L’ancien Premier ministre de François Mitterrand est décédé ce samedi à l’âge de 85 ans. La France lui doit, entre autres, le RMI et la CSG.
« C’était un pionnier en politique. Il a peu gouverné mais ses idées sont toujours d’actualité » a déclaré Manuel Valls dans une interview au journal de France 2. « J’ai toujours été rocardien, il a toujours été une référence pour moi. J’ai perdu un mentor et un ami. »
Militant socialiste dès 1949, Michel Rocard participe en 1960 à la fondation du PSU (Parti socialiste unifié) qui prône un socialisme éclairé, réformiste et antimarxiste. On parlera de « la deuxième gauche » qui se situe politiquement entre la SFIO social-démocrate et le Parti communiste.
Après sciences-po et l’ENA, Michel Rocard est nommé inspecteur des Finances en 1958. Avant d’embrasser une importante carrière politique. Après la défaite du général de Gaulle lors du référendum de 1969, Rocard réclame un pouvoir de transition socialiste et se présente lui-même à la présidentielle de 1969. IL ne recueillera que 3,6% des suffrages exprimés.
Lors de la campagne de 1974, Michel Rocard soutiendra François Mitterrand. Il entrera au parti socialiste à la fin de cette même année.
Plusieurs fois ministre
Rocard et Mitterrand ne s’aiment pas. C’est un euphémisme. Pendant la guerre d’Algérie, Rocard avait même traité Mitterrand « d’assassin ». Pourtant les deux hommes sont obligés de s’entendre. Politiquement.
Rocard a été élu maire de Conflans-Sainte-Honorine en 1977. Il sera ministre d’Etat, ministre du Plan et de l’Aménagement du Territoire, puis ministre de l’agriculture dans les deux gouvernements de Pierre Mauroy, de 1981 à 1985.
Puis, François Mitterrand le nommera Premier ministre, le 10 mai 1988. Il restera à Matignon jusqu’en 1991. On lui doit l’instauration du revenu minimum d’insertion (RMI) voté par l’Assemblée à l’unanimité le 12 octobre 1988. Il fait encore adopter en novembre 1990 la loi sur la contribution sociale généralisée (CSG), un nouvel impôt prélevé à la source.
Alors qu’il était Premier ministre, Michel Rocard fait signe « les accords de Matignon » qui mettent fin à la violence en Nouvelle-Calédonie et ouvrent la porte à l’autodétermination de l’île.
Plusieurs fois élu député puis sénateur, Michel Rocard incarnait la droiture en politique et exhortait la classe politique au respect de la morale et des règles de bienséance.
Il s’est battu pour que les socialistes s’ouvrent à la social-démocratie et se réconcilient avec le libéralisme. De ce point de vue, ses idées sont d’une grande actualité.
En lui rendant hommage, François Hollande a salué la mémoire de celui qui « incarnait un socialisme conciliant utopie et modernité ».
E.L.