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« Minuscule 2 » fait le maximum

Dans leur film d’animation 100% français, Thomas Szabo et Hélène Giraud racontent une grande histoire d’aventure avec de faux insectes pour héros.

Il y a même une histoire d’amour entre une coccinelle du Mercantour et une copine de la Guadeloupe.
Il y a même une histoire d’amour entre une coccinelle du Mercantour et une copine de la Guadeloupe.

« L’idée à la base, c’était comme un faux documentaire, mais sans commentaires », précise Thomas Szabo, qui avec sa complice et compagne Hélène Giraud ont imaginé des histoires dans un monde minuscule. Leur héros, de faux insectes, coccinelles, fourmis, araignées… qui vont vivre mille aventures d’abord dans un court-métrage, puis une série télé, un film, et maintenant un second film, « Minuscule 2 – Les mandibules du bout du monde » (sortie le 30 janvier).

Facilité par l’absence de dialogues et donc compréhensible partout, le premier film, « Minuscule – La vallée des fourmis perdues » (sorti en 2014), fut un succès international : César du meilleur film d’animation, près de cinq millions d’entrées dans une cinquantaine de pays, 1,5 millions en France, et près d’un million en Chine. Le distributeur chinois Ifilmfilm, « qui adore le projet », a d’ailleurs souhaité être coproducteur du second film, ce qui explique la présence de quelques objets et références chinoises.

Après le Mercantour (« Quand on a fait le premier film, on voulait une nature très sauvage, puissante, intense, c’est un parc protégé, magnifique », précise Hélène Giraud), le couple de réalisateurs a obtenu les moyens pour aller tourner en Guadeloupe, où ils avaient envisagé de situer à l’époque la saison 2 de la série. Ils ont ainsi eu l’autorisation d’aller filmer dans les parcs naturels, la faune et la flore des Caraïbes. « On se base sur des éléments réels, mais on les adapte, on invente des histoires, ça reste de l’imaginaire », dit Hélène Giraud, « On avait fait une recherche d’insectes qu’on trouve en Guadeloupe, et on a pris ceux qui sont le plus évident, il fallait faire un choix, on a un peu réinventé les chenilles, les sauterelles-feuille, on a fait une sélection, ils existent ».

Un film à la fois drôle et émouvant, pour petits et grands

Car, dans « Minuscule », si la nature est vraie, les animaux eux sont des créatures animées et numériques. Qu’on retrouve au début du film dans la forêt française, alors que tombent les premiers flocons de l’hiver. Dans une épicerie, un fiston coccinelle se retrouve malencontreusement enfermé dans un carton de purée de châtaigne, expédié vers la Guadeloupe. Le courageux papa coccinelle part aussitôt sur les traces de son fils, pour le ramener à la maison où hiberne le reste de la famille. Sur place, les petiotes bestioles vont affronter « Les mandibules du bout du monde », mantes religieuses, grosses araignées poilues, chenilles urticantes…

Ce film « hybride » mélange images réelles et images de synthèse.
Ce film « hybride » mélange images réelles et images de synthèse.

Pendant ce temps, les fidèles amis de papa coccinelle, une fourmi et une araignée noire fan d’opéra, partent à sa rescousse, traversent les océans à bord d’un jouet, un bateau de pirates, un galion volant à la façon de « Là-haut », balloté par une tempête, avalé par un requin qui se prend pour la baleine de « Pinocchio ». « On est plus touchés par les films d’animation japonais, Miyazaki pour ne citer que lui, j’ai été très marquée par son œuvre, après il y a des merveilles totales dans les Pixar », dit Hélène Giraud.

Comme dit la pub, « Minuscule 2 » est « une aventure fourmidable », un film à la fois drôle, émouvant, et réjouissant, pour petits et grands (à partir de 5-6 ans, conseillent les réalisateurs). On s’amuse des gags visuels et sonores, ces gaz verts que lâchent les coccinelles pour se défendre, une poursuite à la Star Wars où les insectes filent tels des vaisseaux spatiaux, une grande bataille digne du « Seigneur des Anneaux »… C’est de la grande aventure en milieu tropical, mais aussi un film sur la famille, et une fable écologique. « On est sensible à ça, déjà dans la série on en parlait dans des histoires, on racontait ces thématiques-là, on l’a abordé dans le film, mais on ne veut pas non plus marteler ça en permanence », précise la réalisatrice.

« J’adore l’idée de créer des mondes »

Tourné avec de faux insectes et de vrais acteurs, des images de nature réelles et des images de synthèse, de l’animation et des maquettes, « Minuscule » est « un film hybride », où tout s’imbrique dans une certaine magie technologique. « La qualité évolue en permanence, les logiciels changent et permettent de faire des choses assez extraordinaire, les caméras ont des capteurs de plus en plus puissants. La scène de la tempête par exemple, on n’aurait jamais pu la faire dans la série, c’est très complexe, on a mis six mois à générer les nuages, les éclairs, la pluie, c’est très long », précise Hélène Giraud.

Avec un budget de 14 millions d’€uros, c’est un film 100% made in France, que ce soit l’image conçue dans des studios de la région parisienne, le son (un incroyable travail ), ou même l’enregistrement de la musique composée par Mathieu Lamboley. « La fabrication est vraiment française, ce n’était pas une volonté ferme mais pour éviter de perdre le contrôle artistique, le producteur Futurikon a préféré faire le choix de studios français, c’est super, il est conscient que pour avoir une qualité, plus on est proche des studios, même physiquement, ça aide beaucoup au film », ajoute Hélène Giraud, fille du grand créateur de bédé Jean Giraud dit également Gir ou Moebius (disparu en 2013), à qui le premier film était dédié.

« J’ai été baignée dans l’image, le cinéma, la bédé, dès l’enfance », confie-t-elle, « L’influence vient du fait que quelque part, on rentre dans une sorte de monde fantastique, c’est vrai que mon père m’a beaucoup marqué là-dessus, j’aime beaucoup la science-fiction et le fantastique, j’ai longtemps travaillé en tant que designeuse sur des projets avec ce genre d’univers. J’adore l’idée de créer des mondes, avec Minuscule, on glisse là-dedans, après je ne sais pas si ça fait penser au travail de mon père, l’influence est plus dans le fait d’arriver dans une sorte d’onirisme ».

Patrick TARDIT

« Minuscule 2 – Les mandibules du bout du monde », un film de Thomas Szabo et Hélène Giraud (sortie le 30 janvier).

C’est à bord d’un bateau emporté par des ballons qu’une fourmi et une araignée partent à la rescousse de leur ami coccinelle.
C’est à bord d’un bateau emporté par des ballons qu’une fourmi et une araignée partent à la rescousse de leur ami coccinelle.
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