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Grégory : les gendarmes accusent Laroche

Les enquêteurs ont désormais la certitude que l’oncle du petit Grégory Villemin a enlevé l’enfant en présence de Murielle Bolle et qu’une seconde équipe l’a tué.

Portrait-robot du suspect diffusé en 1984
Portrait-robot du suspect diffusé en 1984

« Nous pouvons affirmer que Bernard Laroche est l’auteur de l’enlèvement de Grégory. » Voilà ce qu’écrivent les gendarmes chargés de l’enquête sur le petit Grégory Villemin dans un rapport de 48 pages daté du 10 mai 2017 dont le JDD  a pris connaissance.
Pour parvenir à cette affirmation péremptoire, les experts du département ‘’sciences de l’analyse criminelle’’ de la gendarmerie nationale ont procédé à de nouveaux recoupements et exhumé de nouveaux témoignages dans ce dossier vieux de 33 ans.
En effet, c’est le 16 octobre 1984 vers 17 h 30 que Grégory Villemin, âgé de 4 ans, a été enlevé devant le domicile de ses parents à Lépanges-sur-Vologne (Vosges). Le corps du petit garçon a été retrouvé quelques heures plus tard, pieds et poings liés, dans les eaux noires de la Vologne.

Accusé, libéré, abattu

Murielle Bolle est restée sur ses positions ((Ina.fr_))
Murielle Bolle est restée sur ses positions (Ina.fr_)

L’enquête menée alors par le juge Lambert avait tourné à la confusion. Bernard Laroche, l’oncle de l’enfant, a été suspecté d’être l’auteur de l’assassinat. Il a été inculpé (comme on disait à l’époque) et écroué après les révélations de sa belle-sœur, Murielle Bolle, alors âgée de 15 ans, affirmant à trois reprises, devant les gendarmes puis devant le juge, qu’elle était présente dans la voiture de Laroche quand celui-ci a enlevé Grégory.
Mais Murielle Bolle est revenue sur ses aveux. Bernard Laroche a été libéré faute d’éléments à charge. Il a été abattu par Jean-Marie Villemin, le père du petit Grégory.

Deux équipes

L’enquête s’est donc enlisée pendant trois décennies. Le dossier a été rouvert en 2008 par la juge Barbier de Dijon. Les nouveaux enquêteurs ont donc repris l’ensemble du dossier avec les moyens modernes de l’investigation et le concours de logiciels efficace.
En suivant la piste des corbeaux de la Vologne, et celle du « deuxième bâtard », ils ont rapidement acquis la conviction qu’il n’y avait pas une seule équipe impliquée dans ce drame, comme les gendarmes le pensaient en 1984, mais deux. Deux équipes parfaitement coordonnées.
Plusieurs témoignages nouveaux les ont renforcés dans leurs convictions. Comme celui de cet homme qui affirme avoir aperçu Bernard Laroche avec une jeune fille aux cheveux roux près du domicile des Villemin le jour du drame. S’il n’avait rien dit jusqu’alors, c’est pour ne pas révéler une relation extraconjugale.

Le petit Grégory Villemin (capture CreepyNews)
Le petit Grégory Villemin (capture CreepyNews)

Ainsi, à la mi-juin 2017, l’enquête fut relancée de façon spectaculaire avec l’arrestation de Marcel et Jacqueline Jacob, 70 ans, grand-oncle et grand-tante de Grégory. Jusqu’ici, ils n’avaient jamais été inquiétés. Désormais ils sont soupçonnés d’être les fameux corbeaux si bien renseignés sur les Villemin. Ils ont été mis en examen pour « enlèvement et séquestration suivis de mort ». Placé sous mandat de dépôt, le couple a été libéré et mis sous contrôle judiciaire strict quelques semaines plus tard.

Dans le mensonge

Quant à Murielle Bolle, âgée aujourd’hui de 48 ans, les enquêteurs sont convaincus qu’elle a bien dit la vérité en 1984. Avant de se rétracter. Depuis 33 ans, les gendarmes sont persuadés qu’elle s’est murée dans le mensonge.
Murielle Bolle a été mise en examen le 29 juin 2017 pour « enlèvement suivi de mort » et placée en détention provisoire. Depuis elle a été libérée et mise sous contrôle judiciaire dans un village de la Nièvre.
L’enquête sur la mort de Grégory le 16 octobre 1984 semble avoir enfin identifié les protagonistes de ce drame vieux de 33 ans. Pourtant, les preuves matérielles manquent, les aveux font défaut, les témoignages restent incertains.
Que vaudra cette nouvelle lecture du dossier devant une juridiction de jugement ? L’un des avocats de la défense, Me Gérard Welzer, parle d’une « construction intellectuelle ».

Marcel GAY

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