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« Bohemian Rhapsody » : baroque’n roll

« Je voulais éviter la caricature, il n’y a qu’un seul Freddie Mercury », confie l’acteur Rami Malek, qui incarne formidablement le chanteur de Queen. The show must go on !

« J’étais très conscient de ne jamais faire une imitation", confie l'acteur Rami Malek qui a étudié la gestuelle de Freddie Mercury pour mieux se glisser dans sa peau.
« J’étais très conscient de ne jamais faire une imitation », confie l’acteur Rami Malek qui a étudié la gestuelle de Freddie Mercury pour mieux se glisser dans sa peau.

13 juillet 1985, stade de Wembley à Londres, le plus grand concert de rock jamais imaginé. C’est le Live Aid, concert caritatif organisé par Bob Geldof. Et c’est comme si vous étiez, au début et à la fin de « Bohemian Rhapsody », film de Bryan Singer (sortie le 31 octobre), qui retrace l’épopée d’un des plus grands groupes de rock, Queen. Une explosion de musique et de couleurs qui va rajeunir et ravir les vieux enfants du rock.

La longue séquence finale est ainsi la reconstitution du mémorable concert de Queen au Live Aid, vingt minutes de tubes d’anthologie, « We are the champions », « Rock you », « Radio Ga Ga »… et bien sûr « Bohemian Rhapsody ». « C’est la première chose que nous avons tourné, nous avons filmé tout le concert sans interruption, toutes les caméras tournaient, j’avais besoin de cette adrénaline », confiait Rami Malek, lors d’une conférence de presse au Bristol, à Paris.

L’acteur américain, vedette de la série « Mr Robot », a eu la lourde tâche d’incarner Freddie Mercury, le chanteur de Queen. « Comme acteur, être sur scène c’est déjà un choc d’adrénaline, on a le cœur qui bat, on a l’impression qu’il va exploser. Freddie Mercury devait avoir de l’adrénaline qui coulait dans ses veines, à la fin nous avions une impression de plénitude. On s’est dit que si nous pouvions filmer le Live Aid, on pouvait tout faire », raconte Rami Malek.

« Il fallait donner l’impression que la musique venait de nos tripes »

« C’était très stimulant », ajoute le comédien Gwilym Lee, qui incarne Brian May, le guitariste du groupe qui, avec le batteur Roger Taylor, étaient consultants sur le film. Les deux musiciens figurent parmi les quelques centaines de spectateurs qui forment le public de cette séquence, des fans de Queen numériquement multipliés. Conseil de Brian May à son interprète : « Je suis une rock star ! ».

« Je joue un peu de guitare, je n’étais pas un débutant, l’important n’était pas de jouer parfaitement les morceaux mais d’avoir l’air à l’aise sur scène. Il fallait donner l’impression que la musique émanait de nous-mêmes, qu’elle venait de nos tripes », dit Gwilym Lee, qui a aussi eu la chance de répéter aux Abbey Road Studios avec Brian May, et sa fameuse guitare « red special », créée par son père.

« Comme vous pouvez l’imaginer, c’est monumental, énorme de jouer Freddie Mercury, il n’y a qu’un seul Freddie Mercury, il est unique, il existe dans notre imagination avec ce côté provocateur, énorme », dit Rami Malek, étonnant de ressemblance avec le chanteur à la célèbre moustache et la dentition proéminente. « Lorsque Brian May et Roger Taylor m’ont accepté c’était comme une bénédiction, mais honnêtement je n’aurais jamais pu l’incarner s’ils n’avaient pas cru en moi. Brian en particulier m’a beaucoup soutenu, je pouvais compter sur lui, petit à petit il est devenu un mentor », ajoute l’acteur.

Gwilym Lee et Rami Malek, très crédibles dans leur interprétation de Freddie Mercury et du guitariste Brian May.
Gwilym Lee et Rami Malek, très crédibles dans leur interprétation du guitariste Brian May et de Freddie Mercury.

Sexe, drogue et rock’n roll… Refrain connu, « Bohemian Rhapsody » raconte l’histoire d’un groupe de rock, ses débuts hésitants, les concerts, la première apparition à Top of the Pops, les rapports avec la maison de disques, le clip de « I want to break free », les tournées, les enregistrements (notamment celui du méga-tube « Bohemian Rhapsody »), les disputes comme dans tous les groupes (ego, argent, droits d’auteur)… Le film raconte surtout l’histoire d’un homme, né à Zanzibar, devenu ensuite celui qu’il a toujours voulu être, et mort du sida en 1991.

« Quand on m’a proposé de jouer Freddie Mercury, je tournais Mr Robot, je suis allé à Los Angeles rencontrer les producteurs, je me disais que je ne pourrais pas le faire », raconte Rami Malek, « Je suis allé à Londres, j’ai pris des cours de chant, de piano, et de dialecte parce qu’il avait une voix unique. Freddie Mercury était toujours dans le spontané, on ne savait jamais ce qu’il allait faire, moi-même je voulais surprendre la caméra comme elle devait le suivre à l’époque, et j’ai pris un prof de gestuelle, Polly Bennett, avec qui j’ai observé ses gestes, ses mouvements ». Et notamment sa démarche, le « ski walk », comme s’il skiait sur scène.

« J’avais le poids d’incarner une icône, de me mettre dans sa peau »

Ce rôle a évidemment changé la vie du jeune acteur : « Comment ne pourrait-il pas la changer ? Du point de vue de l’acteur, j’ai été mis au défi de jouer un personnage hors-norme, et j’ai aimé le relever. Au début j’étais euphorique, et en même temps j’avais le poids d’incarner une icône, aimée de tant de personnes, de me mettre dans sa peau, d’avoir à capter son essence, c’était une victoire pour moi. Pendant le tournage, je suis tombé amoureux du personnage, c’était vraiment une expérience unique. En tant qu’être humain, Freddie Mercury a envoyé un message puissant sur l’intégrité, qui est d’être fidèle à soi-même, ne pas oublier qui on est réellement », confie Rami Malek.  « J’étais très conscient de ne jamais faire une imitation. Dans ma tête, il n’y a qu’un seul Freddie Mercury, pour capter le mieux possible qui il était, je partais de son intériorité parce qu’elle reflétait son audace sur scène », ajoute l’acteur, « Dans les moments les plus puissants, je trouvais cette force en moi, finalement, pour être aussi honnête que possible. Je voulais éviter la caricature, il avait des dents incroyables, des vêtements incroyables, il était incroyable, j’ai passé des heures à essayer des costumes, du maquillage, je pensais à lui en train de se préparer, et ça m’a beaucoup aidé à me mettre dans sa peau ».

« Je n’avais jamais pensé que je ressemblais à Brian May », confie ensuite Gwilym Lee, qui incarne le guitariste de Queen. Mais avec une touffe de cheveux frisés sur le crâne, ça le fait. « La première fois que Brian May m’a vu avec la perruque, le maquillage, le costume, il y a eu un moment assez surréaliste, il voyait une version plus jeune de lui-même, comme un voyage à travers le temps », se souvient le comédien, « C’était formidable de l’avoir sur le tournage, d’avoir son expertise musicale et d’avoir la chance de comprendre grâce à lui un peu de l’âme, de l’essence de Queen. Brian voulait qu’on raconte précisément l’histoire de la création de We will rock you ; il avait vu le potentiel d’énergie du public et voulait l’impliquer, créer ce lien unique avec le public ».

« Quand on grandit en Angleterre, Queen était partout, à la radio, à la télé, dans les stades, dans les bars…», dit Gwilym Lee, qui évoque la conception du formidable titre baroque’n roll « Bohemian Rhapsody » : « Il fallait du culot pour faire ce titre de six minutes avec une partie opératique, une partie rock, ce titre symbolise toute l’audace de Queen ».

« Bohemian Rhapsody », le film, est tout autant baroque’n roll, pop,  kitsch, et euphorisant comme un bon vieux tube. The show must go on !

Patrick TARDIT

« Bohemian Rhapsody », un film de Bryan Singer, avec Rami Malek (sortie le 31 octobre).

Une longue séquence du film reconstitue le formidable concert donné par Queen, lors du Live Aid à Londres, en juillet 1985.
Une longue séquence du film reconstitue le formidable concert donné par Queen, lors du Live Aid à Londres, en juillet 1985.
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