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La menace du terrorisme low-tech

Mark Briskey, Curtin University

Capture.JPGnice Al Jazeera (capture écran)
Le terrorisme low-tech (Al-Jazeera, capture d’écran)

La nouvelle attaque terroriste dont a été victime la France, en pleine célébration du 14-Juillet, montre à quel point l’usage d’un outil très familier, icône de notre quotidien, peut causer une véritable tragédie. Si des explosifs et des grenades ont été retrouvés à bord du véhicule de l’attaquant, c’est bien la conduite à toute allure de son camion lancé dans la foule sur la Promenade des Anglais qui a provoqué des dizaines de morts.

L’usage de véhicules dans l’intention de provoquer la mort ne date pas d’hier. L’attaque au camion menée par Timothy McVeigh en avril 1995 fit ainsi 168 victimes à Oklahoma City aux États-Unis. Il y a juste quelques semaines de cela, un véhicule bourré d’explosifs tua plus de 200 civils irakiens – et en blessa des centaines d’autres – venus faire leurs courses de préparatifs de l’Aïd el-Fitr à Bagdad.

Tous les moyens de transports ont déjà été utilisés de la sorte : voitures, camions, motos, vélos, et même bien avant cela, des attelages tirés par des chevaux. Ce type d’attaques ont été menées contre des gouvernements ou des populations civiles du Sri Lanka au Royaume-Uni.

Comment protéger les populations ?

Ce qui est préoccupant avec ce nouvel attentat perpétré à Nice, c’est cet usage terriblement efficace et meurtrier d’un instrument low-tech de notre société moderne. Si cette attaque a été planifiée pour répondre aux recommandations de l’État islamique de frapper l’Occident avec tout ce qui est à portée de main, alors cet événement aura des répercussions inédites en matière de protection des espaces publics.

En 2014, on se rappelle qu’un individu radicalisé roula volontairement sur deux soldats canadiens, en tuant un. Il faut désormais s’inquiéter du terrorisme low-tech.

Les risques liés à une conduite irresponsable et dangereuse sont répandus dans nos sociétés. C’est d’ailleurs l’utilisation volontaire et planifiée de véhicules pour tuer et mutiler des individus qui a conduit à créer des espaces de sécurité pour les passants dans les zones piétonnes et le long des avenues commerçantes. On se souvient à ce propos, qu’en 1983, Douglas Crabbe lança son 20 tonnes dans un bar très fréquenté du nord de l’Australie, tuant 5 personnes et en blessant sérieusement 16 autres.

Les plots et autres structures inamovibles qui protègent les entrées des centres commerciaux, des immeubles officiels et même les alentours des terrasses de cafés font aujourd’hui partie intégrante du paysage urbain.

Ce qui est essentiel ici – et qui concerne tout autant les menaces portées par des moyens high-tech –, c’est que les pouvoirs publics et les services de renseignement puissent être alertés des projets de ces individus… même si la surveillance ne pourra jamais être efficace à 100 %.

Les véhicules à moteur font partie intégrante de notre quotidien et il est tout à fait plausible que d’autres individus cherchent à reproduire ce type d’attaques. De la même manière, il faut envisager que des personnes radicalisées optent désormais pour cette option low-tech dans l’optique de préparer des actions dans leur propre pays. L’attentat de Nice aura sans aucun doute des conséquences sur la manière d’agencer les espaces destinés à accueillir les festivités et le public.

The Conversation

Mark Briskey, Senior Lecturer, National Security and International Relations, Curtin University

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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