Solène Faguet, Marie-Laure Portejoie-Koch, pôle national Liaisons financières, Insee
Fin 2016, l’État contrôle directement 85 sociétés françaises. Par le biais de ces dernières et de leurs filiales, il contrôle au total 1 702 sociétés françaises, qui emploient 778 000 salariés.
Par rapport à fin 2015, le nombre de sociétés contrôlées par l’État augmente de 71 unités, alors que leur effectif salarié total diminue de 13 000 personnes. Le secteur d’activité prédominant demeure les transports et l’entreposage qui emploient 60 % des salariés des sociétés contrôlées par l’État.
Au cours de l’année 2016, le nombre de sociétés détenues par l’État passe de 1 631 à 1 702, soit un solde de 71 sociétés supplémentaires (+ 4,4 %). Malgré cette augmentation, le nombre de salariés de ces sociétés diminue de 13 000 (- 1,6 %).
La hausse du nombre de sociétés sous contrôle de l’État est due en majorité à celle des filiales des quatre grands groupes que sont Électricité de France (EDF), La Poste, la RATP et la SNCF. Ils intègrent plus de sociétés qu’ils n’en perdent (respectivement + 28, + 24, + 11, + 6).
Les échanges de sociétés entre secteurs privé et public sont surtout liés à des ventes de filiales et à des rachats de sociétés. La Poste s’est positionnée sur le marché de la « silver économie » à travers sa filiale La Poste Silver. Elle propose désormais différents services pour répondre aux enjeux du vieillissement de la population et aux besoins des seniors. Pour ce faire, elle a pris une participation majoritaire dans le groupe Axeo (9 sociétés), acteur des services à la personne. Elle a racheté Tikeasy, qui a développé la tablette tactile Ardoiz à l’attention des seniors. Enfin, GeoPost, filiale de La Poste, a racheté 80 % de Resto-In, la start-up de livraison à domicile.
EDF, sa filiale EDF Invest, crée des sociétés d’investissement destinées à assurer le financement des dépenses futures de démantèlement des centrales nucléaires en France.
En 2016, Geodis, filiale de la SNCF, a racheté la totalité des parts détenues par Thales dans la société SCO Aerospace and Defence (ex-TGFL Thales Geodis Freight & Logistics), expert de la logistique sur mesure et des activités de transitaire et de commissionnaire en douane pour les acteurs de l’aéronautique et de la défense.
Enfin, l’État a privatisé Canberra, filiale d’Areva qui emploie près de 250 salariés en France.
Sociétés présentes au 31 décembre 2015*: 1 631 791 052
Sociétés pérennes (présentes en 2015 et 2016) 1 554 -11 754
Sociétés entrantes au cours de l’année 2016 148 836
Sociétés sortantes au cours de l’année 2016 -77 -2 041
Sociétés présentes au 31 décembre 2016* 1 702 +71 778 093 -12 959
* Les chiffres de 2015 ont été légèrement révisés par rapport à la précédente publication et ceux de 2016 sont provisoires.
La SNCF compte 529 sociétés
Fin 2016, 85 sociétés sont sous contrôle direct de l’État. Aucune nouvelle société de rang 1 n’entre sous contrôle direct de l’État en 2016. En revanche, l’État perd le contrôle de quatre sociétés de rang 1 : la Société de gestion de garanties et participation, l’Agence de l’Outre-mer pour la mobilité, les sociétés Aéroports de la Côte d’Azur et Aéroports de Lyon. La première a cessé son activité, la deuxième est devenue un établissement public administratif (EPA) et sort donc du champ (sources), car ce n’est plus une société. L’État a cédé les 60 % de participation qu’il détenait au capital de la société Aéroports de Lyon à une société privée française et les 60 % qu’il détenait au capital de la société Aéroports de la Côte d’Azur à une société privée italienne. La perte de contrôle direct de ces quatre sociétés représente 1 200 salariés en moins, en tenant compte des filiales.
Parmi les 85 sociétés directement détenues par l’État, 38 ne possèdent aucune filiale ; c’est le cas notamment de la majorité des Grands ports maritimes et des Théâtres nationaux. 47 sociétés sont à la tête de groupes. Ceux-ci sont de tailles très diverses, aussi bien en nombre de sociétés qu’en effectifs.
Trois sociétés sur quatre détenues majoritairement par l’État appartiennent à trois grands groupes. Ainsi, le groupe EDF détient 597 sociétés, la SNCF en possède 529 et La Poste 165.
L’emploi salarié total des sociétés contrôlées par l’État diminue entre 2015 et 2016 (- 13 000 salariés), ce qui amplifie la tendance à la baisse déjà observée en 2015 (figure 1). C’est notamment le cas pour les groupes La Poste et SNCF, dont les effectifs diminuent, comme en 2015, même si le nombre de filiales augmente. Ces groupes perdent respectivement 10 000 et 1 400 emplois.
La concentration des salariés au sein des filiales est différente selon les groupes. Près de 30 % (227 500) de l’ensemble des salariés des sociétés contrôlées majoritairement par l’État sont employés par le groupe La Poste avec ses 165 sociétés, alors que le groupe EDF, qui possède près de quatre fois plus de filiales (597 sociétés) que La Poste, comptabilise deux fois moins de salariés (126 500). La SNCF compte 529 sociétés avec près de 210 000 salariés.
Le secteur de l’industrie
La répartition des effectifs des sociétés publiques par grand secteur d’activité reste stable par rapport à 2015. Le secteur tertiaire concentre à nouveau plus de trois salariés sur quatre de l’ensemble des sociétés contrôlées par l’État. La légère baisse de l’emploi total (- 12 000) est principalement le fait du groupe La Poste (- 10 000). Le secteur des transports et de l’entreposage demeure prépondérant avec 465 000 salariés au sein des sociétés publiques. Il rassemble près de 60 % de l’ensemble des salariés des sociétés sous contrôle de l’État et 27 % du nombre de sociétés .
Le secteur de l’industrie est le deuxième secteur, avec 22 % des emplois et 26 % des sociétés contrôlées majoritairement par l’État. L’emploi y reste relativement stable par rapport à 2015. Au sein de l’industrie, les « industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution » regroupent 403 filiales et 133 800 salariés, essentiellement du groupe EDF. L’emploi y diminue légèrement en 2016, en raison de la perte de dix sociétés de « production et distribution d’électricité de gaz, de vapeur et d’air conditionné » appartenant auparavant au groupe EDF.
L’emploi des sociétés contrôlées par l’État dans les secteurs de l’agriculture et de la construction reste très faible.
Sources et définitions
Le répertoire des entreprises contrôlées majoritairement par l’État (Recme) a été mis en place en 1984 pour recenser les entreprises contrôlées par l’État, à la suite des nationalisations de 1982. Il est mis à jour chaque année à partir d’une enquête administrative obligatoire.
Le terme sociétés est utilisé dans cette publication pour désigner les unités légales.
Un groupe est un ensemble de sociétés juridiques dépendant, par des relations patrimoniales, d’une société (ou d’un organisme) qui n’est pas elle-même contrôlée par une autre société (tête de groupe).
Rang de contrôle : le groupe est constitué de la tête de groupe et de ses filiales. On distingue les filiales directes, dites de premier rang (entreprises de rang 1), où la tête de groupe contrôle directement plus de 50 % des droits de vote, des sous-filiales (entreprises de rang supérieur ou égal à 2). Dans cette publication, le rang de contrôle des sociétés contrôlées par l’État est défini par rapport au « groupe État » (ensemble des sociétés contrôlées par l’État) et non par rapport à la tête du groupe public.
La « silver économie » ou « économie des séniors » désigne l’ensemble des activités économiques liées aux personnes du troisième âge. Elle s’est développée en raison du vieillissement de la population.
indirectement plus de 800 000 salariés », n° 1541, avril 2015.