nous sommes à trois semaines du premier tour, à un mois du second. Les temps troublés que nous traversons peuvent encore réserver de grosses surprises.